DRUMMONDVILLE–C’est à son titre de curateur public du Québec que Normand Jutras, l’ex-député de Drummond et ex-ministre de la Sécurité publique et, par la suite, de la Justice, a rencontré les représentants des médias, le jeudi 4 décembre dernier, au Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot (CHFGH), pour parler de la mission de l’organisme dont il est responsable depuis presque deux ans.
M. Jutras a également profité de son passage dans son patelin, comme il le fait partout dans ses tournées à travers le Québec, pour rencontrer des personnes inaptes qui résident dans des établissements de Drummondville dont, bien sûr, au CHFGH.
Il a également échangé avec des intervenants du CSSS Drummond dont son directeur général, Yves Martin, pour recueillir leurs attentes quant aux situations engageant le curateur public et ses représentants.
1909 personnes dans la région
Le travail de curateur public du Québec n’en est pas un de tout repos car, comme l’a indiqué Normand Jutras, il doit en quelque sorte agir en bon père de famille auprès de 42 465 Québécois adultes et jeunes qui bénéficient de mesures de protection, dont un peu plus de 13 300 personnes déclarées inaptes à s’occuper d’elles-mêmes ou de leurs biens par un tribunal québécois et qui sont sous régime public.
«Mon rôle est de veiller à la protection de ces personnes dont je suis responsable, de protéger leurs droits et de voir à l’administration de leur patrimoine. Cela représente tout un défi au quotidien», reconnaît le curateur, qui peut compter sur le support de 635 employés dont 122 curateurs délégués.
Pour notre territoire qui regroupe les CSSS du Centre-du-Québec et de l’Énergie, ce sont 1909 personnes dont 446 mineurs qui ont droit à différentes mesures de protection offertes principalement par le bureau de Victoriaville du curateur public, l’un des 11 points de service répartis sur le territoire québécois.
Incidemment, deux membres de cette équipe, Jessie Myrand, curatrice déléguée, et Carmen Laquerre, conseillère aux opérations, accompagnaient le curateur public du Québec à la table principale pour le bon déroulement de cette conférence.
Pour compléter davantage le portrait de la clientèle de notre territoire, mentionnons que 35% des 1463 adultes qui sont ainsi sous protection dépendent du régime public, c’est-à-dire que c’est le curateur public qui s’en occupe.
«Dans le cas de 65% des autres personnes, on dit qu’elles bénéficient d’une mesure privée, car un proche veille sur elles», a expliqué l’ex-ministre, tout en précisant que 642 adultes avaient pris la précaution de signer un mandat en cas d’inaptitude.
Il va sans dire que le curateur public a tenu à encourager les gens de tous les âges à se procurer une copie de ce mandat et à le signer car nul ne connaît son destin.
Par exemple, il faut savoir que 14% des causes d’inaptitude dans la région des CSSS du Centre-du-Québec et de l’Énergie pour les régimes publics résultent de traumatismes crâniens.
Bien sûr, a fait savoir M. Jutras, la déficience intellectuelle est la principale cause d’inaptitude, avec 52% des cas dans la région, suivie de la maladie mentale, avec 27%, alors que 7% sont d’autres causes.
Pour en revenir au mandat en cas d’inaptitude, le curateur public a indiqué qu’il est de plus en plus un outil utilisé par les Québécois, alors que 36% d’entre eux l’ont signé, ce qui représente 12 255 personnes qui sont sous mesure de protection en vertu d’un tel mandat.
«Le mandat, c’est tout simplement un écrit dans lequel une personne désigne en toute lucidité une personne pour s’occuper d’elle et gérer ses biens dans l’éventualité où elle deviendrait inapte. L’avantage, bien sûr, vient du fait que c’est la personne qui fait le mandat qui prend la décision plutôt que laisser cette importante décision à d’autres, alors que cette décision pourrait en être une qu’elle n’aurait pas voulue», a résumé Normand Jutras en invitant monsieur ou madame tout-le-monde à se rendre sur le site www.curateur.gouv.qc.ca pour se procurer une copie et prendre connaissance des modalités.
Portefeuille de 400 millions $
Si le Curateur public du Québec a été créé en 1945 et qu’il fêtera donc ses 70 ans en 2015, l’importance des patrimoines qu’il a à gérer n’a cessé de croître, augmentant de 40% juste au cours des cinq dernières années.
Au dire de M. Jutras, le vieillissement de la population n’est pas étranger à cette situation, puisqu’on y retrouve plus de gens atteints de maladies dégénératives.
Pour donner une meilleure idée de l’importance du travail à accomplir, le Curateur public doit voir au bon soin d’un portefeuille global de 400 millions comprenant 450 immeubles dont, pour en illustrer la diversité, une ferme et un chenil.
S’il y a 20 ans, la clientèle du Curateur public était constitué principalement de personnes âgées qui touchaient un chèque de pension de vieillesse ou de la sécurité du revenu, force est de constater que ce n’est plus la situation, bien que 75% des adultes sous régime de protection public ont un patrimoine de moins de 10 000 $.
Mais peu importe la raison pour laquelle une personne relève du Curateur public ou peu importe l’importance de son patrimoine, Normand Jutras conclut qu’il veille avec la même attention sur chacune des personnes lui étant confié, comme un bon père de famille le ferait.
Quelques statistiques en vrac
–Des 42 465 Québécois et Québécoises sur lesquels veille le Curateur public, 13 337 sont sous régime public, 17 511 sont sous régime privé et 12 255 sont sous des mandats homologués (mesures de protection). –Au Québec, des personnes inaptes sous la responsabilité du Curateur public, 41% sont des déficients intellectuels, 31% ont des problèmes de santé mentale, 19% ont des maladies génératives et 9% sont le fruit de traumatismes crâniens et autres. –Le Curateur public dispose d’un budget de 55 millions $. Parmi ses 635 employés dont 122 curateurs délégués, on retrouve des travailleurs sociaux, des avocats, des comptables, des médecins, et autres. Ses principaux collaborateurs sont les familles et les proches, le réseau de la santé et des services sociaux, les ministères et organismes gouvernementaux, sans oublier les organismes communautaires.