DRUMMONDVILLE. La MRC de Drummond envisage de mettre sur pied une table de réflexion ayant pour objectif de statuer sur le sort de la Forêt Drummond et, dans les divers scénarios qui devront être étudiés, celui de la création d’une fiducie foncière sera à considérer sérieusement.
Au moment où les trois municipalités concernées par la Forêt Drummond, c’est-à-dire Drummondville, Saint-Majorique et Saint-Bonaventure, viennent de se faire offrir par Hydro-Québec la possibilité d’acheter 1900 hectares (19 km carrés) et de faire connaître leurs intentions avant le 28 mars 2015, les milieux politiques, socio-récréatifs et environnementaux de la région sont unanimes, d’une part, à vouloir conserver le caractère naturel de ce territoire et, d’autre part, à préparer un plan d’acquisition.
Rappelons ici que la Forêt Drummond est bien plus grande que les 1900 hectares dont veut se départir Hydro-Québec. En fait, elle comprend 2835 hectares dont 548 sont du domaine privé. La partie appartenant présentement à Hydro-Québec est égale à 72 % de sa superficie (2053 hectares) et une autre partie, soit 28 % du territoire, est la propriété du ministère Forêt, Faune et Parcs (anciennement les Richesses naturelles), représentant une superficie de 543 hectares. À cela s’ajoute le secteur de La Plaine, propriété de la municipalité de Saint-Majorique, équivalent à 235 hectares.
À la MRC de Drummond, la directrice générale Christine Labelle nous apprend qu’une table de discussions, réunissant les principaux partenaires concernés par la Forêt Drummond, sera mise sur pied prochainement. «Nous avons fait une demande de subvention à la CRÉ (Conférence régionale des Élus) pour nous aider à financer notre démarche et nous sommes en attente d’une réponse que nous souhaitons positive. On veut dans un premier temps rencontrer les intervenants, tels que Réseaux Plein Air Drummond, des gens du milieu environnemental et évidemment des élus des municipalités concernées. On veut réenclencher le travail qui a été fait il y a 10 ans», a indiqué Mme Labelle. À la CRÉ, on attend les directives de Québec pour savoir s’il est possible d’accorder cette subvention, d’environ 60 000 $, à la MRC.
Pour la petite histoire, il y a une dizaine d’années, le ministère des Richesses naturelles avait négocié un bon moment avec la MRC de Drummond pour céder pour presque rien ses terres non-inondables de la Forêt Drummond, mais, devant les exigences élevées et le peu de souplesse sur le plan administratif, la MRC avait décliné l’offre. Ce que, au contraire, avait accepté Saint-Majorique pour le territoire connu aujourd’hui sous le nom de La Plaine, qui est maintenant sa propriété et pour lequel elle n’a plus les moyens de l’entretenir.
À Drummondville, le maire Alexandre Cusson, toujours décidé à exercer un leadership dans ce dossier, a réuni mardi matin les gens de l’appareil municipal concernés par le sujet. «Avant de m’avancer auprès de différentes instances, je veux connaître l’opinion de nos services à l’interne», a indiqué M. Cusson.
Une fiducie foncière
La possibilité de faire de la Forêt Drummond un parc régional a été soulevée dernièrement, mais un autre scénario commence à faire son chemin et c’est celui d’une fiducie foncière.
Dans une étude exhaustive réalisée en 2009 par le CÉREF (Centre d’Éducation et de Recherche sur l’Eau et la Forêt), un organisme composé notamment de Jean-Paul Raîche (COGESAF), Camille Desmarais (PROFORMEN), Pablo Desfossés (GARAF) et Pierre Levasseur (conseiller municipal), plusieurs modes de gestion de la Forêt Drummond avaient été recommandés, dont celle-ci:
«Une fiducie foncière est une société à but non lucratif dont la mission première est la conservation de territoires naturels au bénéfice des générations futures. Elle réalise cet objectif soit en procédant à l’acquisition de terrains (achat ou donation) ou encore en négociant des ententes de conservation avec des propriétaires terriens. La mise en place d’une fiducie foncière procède de la volonté des habitants d’une même région de se donner les outils nécessaires pour gérer leur environnement selon leurs convictions».
C’est Camille Desmarais qui a poussé cette idée. Selon lui, la mission principale d’une fiducie foncière est la conservation intégrale à perpétuité de sites naturels. «Une telle fiducie est en mesure d’accepter des dons et peut émettre des reçus d’impôt équivalent à 50 % de la valeur de la propriété cédée par son propriétaire. Des entreprises, comme par exemple Cascades, peuvent en faire partie, au même titre que des municipalités. Elle s’autofinance avec des levées de fonds servant à l’acquisition, l’entretien et l’amélioration des sites à conserver. Elle offre beaucoup plus de souplesse qu’un parc régional. Elle mise sur le bénévolat aussi bien pour son administration que sur les travaux d’entretien et d’amélioration des sites», de faire valoir M. Desmarais.
Ce mode de gestion (land trust) est en croissance aux États-Unis où l’on en dénombre plus de 1700, dont 130 ont une accréditation nationale. Le phénomène est également perceptible en Angleterre, en Australie, en Belgique, au Kenya et en Nouvelle-Zélande.