VICTORIAVILLE. De plus en plus, les producteurs agricoles font face à un inquiétant problème : les animaux sauvages qui viennent gruger leurs récoltes. «On voit de plus en plus de bestioles sur nos terres. Dans certains secteurs, c’en est affolant», affirme Jean-Luc Leclair, président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, qui a soulevé la problématique en conférence de presse, mardi, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle.
Chevreuils, oies, bernaches envahissent les champs, mais de nouveaux visiteurs s’invitent maintenant. «Les dindons sauvages font leur apparition. Ça aussi, ça mange, ça dévore», fait remarquer M. Leclair qui insiste sur l’importance du problème.
En Abitibi, souligne le président de l’Union des producteurs agricoles du Québec, Marcel Groleau, une autre espèce s’est amenée, la grue. «Des troupeaux de grues dévorent 100% des récoltes d’orge», raconte-t-il.
Le président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec, Jean-Luc Leclair, raconte le cas d’un producteur de soya qui a vu le tiers de son champ bouffé par les chevreuils. «Et il faut plus que le tiers sur un acre pour obtenir un profit», note-t-il.
Les producteurs agricoles n’ont rien contre ces animaux. «Nous sommes prêts à les protéger, souligne Jean-Luc Leclair, mais comment nous remercie-t-on pour le rôle qu’on joue? Nous n’avons pratiquement pas le droit d’intervenir pour limiter les dommages.»
Et le programme d’assurance récolte ne couvre pas les premiers 20% de pertes. «Ces premiers 20%, ce sont bien souvent nos profits, soutient le président Leclair. On comprend la population d’aimer les animaux, comme les oies. Mais c’est notre gagne-pain qui part, qui se retrouve dans la bouche de ces animaux.»
«On subit les dommages, renchérit Daniel Habel, vice-président de la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec. Après le passage des animaux, les producteurs doivent réensemencer les champs, ce qui entraîne des coûts faramineux, en plus des retards. Cela se traduit par des pertes de rendement et ils n’obtiennent pas pleine compensation pour le travail effectué en double.»
Des solutions?
Certaines régions peuvent bénéficier d’un programme d’effarouchement. Mais l’UPA a constaté que cette mesure ne règle pas le problème.
«On ne fait que déplacer le problème d’un producteur à l’autre. On répartit les pertes. Cette bonne intention se traduit par de mauvais résultats», constate Daniel Habel.
«On fait faire aux oies du tourisme régional», ajoute Jean-Luc Leclair en parlant de l’effarouchement.
Selon lui, le plein dédommagement des pertes encourues par les producteurs constitue la solution.
«L’assurance récolte devrait couvrir 100% des pertes. C’est correct de vouloir protéger les animaux, mais les producteurs n’ont pas à en subir les effets», abonde le président de l’UPA, Marcel Groleau.
Les producteurs observent aussi que l’absence de prédateurs, loups et coyotes, entre autres, permet la prolifération d’autres espèces.
La réintroduction de prédateurs pourrait représenter une piste de solution, a-t-on soulevé, sachant qu’une telle mesure, toutefois, peut ne pas plaire à tous et causer certains ennuis.