DRUMMONDVILLE. Le portrait de la criminalité dans la MRC Drummond, tel qu’il se présente dans les statistiques obtenues de Statistique Canada, n’étonne pas outre-mesure Benoit Richard, analyste et porte-parole de la Sûreté du Québec.
«Il faut d’abord faire attention pour ne pas faire dire aux chiffres des généralités prises dans leur sens large, surtout quand il est question de criminalité. Dans la MRC Drummond il y a une ville centre qui n’a pas la même population la nuit que le jour, alors que des gens viennent de l’extérieur le jour pour travailler, pour magasiner ou pour se faire soigner», met en perspective l’analyste de la SQ.
Selon lui, il convient de bien faire la différence entre la criminalité dite ponctuelle et la criminalité chronique. «Les vols de véhicules ont été inscrits longtemps dans la criminalité chronique, mais des efforts ont été faits sur plusieurs plans pour faire diminuer leur nombre. Le travail policier a permis de procéder à l’arrestation de nombreux voleurs. Il faut ajouter à cela que les stationnements des centres commerciaux sont mieux éclairés et que les constructeurs automobiles ont mis au point des systèmes d’alarme plus sophistiqués. Les gens ont été plus sensibilisés, ont fait davantage attention et les vols ont diminué».
En se basant sur le taux de criminalité par 100 000 habitants, Benoit Richard fait ressortir que la statistique de 53,62 crimes par 100 000 habitants en 2008 a connu une baisse jusqu’à 46,83 crimes par 100 000 habitants en 2013. «Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs mais il est un fait certain que s’il y a plus d’emplois disponibles sur un territoire donné, que ce soit dans la MRC Drummond ou dans une autre, on va remarquer une baisse dans le taux de criminalité. On le voit aussi par groupes d’âges; bien évidemment les personnes de 85 ans et plus seront moins enclins à poser des actes criminels.
Selon lui, un autre élément à prendre en compte est la collaboration des comités de sécurité au sein des municipalités. À la Sûreté du Québec, nous faisons une analyse à chaque trimestre de la situation et on constate une amélioration lorsque ces comités travaillent étroitement avec les policiers. Ce n’est pas qu’on fait diminuer les crimes graves, mais on va faire un suivi quand il y a par exemple des jeunes qui font du bruit tard le soir dans un parc. Ce genre d’événement a un potentiel de devenir plus sérieux et nous faisons là un travail de prévention».
Benoit Richard cite, dans le même ordre d’idées, le harcèlement criminel. «Les chiffres montrent qu’il y a augmentation, mais, en partie grâce aux médias, les victimes sont plus sensibilisées et n’hésitent plus à porter plainte. Il ne faut donc pas se surprendre de voir davantage de dénonciations. L’affaire Nathalie Simard a été un fait marquant en ce sens-là. C’est un peu la même chose avec la cybercriminalité. Aujourd’hui, les jeunes s’échangent des photos par téléphones intelligents, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans. À la Sûreté du Québec, nous avons formé près de 400 enquêteurs maintenant capables de travailler dans cette nouvelle sphère qu’est la cybercriminalité».
Pour la production de cannabis, un type de crimes où la MRC Drummond se classe troisième en chiffres absolus au Québec, pour une moyenne de 112 infractions par année, le porte-parole policier avance que c’est la preuve que les enquêteurs font leur travail. «Le programme Cisaille a été revu et amélioré en 2014 (pour devenir Cisaille 2.0) et cela a donné des résultats concluants dès cette année. On vient de le constater de façon spectaculaire dans la région de Drummondville», a-t-il rappelé.
En effet, la semaine dernière une opération policière majeure, impliquant la SQ, la GRC, Hydro-Québec et Revenu Québec, a permis de saisir plus de 2000 plants de cannabis, plus de 1 kg de cocaïne et d’autres substances illicites. Neuf personnes, soit six hommes et trois femmes âgés entre 23 et 53 ans, ont été arrêtées dans le cadre de cette opération nommée Médiateur.
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