DRUMMONDVILLE. Des travailleurs de la santé pauvrement vêtus ont manifesté vendredi dernier, près du Centre Frederick-George-Heriot, pour dénoncer la fusion des centres de santé et de services sociaux (CSSS) à la faveur d’une mégastructure régionale, les mesures d’austérité du gouvernement et son manque de respect dans les négociations pour le renouvellement de la convention collective.
L’activité de visibilité, organisée par le Syndicat de la santé et des services sociaux – Drummond et la Fédération de la santé et des services sociaux Cœur-du-Québec (FSSS-CSN), mettait en scène des personnes très modestement vêtues pour illustrer les dangers d’appauvrissement de la région à cause des mesures d’austérité du gouvernement Couillard et ses offres méprisantes à la table de négociation.
«La thématique des vieux vêtements usés est lourde de sens; c’est un message clair qu’on lance au gouvernement. Si M. Couillard poursuit dans la même veine, c’est ce qui guette plusieurs d’entre nous, qui n’aurons pas les moyens de porter les mêmes beaux costumes que les élus du parti libéral», a déploré Claude Audy, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux Cœur-du-Québec (FSSS-CSN), ajoutant que «les travailleurs du secteur public sont loin d’être gras dur avec un salaire moyen de 32 000 $».
«On nous prive de notre CSSS en plus d’hypothéquer sérieusement la classe moyenne et les plus démunis avec des mesures d’austérité absurdes. Jusqu’où va-t-on aller pour atteindre le déficit zéro? Qui va encore payer pour ça? La population, selon moi. Il n’est pas question qu’on se laisse faire même si ce gouvernement tente de mettre à genou ses employés avec des offres de 3 % sur cinq ans», a pour sa part martelé Marisol Girardot, présidente du Syndicat de la santé et des services sociaux – Drummond.
Rappelons que la Loi 10, qui est entrée en vigueur le 1er avril, engendre la fusion de 11 CSSS de la région, dont celui de Drummond, en créant une nouvelle structure qui couvre toute la Mauricie et le Centre-du-Québec, soit le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux Mauricie et du Centre-du-Québec (CIUSSSMCQ).
D’autres solutions
Selon Renée Levasseur, vice-présidente au Conseil central Cœur-du-Québec de la CSN, la situation budgétaire du Québec est loin d’être aussi pire que l’on croit et qu’il existe d’autres solutions pour réduire le fardeau de la dette.
«L’austérité n’est pas une solution! Le gouvernement nous dirige droit vers un mur appelé déficit social. Aucune étude sérieuse n’est venue à ce jour démontrer l’existence du déficit structurel au Québec. Ils essaient de nous faire croire qu’il y a un déficit. Pourtant, la situation budgétaire n’est pas désastreuse. Si on la compare avec le PIB, la situation d’aujourd’hui est meilleure qu’il y a cinq ans. De fait, en 2009-2010, le déficit du PIB était de 1,5 % et aujourd’hui, il est de 0,62 %. Où est l’urgence? Il y a d’autres solutions pour récupérer des sous, par exemple la suspension temporaire du Fonds des générations et un meilleur encadrement des paradis fiscaux. Il n’y a pas d’urgence à atteindre le déficit zéro», a-t-elle précisé.