VICTORIAVILLE. Comme elle s’y était engagée à la dernière audience, Stéphanie Beaudoin, celle que plusieurs ont surnommé «la voleuse sexy» ou encore «la voleuse au petit chien», a reconnu sa culpabilité, mardi après-midi, à plus d’une quarantaine de chefs d’accusation, dont 39 pour des introductions par effraction et des vols qui totalisent, estime-t-on, environ 86 000 $. Des dommages de quelque 5600 $ ont aussi été causés aux propriétés.
Pendant près d’une quarantaine de minutes, le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec a fait la lecture détaillée des chefs d’accusation pour lesquelles la jeune femme a enregistré «librement et volontairement» un plaidoyer de culpabilité.
Les crimes reprochés à l’accusée se sont échelonnés entre le 21 juin et le 5 août.
Dans un bref exposé des faits, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Anthony Cotnoir, a indiqué que Stéphanie Beaudoin utilisait toujours la même façon de faire. «Elle commettait de jour les introductions par effraction et les vols. Elle s’introduisait dans les résidences par les fenêtres du sous-sol ou par les portes arrière pour dérober de l’argent et des bijoux», a précisé le représentant de la poursuite.
À chaque fois, l’accusée obtenait la collaboration d’un ou deux complices, mais trois personnes, tous des mineurs âgés de 11, 13 et 17 ans, auraient été impliquées.
Parmi les 46 chefs d’accusation, 39 concernent des introductions par effraction avec vol ou avec l’intention d’en commettre un. Dans certains cas, aucun vol n’a été constaté.
Le bilan fait état de 13 introductions par effraction dans des résidences de Victoriaville, 10 dans des résidences de Plessisville, 9 autres résidences du côté de Saint-Norbert-d’Arthabaska, 4 à Saint-Ferdinand et 3 autres à Saint-Valère.
Stéphanie Beaudoin a aussi plaidé coupable à des accusations de complot en vue de commettre les introductions par effraction et de possession d’outils de cambriolage.
Elle a également reconnu sa culpabilité à cinq accusations reliées à des armes et des munitions, à savoir de possession de deux carabines et d’un fusil de chasse sans détenir les permis et certificats d’enregistrement requis et de transport illégal d’armes et de munitions.
«Une perquisition dans sa voiture lors de son arrestation a permis de découvrir trois armes à feu volées à Saint-Norbert-d’Arthabaska, de même que des outils de cambriolage et une somme de 7000 $ en argent», a indiqué Me Cotnoir de la poursuite.
Les débuts
L’enquête policière entourant toute cette affaire a débuté en juin, a fait savoir le représentant du ministère public. «Les policiers ont entrepris une enquête en raison d’une série de vols dans les MRC d’Arthabaska et de L’Érable», a-t-il noté.
Puis, le 25 juillet, un citoyen a aperçu deux individus qui effectuaient du repérage dans un quartier. De là, un véhicule suspect, celui de Stéphanie Beaudoin, a été identifié.
«Le 5 août, une opération de surveillance a été effectuée par les policiers qui ont aperçu l’accusée sortir d’une résidence du rang 4 à Saint-Norbert-d’Arthabaska. Par la suite, les agents l’ont vue transvider du matériel à sa résidence. Elle a ensuite été arrêtée peu après avec un complice de 13 ans», a souligné Me Cotnoir.
À la suite de l’arrestation, des perquisitions ont été effectuées au domicile de l’accusée, au domicile de son conjoint ainsi que chez son père. Ces perquisitions ont mené à la saisie de marchandises, bijoux, argent, téléviseur et objet décoratif, notamment.
«L’accusée a offert une bonne collaboration aux policiers», a confié le procureur de la poursuite.
Me Cotnoir a fait valoir au juge Langelier qu’il souhaitait la confection d’un rapport présentenciel. «Puisqu’elle est sans antécédent judiciaire, et vu la nature des crimes qui peuvent lui valoir l’emprisonnement à perpétuité, nous voulons un rapport pour connaître davantage qui elle est et ce qui l’a poussée à agir ainsi», a-t-il dit.
Ainsi, les parties se retrouveront, de nouveau, le 23 juin.
Elle veut réparer ses torts
La reconnaissance des faits ne constitue pas une surprise, a rappelé l’avocat de l’accusé, Me Denis Lavigne. «Elle a toujours eu l’intention de plaider coupable, a-t-il signalé. Mais puisqu’on retrouvait de nombreux chefs d’accusation, il fallait effectuer les vérifications. Et justement certains d’entre eux ont été retirés.»
Interrogé sur l’état d’esprit de sa cliente, le criminaliste a fait savoir que Stéphanie Beaudoin se trouvait dans un état de réparation. «Elle est dans un état de réparation et de prise en charge d’elle-même. Elle rencontre un psychologue puisque les faits sont survenus dans une période très courte de dépression. Maintenant, elle veut une réparation à ce qu’elle a fait», a précisé Me Lavigne.
Stéphanie Beaudoin envisage ainsi de dédommager financièrement ses victimes. «Elle souhaite leur offrir une compensation monétaire avec ce qu’elle peut gagner et l’aide de ses parents, a indiqué l’avocat. Il y a une forte probabilité d’offrir un montant substantiel à titre de réparation aux victimes. Elle se dit prête à offrir quelques dizaines de milliers de dollars.»
Cette compensation monétaire, reconnaît Me Lavigne, constitue un des arguments pour tenter d’éviter l’emprisonnement à sa cliente. «C’est un argument fort en sa faveur, mais son principal avantage demeure le fait qu’elle soit sans antécédent judiciaire. Et il s’agit d’une aventure qui s’est déroulée sur une courte période», a-t-il souligné.
Quant au rapport présentenciel, il permettra, selon Me Lavigne, d’en apprendre davantage sur ce qui a amené Stéphanie Beaudoin à commettre ces délits. «Le rapport expliquera plus les motifs qui l’ont menée à une étourderie semblable. Quant à elle, c’est déjà dans sa tête chose du passé et une chose qu’elle ne refera jamais.»
Pas de prison dans la collectivité
En raison d’une modification de la loi relativement aux introductions par effraction, une personne reconnue coupable ne peut plus bénéficier d’un emprisonnement dans la communauté.
«Mais d’autres options demeurent, a fait valoir Me Denis Lavigne, comme un sursis de sentence, des dons à des organismes, des travaux communautaires, une peine de prison discontinue et autres avenues.»
Reste que Stéphanie Beaudoin pourrait aussi écoper d’une peine ferme d’emprisonnement. «Mais il s’agit d’un cas assez particulier, a insisté Me Lavigne. Nous allons tout faire pour tenter de trouver une solution alternative à l’emprisonnement.»
Une carrière de modèle, et de nombreuses offres
L’avocat de Stéphanie Beaudoin a tenu aussi à rappeler que sa cliente, avant ses démêlés avec la justice, avait une carrière de modèle.
«Elle avait déjà commencé depuis plusieurs années, a confié Me Lavigne. Elle est aujourd’hui très sollicitée, dans plusieurs pays, en raison de la médiatisation de l’affaire, notamment de l’Europe, Paris Match, le Figaro, entre autres. Mais pas question pour elle de profiter de cette publicité émanant de ses frasques, de ses actes criminels. Pour le moment, tout est refusé jusqu’à ce que la cause se règle. Elle ne veut pas profiter de ses actes criminels pour se créer de l’avenir.»