DRUMMONDVILLE. Le maire Alexandre Cusson a parlé au téléphone durant une demi-heure (et non une heure tel que précédemment écrit, en raison d’un malentendu) mercredi avec le ministre de la Santé Gaétan Barrette dans le but de le convaincre d’insérer dans le projet de Loi 10 un Centre intégré de santé et de services sociaux propre au Centre-du-Québec.
«Je ne l’ai sans doute pas convaincu au cours de cette seule conversation, mais j’ai senti une certaine écoute. Il a semblé bien comprendre nos préoccupations. Au moins, les canaux sont ouverts», a indiqué Alexandre Cusson lors d’un entretien avec L’Express.
Le maire drummondvillois reconnaît qu’il n’a pas été élu pour gérer la santé, mais certainement, dit-il, pour voir au bien-être de la population. Il a fait part au ministre de ses craintes face à l’adoption de la Loi 10 qui prévoit l’abolition des CSSS, afin de créer une mégastructure qui sera gérée à partir de Trois-Rivières, faisant disparaître en grande partie le palier décisionnel local.
«Le Centre-du-Québec est presque aussi populeuse que la Mauricie et notre population connaît une croissance plus rapide. Il y a 17 régions administratives au Québec et seulement 16 régions socio-sanitaires. Nous n’avons pas à exister dans un rapport de grand-frère-petit-frère face à la Mauricie. Je ne sais pas ce que diraient mes collègues Yves Lévesque ou Bernard Sévigny si on leur apprenait que les affaires de santé de leur région seront gérées à Drummondville…
«J’ai indiqué au ministre que la mobilisation gagne ici, que des groupes communiquent de plus en plus avec nous et se demandent quelles garanties on peut avoir dans la nouvelle restructuration. Car pour monsieur et madame tout-le-monde, la question est de savoir s’ils pourront voir un médecin quand ils en auront besoin», a fait valoir le maire Cusson.
Celui-ci a aussi tenu à rappeler à son interlocuteur qu’il fut un temps, fin des années 70 début des années 80, où les gens n’étaient pas vraiment fiers de leur hôpital, les femmes préférant aller accoucher dans d’autres centres hospitaliers comme Saint-Hyacinthe. «J’ai une crainte qu’on assiste à un retour de cette mentalité. Quant à nos spécialistes, il y a lieu de s’interroger s’ils seront toujours intéressés à rester chez nous si les conditions changent. Ça c’est un risque réel».
Le premier magistrat se réjouit par ailleurs du courage dont ont fait preuve ceux qui ont réagi jusqu’à maintenant. «Les députés, le président (Michel Larrivée) du CSSS, dans la foulée du docteur Gilles Viens, n’ont pas eu peur de s’exprimer ou de se faire des ennemis. Le docteur Viens est un homme de confiance et il s’est prononcé avec conviction. Et à Victoriaville aussi, je peux dire que le maire Alain Rayes est un bon compagnon d’armes dans ce débat», a-t-il fait valoir.
Le maire n’achète pas non plus l’argument du campus universitaire pour démontrer un problème de cohérence, comme l’a fait le ministre Barrette. Dans une entrevue accordée à la collègue Hélène Ruel, à Victoriaville, le ministre de la Santé avait déclaré que les maires Cusson et Rayes s’adonnent à une bataille d’ordre administratif et à un jeu politique lorsqu’ils réclament un CISSS autonome pour le Centre-du-Québec. «Il y a un problème de cohérence dans leur bataille, eux qui critiquent le modèle actuel en santé, réclament l’autonomie administrative, mais se réjouissent d’avoir obtenu une faculté satellite de l’UQTR! C’est dommage, déplorable», avait affirmé le ministre.
Alexandre Cusson s’insurge. «Ce n’est pas du tout pareil. Le campus universitaire est pour nous un pas en avant. Ce qu’il nous demande de faire en santé, c’est un pas en arrière».
Par ailleurs, la MRC Drummond a adopté, mercredi soir, en assemblée régulière, une résolution qui précise que les maires sollicitent une rencontre avec le premier ministre Philippe Couillard, et ce dans le but de lui faire savoir qu’un CISSS est nécessaire au Centre-du-Québec. Une lettre sera donc envoyée sous peu au premier ministre du Québec.