DRUMMONDVILLE. Les compressions des quatre dernières années au Cégep de Drummondville pourraient atteindre 1 254 000 $ avec la dernière coupe annoncée par le gouvernement.
Ces compressions, en particulier la dernière, inquiètent au plus haut point la directrice générale du Cégep de Drummondville, Brigitte Bourdages. Alors que le budget vient à peine d’être adopté, le gouvernement retirera entre 180 000 $ et 240 000 $ de ses coffres en guise de «mesure d’austérité».
Au niveau provincial, ce sont entre 14 et 19 millions qui seront coupés dans les coffres des établissements collégiaux. Le montant final dépendra des «fonds de tiroirs» que réussira à gratter le gouvernement, en collaboration avec les établissements, pour minimiser l’impact, explique Mme Bourdages. Celle-ci souligne que pour la première fois, 48 directeurs généraux de collèges québécois, avec la Fédération des cégeps, se sont réunis pour décrier les coupures.
Brigitte Bourdages déplore que le gouvernement procède à de telles coupes alors que rien ne laissait présager de celles-ci. «Ce sont des compressions non annoncées et non prévues», s’insurge-t-elle.
L’année financière des collèges débute le 1er juillet et se termine le 30 juin. Le budget pour l’année en cours a été adopté il y a un mois et demi. Si les compressions avaient été annoncées avant que les prévisions financières soient ficelées, le Cégep aurait pris des décisions différentes et n’aurait pas procédé à de nouvelles embauches.
«Il y a un mois et demi, avant qu’on adopte les budgets, ils auraient pu nous le dire», se désole-t-elle.
En mai, d’autres compressions, d’environ 200 000 $ celles-là, avaient été imposées pour le présent exercice. Les coupures pour l’année en cours pourraient donc atteindre 440 000 $.
Brigitte Bourdages affirme que l’établissement conservera toutes ses ressources humaines jusqu’à ce qu’il n’en n’ait plus la capacité. Les révisions budgétaires devraient lui permettre de tenir le coup pour la prochaine année, mais rien n’est gagné pour la suivante.
Le budget annuel de fonctionnement du Cégep est de 27 millions $. Si d’autres coupures sont faites, les gestionnaires devront prendre des décisions qui pourraient avoir des répercussions sur les services aux étudiants. Mme Bourdages explique que le collège n’a pas de contrôle sur plusieurs éléments du budget, dont la masse salariale, le chauffage et les frais de scolarité. «À un moment donné, c’est sûr que le goulot d’étranglement est assez serré.»
Brigitte Bourdages doit gérer des compressions budgétaires depuis qu’elle est entrée en poste, il y a quatre ans, alors que lors des années précédant son arrivée, il est était plutôt question d’investissements. Et le futur ne s’annonce pas pour être plus rose.
Si le projet de loi 15 qui porte sur la gestion et le contrôle des effectifs des ministères, des organismes et des réseaux du secteur public est adopté, le Cégep se retrouvera dans une situation délicate. Il devra, comme les autres établissements publics, avoir le même nombre d’employés que sur leur «photo» des ressources humaines de mars 2014. Pas un de plus, alors que quatre personnes ont été embauchées depuis. Si la population étudiante continue d’augmenter et que des professeurs supplémentaires doivent être embauchés, des postes de soutien pourraient disparaître.
Reddition de comptes
Brigitte Bourdages croit que la reddition de comptes devrait être plus souple, ce qui permettrait au collège d’économiser des sommes considérables. Elle explique qu’un employé est embauché à temps complet pour remplir les exigences du gouvernement en la matière; poste qui pourrait être remplacé par une autre ressource dédiée aux étudiants.
Elle dénonce que le niveau de reddition soit le même que celui des grands chantiers routiers et du système de santé. «Les travaux qu’on fait dans les cégeps n’ont rien à voir avec les chantiers routiers, compare-t-elle. C’est une pression énorme pour une petite équipe comme nous.»
La Commission d’évaluation de l’enseignement collégial est l’instance qui surveille les établissements publics. Elle s’assure notamment de la conformité des contrats octroyés.
«On n’est pas contre, mais c’est l’ampleur du travail qui nous est demandé qui est trop grande (…) Entre garder les sous et avoir du personnel pour donner des services à nos étudiants et répondre à un questionnaire, mon cœur ne balance pas trop fort», illustre-t-elle.