DRUMMONDVILLE. On estime à 700 000 le nombre de Québécois souffrant d’apnée du sommeil. Au moment du diagnostic, plusieurs ont du mal à accepter ce trouble et s’en font une honte. En sa qualité de présidente d’Apnée du sommeil Centre-du-Québec, Lyne Payeur tente de dédramatiser la situation et d’accompagner les personnes apnéiques, entre autres, par des rencontres d’échanges et des séances de "rigolothérapie".
Il existe beaucoup d’idées préconçues, surtout celles reliées au masque.
«Lorsque j’ai reçu le diagnostic il y a 15 ans, c’est comme si j’avais reçu une brique sur la tête. C’est honteux, car tu penses que c’est écrit dans ta face que tu portes un masque. Moi, ça m’a pris cinq ans à l’accepter», affirme Mme Payeur, également fondatrice de l’organisme.
L’apnée du sommeil est un trouble qui se caractérise par des interruptions de la respiration pendant le sommeil. Les arrêts sont causés par un affaissement des voies aériennes. Tout être humain a des interruptions durant la nuit, la normale étant de zéro à cinq par heure. Au-delà de ça, il est important de consulter.
«Dans le quotidien, tu n’es plus capable de fonctionner, tout est lourd. Dans mon cas, j’étais tellement fatiguée que je ne parvenais plus à me concentrer à mon travail et pour mes passe-temps. J’ai dû quitter mon emploi et aussi arrêter de conduire, car ça venait dangereux pour ma vie et celle des autres», explique-t-elle, précisant que les symptômes peuvent s’apparenter à ceux d’une dépression.
L’appareil de ventilation à pression positive continue, auquel est relié le masque, est alors fortement suggéré après le diagnostic.
«Notre association, qui compte aujourd’hui 118 membres, soutiennent les personnes dans leurs démarches de diagnostic ou d’acquisition d’appareil ainsi que celles diagnostiquées. Nous tentons, entre autres, de leur faire comprendre la nécessité d’avoir un tel appareil», indique la présidente.
Mieux vaut en rire
Comme ce trouble ne se guérit pas, mais peut être contrôlé, il est plus qu’avantageux pour le bien-être de la personne apnéique, selon Mme Payeur, d’accepter de dormir avec un tel appareil qui permet de stabiliser l’humeur et d’avoir un sommeil réparateur.
«Notre rôle est aussi d’être là pour aider les membres à accepter le masque sans honte. Les séances de "rigolothérapie" et les rencontres sont de bons moyens pour y parvenir. Il faut en rire, sinon on va être malheureux», souligne-t-elle.
Comme l’humour est une bonne façon de dédramatiser, Mme Payeur et une vingtaine de membres ont été voir le spectacle d’Emmanuel Bilodeau lors de son récent passage à Drummondville, lui qui fait un numéro sur l’apnée du sommeil.
«Nous avons ri beaucoup et nous pouvions facilement nous reconnaître dans ce numéro. C’est vraiment véridique ce qu’il raconte. Ça fait du bien de rire de ça et de voir que nous ne sommes pas seuls», expose-t-elle.
Conscient que l’apnée du sommeil est remplie encore aujourd’hui de préjugés, l’humoriste a voulu dédramatiser à sa façon.
«Ce numéro suscite beaucoup de réactions. En réalité, l’apnée du sommeil n’est pas un si gros problème. Les gens ont honte d’en parler, car la machine n’est pas très sexy, pourtant, ça change la vie. Depuis que je dors avec cet appareil, je suis super en forme chaque matin. Le sommeil, c’est primordial et c’est la première chose qu’il faut vérifier», a-t-il soutenu.
Signes et symptômes
Les deux principaux symptômes sont la fatigue et la somnolence pendant le jour, et ce, sans explication et le ronflement et des interruptions de la respiration pendant le sommeil.
Pression artérielle élevée, irritabilité, étouffement ou suffocation pendant le sommeil, fatigue intense, déprime, difficulté à se concentrer, mal de tête le matin, problèmes de mémoire et trous de mémoire sont d’autres signes et symptômes.