DRUMMONDVILLE. Décidément, l’usine flambant neuve de BRL en aura fait voir de toutes les couleurs depuis janvier dernier. Depuis son inauguration effectuée en grandes pompes dans le parc industriel de Drummondville, la compagnie de Yan Traversy et Marc Joyal a fait faillite, licencié ses employés et fermé ses portes le 19 juin. Mais voilà que survient une nouvelle aussi joyeuse qu’inattendue.
René Levasseur, l’un des fondateurs de Structure BRL, son fils Marcel et son frère Norbert ont en effet décidé de relancer les opérations de l’entreprise. Ils ont déposé au séquestre, qui représente les créanciers, une offre qui a été acceptée, de sorte que l’usine de la rue Bergeron, bâtie au coût de cinq millions $ et d’une superficie de 48 000 pieds carrés, est appelée à reprendre du service progressivement à compter du mois de janvier pour atteindre un roulement avec une trentaine d’employés au cours de l’été 2015.
C’est du moins le plan que s’est donné Marcel Levasseur, président de la compagnie nouvellement constituée Structure BRL. «Après les événements qui nous ont tous attristés, nous avons cette bonne nouvelle à communiquer. Nous avons, depuis septembre, entamé des négociations avec le séquestre et il y a eu entente pour l’ensemble des actifs, y compris l’usine de Saint-Germain, que nous mettrons en vente sous peu. On ne se bousculait pas aux portes, les offres provenant surtout de gens d’affaires qui voulaient faire des achats partiels», a révélé Marcel Levasseur lors d’un entretien avec L’Express.
Il ne fait aucun doute que la présence de René Levasseur aura de quoi rassurer les fournisseurs et partenaires qui seront sollicités. «Au début, mon père a dit non. Je l’ai laissé réfléchir et il a finalement accepté de sortir de sa retraite, à l’âge de 65 ans», a relaté le jeune président. «J’ai réalisé que les astres étaient bien alignés. J’aurai le rôle de superviseur. Les produits seront de même qualité qu’avant et ce seront sans doute les mêmes employés qui vont opérer la même machinerie. Tout est neuf dans cette usine», a confié René Levasseur, qui avait fondé l’entreprise familiale en 1986.
Afin d’instaurer une certaine continuité, les Levasseur ont fait appel à Yan Traversy, l’un des ex-administrateurs, qui a accepté d’être embauché à titre de contrôleur. «J’ai toujours dit que j’allais tout faire pour relancer l’entreprise. Ce qui a mené à la faillite est en grande partie dû à deux événements importants qui sont arrivés en même temps ; d’abord un dépassement de coût d’environ un million de dollars dans la construction de l’usine et l’abandon d’un sous-traitant à Rouyn-Noranda qui a eu pour conséquence de faire exploser les prix. Dans ce dernier cas, on a perdu 1,1 million $. En ce qui concerne le dépassement de coût de l’usine, ce n’était pas une mauvaise dépense comme telle, mais plutôt un dépassement d’investissement», de faire valoir Yan Traversy.
Celui-ci a confirmé que la rumeur voulant que le carnet de commandes était rempli pour une durée de trois mois était fondée. «L’entreprise allait bien avant. Nous étions dans le top 5 des meilleurs fabricants et installateurs d’acier au Québec».
Le défi des nouveaux dirigeants sera d’abord de rétablir la confiance, qui sera le mot-clé dans toutes les démarches qui seront dorénavant entreprises, notamment des soumissions et autres demandes de sous-traitance.
Le prix négocié avec le séquestre reste bien sûr confidentiel. Mais, comme l’avait fait observer Michel Lavoie (syndic), de la société Raymond Chabot, lors de l’assemblée des créanciers le 26 septembre dernier, ce ne pouvait pas être une mauvaise affaire. «Un nouvel administrateur aurait l’avantage d’acquérir des actifs à prix moindre, de repartir l’entreprise sans ses dettes, avec une main-d’œuvre qualifiée disponible sur le champ, dans un marché attrayant, compte tenu des clients possibles».