DRUMMONDVILLE. Le service des P’tites boîtes à lunch de la Tablée populaire a réussi à effacer l’image de l’enfant qui arrive le matin à l’école sans avoir rien à manger durant sa journée, mais voilà, ça ne suffit plus, les demandes sont en forte augmentation cette année et un cri à l’aide est lancé à la population drummondvilloise.
François Beaudoin, président du conseil d’administration de la Fondation de la Tablée populaire, Roland Janelle, président d’honneur de la campagne de financement, et Nathalie Guindon, directrice générale de la Tablée, ont révélé que la hausse des demandes est de 20 % pour l’année scolaire 2014-2015. «On n’arrivera pas à satisfaire à toutes les demandes d’ici la fin de l’année scolaire avec notre budget actuel et un déficit devra être envisagé si rien n’est fait pour redresser la situation», ont-ils précisé, soulignant que ce n’est plus 160 mais dorénavant 180 jeunes élèves du primaire qui s’attendent, chaque midi, à trouver un repas équilibré dans leur boîte à lunch qu’ils ont apporté vide le matin.
«Il y a 15 ans, je ne le croyais pas quand j’ai appris que 4,2 % des enfants ne mangeaient pas à leur faim au Québec. J’ai fait des vérifications et c’est là que j’ai su que des enfants défavorisés se présentaient à l’école avec une boîte à lunch ne contenant qu’une pomme ou une tranche de pain beurrée. Et ce phénomène ne fait qu’empirer», d’affirmer François Beaudoin qui est présent depuis la création du service des P’tites boîtes à lunch.
Une note encourageante, la machine est maintenant bien huilée : la nourriture, préparée la veille, est réfrigérée avant d’être divisée en sacs individuels qui sont ensuite placés dans des bacs identifiés au nom de chacune des 27 des écoles où ils seront transportés par camion. Dans chaque école, une personne responsable veille à remplir les petites boîtes à lunch avant l’heure du midi. «C’est toujours frais. Le repas est équilibré. Rien n’est perdu de ce que nous recevons chaque jour de Costco, de Loblaw et des autres grandes surfaces qui nous envoient leur surplus», tient à faire savoir Hélène Laroche, coordonnatrice des approvisionnements et des livraisons, bien connue pour avoir été l’adjointe de l’ex-mairesse Francine Ruest Jutras à l’hôtel de ville.
Éric Blanchette : un cuisinier hors pair
Les gens de la Tablée ne sont pas peu fiers du cuisinier Éric Blanchette. «Éric est extraordinaire. Il est très créatif. On ne sait trop comment il fait, mais il peut au simple coup d’œil savoir ce qu’il va cuisiner des jours d’avance. Ses plats sont toujours très bons et très beaux. Il pourrait travailler n’importe où ailleurs, avec un meilleur salaire, mais c’est ici qu’il veut œuvrer», a raconté Mme Guindon. Il faut savoir ici que, pour les élèves qui sont à l’extérieur de Drummondville, les repas sont emballés sous vide et sont livrés une fois par semaine. C’est dire à quel point Éric Blanchette doit être prévoyant et inventif.
Fait à noter, personne ne sait à la Tablée à qui sont servis les repas. «On ne connait pas les enfants et on ne connait pas les parents et c’est très bien comme ça. Ce sont les responsables du service de garde dans les écoles qui sont généralement les premiers à remarquer que tel ou tel élève n’a rien ou presque à manger. Les profs peuvent le voir facilement aussi. C’est la direction d’école qui, après en avoir parlé avec les parents concernés, nous avise qu’un enfant doit s’ajouter sur notre liste. Mais, de plus en plus, on voit que c’est la maman qui fait la demande directement. Moi, en 15 ans, je n’ai jamais vu une telle hausse dans les demandes», a confié M. Beaudoin.
Nathalie Guindon a mentionné que «la somme demandée pour parrainer un enfant, soit 500 dollars, est la même que lors de la création du service il y a plus de 10 ans, alors que le coût de la vie n’a cessé d’augmenter depuis». La directrice a expliqué que «la direction a dû se résoudre à augmenter le parrainage pour le faire passer de 500 à 750 dollars». On compte actuellement 82 donateurs qui assument entièrement les frais liés à ce service.
Et cela est sans compter la belle initiative des employés de Rembec qui ont donné de leur temps pour installer un système de réfrigération dans le camion de livraison, une affaire de 20 000 dollars.
«La quête pour augmenter le financement est une tâche ardue, mais ce n’est pas le premier appel au dépassement auquel nous devons répondre», a pour sa part confié Roland Janelle.