CENTRE-DU-QUÉBEC. «Pour moi, il est temps qu’on reconnaisse notre région et qu’on nous accorde, comme à toutes les régions administratives, un centre intégré de santé et de services sociaux propre et autonome au Centre-du-Québec», a laissé tomber le maire Alexandre Cusson appelé à commenter la réforme Barrette. Ses propos résument d’ailleurs une pensée que d’autres intervenants partagent.
«La région du Centre-du-Québec est celle qui a le plus à perdre. La brique s’en vient et on va l’avoir en plein front», lance pour sa part Pierre Levasseur, ancien directeur général de l’Hôpital Sainte-Croix.
Dans le projet de loi 10, le ministre de la Santé prévoit que les CSSS du Centre-du-Québec seront intégrés avec ceux de la Mauricie dans une même structure régionale. Cela s’explique par le fait que le Centre-du-Québec est une région administrative, mais qu’elle n’ait jamais été reconnue comme région sociosanitaire à part entière.
La situation du Centre-du-Québec est unique. Elle est la seule région administrative qui n’aura pas son propre CISSS. La région du Nord-du-Québec n’en aura pas non plus, mais comptera la Régie régionale du Nunavik et le Centre régional de la Baie-James. À Montréal, la situation est tout autre puisqu’elle comptera cinq CISSS, et ce, bien qu’elle ne représente qu’une seule région sociosanitaire.
Pierre Levasseur souligne que si le ministre traite Montréal différemment en lui accordant cinq CISSS, il ne verrait pas pourquoi le Centre-du-Québec ne serait pas reconnu à juste titre.
Pierre Levasseur fait remarquer que la population du Centre-du-Québec (240 000) est pourtant comparable à celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean (266 000). Elle est aussi plus populeuse que le Bas-Saint-Laurent (201 000).
Selon le Collège des médecins, la Mauricie compte un médecin de famille pour 862 habitants alors que le Centre-du-Québec en compte un pour 1078 habitants. «C’est bien beau de relever de Trois-Rivières, mais Trois-Rivières ne s’occupe pas trop du Centre-du-Québec», commente-t-il.
Le Centre-du-Québec est la région qui présente le quatrième ratio le plus faible en termes de médecins de famille, après l’Outaouais, Laval et Lanaudière. «Ça vous donne un peu l’impact de ne pas être une région sociosanitaire.» À ce sujet, le Collège des médecins se base sur les régions administratives pour établir la répartition des médecins et non des régions sociosanitaires.
L’ancien directeur général de l’Hôpital Sainte-Croix estime que la compétition politique entre Drummondville et Victoriaville a toujours nui dans le passé au développement de la région. «Pendant que les deux villes se battaient dans le passé, les autres régions en profitaient.»
«Cette compétition est moins présente avec les deux nouveaux maires. Je pense que de ce côté-là, il y a de l’espoir», indique-t-il quant à la possibilité que la région soit éventuellement reconnue comme région sociosanitaire.
Le maire Cusson a indiqué à L’Express que des démarches sont en cours en vue d’obtenir des rencontres avec le gouvernement. Ceci étant dit, il a souligné qu’il n’a pas l’intention de négocier via les médias. Il a par ailleurs confirmé que lui et son homologue de Victoriaville, Alain Rayes, discutent des possibilités de faire reconnaître la région à part entière.
«On n’est plus à l’heure des guerres de clocher. À l’heure de la mondialisation, se chicaner avec son voisin le plus proche, ce n’est pas intelligent», a laissé tomber M. Cusson en rappelant que l’objectif n’est pas de créer des structures et d’avoir des employés de bureau, mais de s’assurer que la population aura des services.
Diane Drouin
«Depuis que la région 17 a été mise en place (en juillet 1997), autant au niveau de l’éducation que de la santé, on a toujours réclamé d’avoir les mêmes avantages que les autres, a indiqué une ancienne présidente du conseil d’administration du CSSS Drummond, Diane Drouin. On a prouvé qu’on est capable de gérer notre région nous-mêmes. On n’a pas à dépendre toujours de Trois-Rivières. Cela a longtemps été mon point de vue et ça le demeure encore.»
L’Estrie lorgne le CSSS Drummond
En audition de la Commission de la santé et des services sociaux à Québec, le doyen de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke a soulevé l’option que le territoire du CSSS Drummond et celui du CSSS d’Atthabaska soient rattachés au CISSS de l’Estrie. Il a expliqué que plusieurs patients de la région se font déjà traiter à Sherbrooke, en particulier pour des soins spécialisés. «Si quelqu’un fait un infarctus à Drummondville, il se fait dilater l’artère coronaire à Sherbrooke», a-t-il donné en exemple.
Alexandre Cusson a échangé sur cette possibilité avec Dr Cossette. «Je ne prends pas position là-dessus pour le moment, mais Dr Cossette considère que c’est un corridor plus naturel.»
Le CSSS se prononce sur le sujet. Texte à lire ici.
Grosse perte de pouvoirs en vue pour Drummond. Texte à lire ici.
Population du Centre-du-Québec en 2013 : 239 245
Population de la Mauricie en 2013 : 266 542
Population des deux régions : 505 787 Cela fait d’elle la quatrième région sociosanitaire la plus populeuse.
