VICTORIAVILLE. Aux yeux du ministre Gaétan Barrette, les maires Cusson et Rayes s’adonnent à une bataille d’ordre administratif et à un jeu politique lorsqu’ils réclament un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) autonome pour le Centre-du-Québec. «Il y a un problème de cohérence dans leur bataille, eux qui critiquent le modèle actuel en santé, réclament l’autonomie administrative, mais se réjouissent d’avoir obtenu une faculté satellite de l’UQTR! C’est dommage, déplorable.»
En entrevue au téléphone avec La Nouvelle Union, le ministre de la Santé et des Services sociaux décourage, pour ainsi dire, toute tentative de lui réclamer un CISSS propre au Centre-du-Québec.
«Pour moi, le dossier est pas mal clos», dit-il.
Le docteur Barrette rabat au niveau d’une «bataille des étiquettes» la revendication des maires de Drummondville et de Victoriaville d’obtenir un CISSS pour la région 17.
Les enjeux de la réforme qu’il propose se situent au-delà de l’administration soutient le ministre. «Ma responsabilité, c’est de m’assurer que du domicile jusqu’aux soins complexes, il y ait un continuum des services et cela pour l’ensemble de la population.»
Gaétan Barrette rappelle que si les services sociosanitaires ont pu se développer en Mauricie et au Centre-du-Québec c’est parce que, ensemble, les deux territoires disposaient de la masse critique.
«Quand j’étais jeune – il est originaire de La Tuque – il fallait aller loin pour obtenir des services. En créant la région – Mauricie-Bois-Francs à l’époque – on a créé un nouveau pôle de développement. Sans cette intégration, il faudrait encore sortir de la région pour de la chirurgie vasculaire, de la neurologie, de l’oncologie, de la cardiologie tertiaire. Aujourd’hui, des oncologues, des microbiologiques, des néphrologues peuvent se rendre à Drummondville, à Trois-Rivières et à Victoriaville.»
Il ajoute que la santé ne figure pas dans le champ de compétences des municipalités. «C’est ma responsabilité!», répète-t-il.
Signalant qu’il a l’impression que les maires Cusson et Rayes «ne comprennent pas le passé», il dit que dans la région Mauricie-Centre-du-Québec l’«intégration» est presque faite et qu’il n’a pas l’intention de la défaire. «J’en appelle à la raison. L’intégration chez vous est déjà très avancée.»
Aux arguments énoncés par les maires et par la députée Sylvie Roy voulant que le Centre-du-Québec soit «pénalisé» parce que sous la juridiction d’un seul CISSS pour les deux régions administratives, le ministre rétorque qu’il s’agit là d’une manière de faire peur à la population. «L’Halloween, c’est le 31 octobre au soir! De faire peur au monde, ça c’est de la politique.»
Le ministre ajoute que lorsqu’on lui a présenté cet argument d’un Centre-du-Québec «pénalisé», il a demandé des exemples. «On ne m’en a donné qu’un – sur la répartition des effectifs médicaux – et après vérifications, on s’est aperçu que c’était faux, qu’on n’avait pas attribué plus d’effectifs en Mauricie qu’au Centre-du-Québec. Pourquoi je permettrais des iniquités?»
Gaétan Barrette se demande pourquoi on craint que le Centre-du-Québec soit «pénalisé». «Il y a croissance au Centre-du-Québec; il y aura forcément accroissement des ressources.»
Il rappelle que l’objectif d’un CISSS, imputable de ses gestes et de ses décisions, consiste à offrir des services à toute une population et cela équitablement.
Il prédit que les hôpitaux centricois vont se développer. «Mais ne me demandez pas un centre de transplantation cardiaque à Arthabaska!», prévient-il.
Se trouvant à Montréal au moment de l’entretien, il ne pouvait situer à quel moment il pourrait donner son feu vert aux travaux d’agrandissement de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Les projets ne sont ni abandonnés ni gelés, a-t-il répondu, mais il y a ralentissement dans la séquence de décaissement des subventions pour les années 2015 et 2016.