DRUMMONDVILLE. Le milieu communautaire est très inquiet face aux mesures d’austérité du gouvernement libéral et les moyens pour le dire ne sont pas toujours à la hauteur des impacts majeurs appréhendés.
Lundi, des représentants d’organismes reconnus ici pour leur travail d’aide et d’entraide, tels que Habit-Action, le Comptoir alimentaire, la Tablée populaire, la Piaule, Ensoleilvent, ont manifesté pour dénoncer le manque à gagner de 225 millions $, qui s’inscrit dans les mesures d’austérité du gouvernement Couillard. Ces organismes, comme plusieurs autres à travers le Québec, ont fermé d’une façon symbolique dans le cadre de leur action «225 minutes pour 225 millions/Fermés pour cause d’austérité».
Le Parti Québécois avait accepté d’injecter une somme de 120 millions de dollars échelonnés sur trois ans, mais les libéraux, élus le printemps dernier, ont annulé cette décision.
«Couper dans les services publics, ça veut dire quoi? Ça veut dire que les gens vont rebondir dans les organismes communautaires, mais là, il y aura encore moins d’argent dans le communautaire pour s’en occuper alors qu’ils seront de plus en plus nombreux à être vulnérables», expose Danielle Gauthier, directrice de Habit-Action.
«Il y a Centraide qui aide les organismes communautaires, mais même Centraide a peine à y arriver. Les répercussions vont se faire sentir à tous les niveaux, certains organismes pourraient même fermer leurs portes», avance-t-elle, se faisant l’écho de la déclaration des OCASSS (organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux) qui entendent utiliser de multiples moyens pour faire entendre leurs revendications, incluant des fermetures, rassemblements et visites de députés.
Les OCASSS affirment qu’il «est injuste que les pauvres s’appauvrissent davantage, que le gouvernement désagrège les services publics et qu’ils ne pourront continuer d’être là lorsque la population en a besoin». Selon eux, un rehaussement de 225 millions par année pour leur mission est nécessaire et ils revendiquent un véritable programme national de financement.
Le directeur général de la Corporation du développement communautaire (CDC), Sylvain Saint-Onge, dénonce quant à lui l’incertitude qui plane au-dessus des services de santé et des organismes qui en dépendent. «On est dans le vague. Des gens qui travaillent dans le milieu de la santé et des services sociaux ont peur pour leur emploi et c’est bien normal dans les circonstances. Le gouvernement frappe partout et il ne parle à personne. On se demande ce que l’Agence (de santé et de services sociaux) va faire, surtout que les boss seront à Trois-Rivières», de relater Sylvain Saint-Onge, en faisant référence à l’abolition prochaine du CSSS Drummond.
«Nous, à la CDC, nous regroupons 68 organismes membres et nous avons la chance d’être aussi soutenue par la Ville de Drummondville, mais si le CSSS nous coupe son financement, il y aura des choix douloureux à faire l’année prochaine. Des rumeurs veulent que les coupures seront de l’ordre de 10 %. Oui, la CDC est très inquiète de ce qui adviendra de son soutien financier et de sa capacité d’agir. Certains vont dénoncer ces coupures haut et fort alors que d’autres vont se dire : je vais fermer ma gueule et prendre ce qu’ils me donnent».