QUÉBEC. Au Québec, aucune loi n’encadre la façon de disposer des cendres d’une personne décédée, laissant la famille libre de pouvoir en disposer comme elle le souhaite. Une situation qui pourrait toutefois être appelée à changer avec l’étude d’une nouvelle législation.
«Au Québec, les cendres n’ont aucune valeur, s’indigne la directrice de la Corporation des thanatologues du Québec, Nathalie Samson. Parfois, les familles ne veulent pas des cendres et nous demandent de s’en débarrasser. On n’est pas capable de faire ça. On ne peut pas mettre les gens aux poubelles.»
L’absence de réglementation donne la liberté aux familles endeuillées de disposer des cendres selon les volontés du défunt. Elles peuvent être mises en terre ou dispersées à un endroit significatif pour la personne décédée. Ou encore rester dans la maison familiale.
Accueillir les nouveaux rites
L’organisme à but non lucratif L’Économusée de l’Au-Delà, dont la mission est de préserver et faire connaître le patrimoine funéraire au Québec, ne partage pas cette opinion. Selon le directeur adjoint de l’Économusée, Alain Tremblay, les cimetières du Québec doivent au contraire s’ouvrir aux nouveaux rituels funéraires. «Le geste de dispersion des cendres constitue un rituel de sépulture très répandu dans le monde. Il implique une importante charge émotive et symbolique et il importe de ne pas entraver le développement de ce nouveau rituel chez nous», mentionnait-il, lors d’une table ronde qui se déroulait en mai dernier.
«Les cas de gestion des cendres susceptibles de provoquer des conséquences pathologiques chez certains individus ne sont que des cas isolés qui ne peuvent être invoqués pour imposer à tous une règle de gestion», écrivait-il dans une lettre envoyée à l’Agence de santé et de services sociaux de la Capitale nationale.
Projet de loi jamais adopté
En 2012, Yves Bolduc, alors qu’il était ministre de la Santé, avait déposé un projet de loi qui modifiait la législation dans le domaine funéraire. Ce projet de loi abordait d’ailleurs la question des cendres humaines. Le projet de loi prévoyait que les cendres ne pourraient plus être divisées en plusieurs contenants (par exemple pour être réparties à plusieurs membres de la famille) et que les cendres ne pourraient plus être dispersées à un endroit qui ne respecterait pas la dignité de la personne décédée. Ce projet de loi n’a pas été adopté. Au ministère de la Santé et des Services sociaux, la porte-parole Marie-Claude Lacasse indique que «la réflexion se poursuit présentement afin de répondre à l’évolution et aux nouvelles technologies de ce secteur».