DRUMMONDVILLE. Guy Richard a été déclaré coupable de délit de fuite causant la mort de Pierrik Houle par le juge Erick Vanchestein, cet après-midi au palais de justice de Drummondville, mais il a été acquitté de l’accusation de conduite avec facultés affaiblies ayant causé sa mort.
«Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir», a cité le juge pour résumer le comportement de l’accusé le soir du 21 décembre 2012, après avoir frappé mortellement le jeune joggeur de 19 ans, en bordure de la rue Principale à Sainte-Perpétue.
Guy Richard s’expose à une peine pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité.
Dans sa décision, qu’il a lue durant environ 75 minutes en présence de quelques membres de la famille de la victime, le juge Vanchestein a parlé d’aveuglement volontaire et d’ignorance volontaire pour qualifier les agissements de Guy Richard, à la suite de l’impact.
Essentiellement, selon le juge, l’accusé, qui s’est arrêté neuf secondes plus loin, ne s’est pas donné la peine de retourner sur le lieu de l’impact et n’a pas effectué une recherche sérieuse, prétendant qu’un bloc de glace se serait détaché du toit d’une maison pour endommager son véhicule. Aucune maison n’est pourtant située près du lieu d’impact. Le miroir coté passager était arraché et le pare-brise, percé, auraient dû alerter le conducteur qu’il pouvait avoir frappé un être humain.
De plus, le juge a retenu comme étant inconcevable que l’accusé n’ait pas cherché à évaluer sérieusement les dommages, une fois de retour chez lui, sachant, au surplus, qu’il aurait à payer pour les réparations étant donné que les assurances n’allaient pas payer pour ce type de dommages. On sait que Guy Richard a laissé son véhicule chez lui, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, pour prendre le pick-up de la compagnie et retourner à Sainte-Perpétue, non pas pour vérifier le lieu de l’accident mais pour aller s’enivrer au bar Le Rebel, où il avait commencé à boire au milieu de l’après-midi.
Guy Richard a prétendu qu’il avait perdu son attention durant cinq secondes pour prendre une boisson gazeuse se trouvant sur le siège passager. L’impact a duré une demi-seconde. Pierrik Houle portait des bandes réfléchissantes sur son manteau, ce qui lui aurait permis d’être visible plusieurs dizaines de mètres avant d’être heurté.
Même s’il est apparu évident que l’accusé avait consommé plusieurs bières avant l’accident, le juge a estimé que les facultés affaiblies ne pouvaient être, hors de tout doute raisonnable, directement reliées à la responsabilité de l’accident. L’accusé est responsable, mais pas au sens criminel de la loi, selon l’interprétation du magistrat.
Visiblement ébranlé, le père de la victime, Yvon Houle, appelé à commenter par les journalistes, a simplement dit qu’il était satisfait que l’accusé «ne s’en tire pas avec rien». Le commentaire livré par Me Vicky Smith, procureure de la Couronne, était de même nature. «Je respecte le jugement et j’en suis satisfaite. Le crime de délit de fuite causant la mort est aussi grave que celui de conduite avec facultés affaiblies causant la mort». De son côté, l’avocat de la défense Me Jasmin Laperle ne pouvait se prononcer sur l’éventualité d’aller en appel. «Nous étudierons tous les scénarios», s’est-il limité à dire.
Guy Richard devra revenir devant la Cour le 5 mai, à 14 heures, alors que sera fixée une date pour les représentations sur sentence. Un rapport présentenciel a été demandé.