DRUMMONDVILLE. Si Drummond perd le contrôle de ses services de santé comme le prévoit le projet de Loi 10 du ministre Gaétan Barrette, ce sera une catastrophe, annonce le conseiller municipal Pierre Levasseur, ex-directeur général de l’Hôpital Sainte-Croix, qui soumet que le temps est venu de réunir tous les intervenants afin de mettre au point une solution pour conserver «notre autonomie».
Se disant très inquiet des conséquences de la réforme Barrette qui vise, notamment, à abolir le CSSS Drummond au profit d’une plus grande dépendance de l’Agence de santé et services sociaux qui portera le nouveau nom de Centre intégré de santé et de services sociaux de la Mauricie/Centre-du-Québec, basé à Trois-Rivières, Pierre Levasseur n’a cessé de poursuivre ses recherches dans le but de connaître les tenants et les aboutissants du projet du gouvernement Couillard.
«Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que le ministre Barrette veut que le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR) se développe en cardiologie et, pour défendre cet investissement, ça prend du volume. Or, la Mauricie, avec sa population de 250 000 habitants, n’atteint pas la masse critique nécessaire de 500 000 personnes à desservir. Mais, avec la population de 230 000 citoyens du Centre-du-Québec, ça lui donne presque le total souhaité. C’est pour ça qu’il tient à réunir les deux régions pour n’en faire qu’une seule, pour ensuite s’assurer que les patients drummondvillois soient obligatoirement dirigés vers Trois-Rivières et non plus vers Sherbrooke».
Selon M. Levasseur, les gens en général ne sont pas conscients des effets désastreux qui découleront de l’adoption de la Loi 10. «On perdra le CSSS (Centre de santé et de services sociaux) et tout le contrôle sur les services qui lui sont assujettis (ou complémentaires), soit les services de longue durée, le Centre Jeunesse, le CLSC, les organismes communautaires et tout le côté social. Tout ça sera géré à partir de Trois-Rivières. Disparaîtra également le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) qui voit à la gestion des affaires d’ordre médical, ce qui est un organisme essentiel sur notre territoire. À la limite, certains de nos médecins pourraient se voir forcés d’être de garde à Trois-Rivières», avance-t-il. «Le discours du ministre Barrette plaît à la population, qui entend qu’il va mettre des boss dehors. Mais il y a beaucoup plus que ça».
L’ancien DG de l’Hôpital Sainte-Croix tient à préciser, par ailleurs, la nature des budgets qui sont consentis aux régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec. «Pour 2013-2014, la différence est de 300 millions de dollars en faveur de la Mauricie, où la population n’est pas tellement plus élevée qu’au Centre-du-Québec», comme il est indiqué plus haut.
Appuyant l’appel à la mobilisation du docteur Gilles Viens, président du CMDP de Drummond, Pierre Levasseur suggère que tous les intervenants régionaux concernés par la réforme Barrette se réunissent pour préparer un plan. «Il faut mettre au point une solution, peut-être quelque chose comme une structure avec une couleur particulière, qui servira à conserver notre autonomie, car c’est bien ça l’enjeu fondamental: conserver notre autonomie. Et en ce sens, la pression exercée par les médecins sera capitale. Ça ne servira à rien d’aller se déshabiller sur la 20 pour nous faire entendre», a-t-il dit en faisant référence aux manifestations de la fameuse campagne Urgence-Lit au siècle dernier.
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