DRUMMONDVILLE. Ça travaille fort dans l’ancien local du restaurant Le Thaï, dans la côte de la rue Heriot, qui deviendra bientôt le resto-pub Le Gibier, spécialisé dans la viande d’élevage comme le sanglier, le bison et autres wapitis.
Le cuisinier Gabriel Larivière manipule pour le moment le marteau et le tournevis, mais il a hâte de s’en remettre à ses spatules et ses marmites pour offrir ce que, dit-il, personne d’autre n’offre à Drummondville. Roxanne Giard, la proprio, et des collaborateurs mettent aussi la main à la pâte pour finaliser le décor qui aura définitivement une touche rustique si l’on en juge par le bois provenant d’une grange qu’il a démolie.
Donc de la viande sauvage? «Non, c’est de la viande d’élevage», corrige aussitôt Gabriel Larivière en précisant qu’il est interdit de proposer dans les restaurants au Québec de la viande sauvage, sauf dans le cas d’un projet-pilote. «Je sais que les restaurants ne manquent pas dans le secteur, mais notre offre sera différente des autres. Le sanglier, le bison, le wapiti et le cerf rouge sont toutes des viandes d’ici que nous avons oubliées avec le temps. Je crois que les gens en général, peut-être davantage les jeunes, sont plus intéressés qu’avant à goûter, à faire des découvertes de goût. Ils ont moins peur. Il y a dix ans, je n’aurais pas pris un tel risque», admet le jeune homme d’affaires qui entend également cuisiner des viandes comme le canard, le lapin, le bœuf et le poulet.
Et puis, l’investissement ne sera pas si énorme. «Nous avons acheté le fonds de commerce du resto Le Thaï et les travaux de rénovation ne devraient pas trop dépasser les 20 000 dollars», a-t-il souligné.
Le resto-pub Le Gibier proposera des bières des microbrasseries dont celle du Bockale qui fabriquera la sienne à Drummondville. Ce sera ouvert jusqu’à trois heures du matin. Et, bien sûr, il y aura cinq écrans de télé, histoire de ne rien manquer des Canadiens dans les séries.
Un projet-pilote pour proposer du gibier sauvage
Le gouvernement du Québec a annoncé l’an dernier la mise sur pied d’un projet-pilote autorisant quelques restaurateurs à proposer du gibier sauvage à leurs clients, expliquait un article de TC Media.
Les chefs Normand Laprise et Martin Picard, instigateurs principaux du projet, qui militent pour pouvoir mettre des produits de la chasse au menu de leurs restaurants depuis plusieurs années déjà, ont convaincu le gouvernement des avantages de valoriser les viandes sauvages du Québec. «Le but, c’est d’exploiter cette ressource extraordinaire que l’on possède au lieu de la gaspiller puisque présentement, sur les 25 000 bêtes qui sont tuées chaque année, il y en a peut-être 70% qui s’en vont dans les poubelles», déplore Normand Laprise, du Toqué.
«On en a souvent parlé entre chefs et jamais on aurait pensé voir ça de notre vivant», admet Martin Picard, chef-propriétaire du Pied de cochon. La première phase du projet sera toutefois limitée à certains établissements et sera de courte durée, soit grosso modo durant la période automnale de la chasse.