DRUMMONDVILLE. Une pétition, qui a été mise en circulation pour revendiquer l’implantation d’un point de service de sage-femme à Drummondville, a récolté au-delà de 400 signatures, à l’heure où le ministre Gaétan Barrette, dans son projet de loi 10, a choisi d’exclure les conseils des sages-femmes des conseils d’administration des futurs CISSS.
Chaque année, plusieurs clients de la Maison de Naissance de la Rivière de Nicolet proviennent de la région de Drummondville alors que les résidents de Victoriaville et de Trois-Rivières ont accès à des points de service.
«Les familles drummondvilloises ont droit elles aussi à une meilleure accessibilité aux services. Actuellement, elles doivent effectuer une 1 h 30 de transport afin de rencontrer leur sage-femme et cela pour chacun des rendez-vous. C’est une véritable contrainte et injustice par rapport aux autres citoyens de la région Mauricie-Centre-du-Québec», laisse entendre Katia Petitclerc, initiatrice du Comité pour un service de sages-femmes à Drummondville et accompagnante à la naissance.
Politique de périnatalité
Depuis la politique de périnatalité 2008-2018, peu de choses ont bougé et l’urgence d’agir se fait sentir plus que jamais, selon Mme Petitclerc.
L’une des orientations de la politique stipule qu’il faut «assurer aux femmes qui le désirent l’accès aux services d’une sage-femme pour leur suivi de grossesse et leur permettre d’accoucher en milieu hospitalier, dans une maison de naissance ou à domicile».
«L’année 2018 approche et on est bien loin de l’objectif. Devant cette réalité, j’ai décidé de lancer cette pétition, en collaboration avec le Groupe Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et pour l’accouchement naturel (MAMAN) et le comité formé de trois autres femmes», indique-t-elle, en ajoutant que les demandes pour avoir accès à une sage-femme augmentent constamment.
Pour le moment, le comité souhaite avant tout de prendre le pouls de la population pour connaître ses besoins et l’avis des familles sur le lieu où pourrait être situé le point de service tout en faisant la promotion de la profession de sage-femme et des services.
«Les familles souhaitent-elles mieux avoir un point de service au CLSC ou bien elles préfèrent sortir du cadre hospitalier et se rendre dans un autre endroit? Ce sont quelques exemples de questions sur lesquelles le comité veut se pencher», précise Mme Petitclerc.
L’autre objectif est de s’asseoir très prochainement avec les instances concernées.
«On veut savoir qu’est-ce qui bloque dans ce dossier. À l’automne, on sentait une certaine ouverture et on était très optimistes. Évidemment, avec le projet de loi 10, tout le monde a de la broue dans le toupet et si on ne fait rien, on va se retrouver en bas de la liste. On va donc exiger une rencontre d’ici l’été avec la directrice du CSSS Bécancour-Nicolet-Yamaska qui est désignée dans ce dossier ou bien une autre personne si les CSSS sont abolis», fait-elle savoir avec détermination.
Des activités de mobilisation sont également prévues.
«On ira de l’avant en organisant une marche si rien n’avance. Notre objectif et de se faire voir et entendre!», affirme-t-elle.
Un recul inacceptable
Avec son projet de loi 10, le ministre Barrette fait subir à la profession de sage-femme un recul inacceptable qui aura des répercussions sur l’accès des femmes à leurs services, selon Lysane Grégoire, présidente du Groupe MAMAN.
«L’exclusion des sages-femmes aura comme conséquence de les isoler des lieux d’orientation et de planification stratégique. Elle viendra aussi alimenter la méconnaissance d’une grande partie de la population et des professionnels du réseau de la santé. Beaucoup de préjugés perdurent à leur égard et les bâillonner en diminuant leur présence dans le réseau de la santé contribuera à maintenir cette situation […] Nous sommes convaincues que l’exclusion de sages-femmes des CA des futurs CISSS va à l’encontre du développement de l’accès à ces services», soutient-elle.
Qu’est-ce qu’une sage-femme?
Professionnelle de la santé formée pour être entièrement responsable des soins et des services durant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale pour la mère et le nouveau-né. Elle effectue les examens cliniques nécessaires et peut prescrire les échographies, les tests de dépistage prénatal ainsi que différentes analyses de laboratoire.