SCULPTURE. L’artiste Johanne Lafond, reconnue entre autres pour ses arbres de fils cuivrés, vient de tourner une importante page de son histoire professionnelle et de celle du Royal 22e Régiment.
La toute dernière statue qu’elle a réalisée dans le cadre du 100e anniversaire du Royal 22e Régiment a été inaugurée la fin de semaine dernière, ce qui vient clore la série des huit œuvres créées pour ce centenaire. L’œuvre de bronze en question est celle du premier gouverneur canadien-français au Canada, Georges-Philias Vanier, qui est aussi reconnu comme l’un des fondateurs du Régiment.
Les sept autres statues de bronze honorent la mémoire des trois seuls soldats canadiens-français ayant reçu la Croix de Victoria, soit la plus haute distinction honorifique ; de trois sergents-major régimentaires et d’un aumônier. Elles sont exposées à la Citadelle de Québec.
Johanne Lafond se réjouit de penser que ses œuvres feront partie de l’histoire du pays et qu’elles y auront contribué en quelque sorte.
«Je suis privilégiée d’avoir pu créer ces oeuvres qui m’ont apprises beaucoup, autant sur le bagage de notre patrimoine militaire québécois que sur mes propres talents. J’ai le sentiment d’avoir participé à l’écriture d’une page d’histoire», indique celle dont la galerie est située à Saint-Cyrille-de-Wendover.
Autodidacte, Mme Lafond n’avait jamais fait de portraits en trois dimensions et encore moins de statues de bronze avant d’accepter le défi. Elle raconte que ce projet s’est rendue à elle grâce au sergent major instructeur drummondvillois Daniel Parenteau, qui était à la recherche d’un artiste pour démarrer un projet qu’il espérait faire naître pour les célébrations du centenaire du Régiment.
À la fin de 2012, elle et l’instigateur ont conclu qu’elle ferait une première statue et que d’autres suivraient si tout se déroulait comme souhaité. À la suite de sa première création, une seconde commande est venue, puis une troisième et une quatrième.
La série est composée de deux statues de six pieds et de six bustes. Pour les oeuvres de six pieds, Johanne Lafond a créé les têtes ainsi que les chapeaux tandis que les costumes ont été moulés à l’Atelier du bronze d’Inverness.
L’artiste a éprouvé beaucoup de plaisir à prendre part à ce projet, particulièrement en se découvrant de «nouveaux» talents. Elle avait auparavant fait des portraits en dessin, pour le plaisir, sans plus.
Lors de l’inauguration de la première œuvre, des membres de la famille étaient présents. C’est alors qu’elle a reçu des commentaires élogieux de leur part, ce qui a été très nourrissant pour elle. «Je reconnais les yeux de mon père», «C’est lui», «Je le reconnais» sont des exemples des commentaires émis.
Dextérité au bout des doigts
En plus d’avoir à réaliser cet important contrat, Johanne Lafond devait continuer de prendre soin de la chevelure de ses clientes. Sous son doigté de fée se trouve d’innombrables heures de travail à coiffer des têtes.
«Mon métier de coiffeuse m’a servi, parce que j’ai observé des visages, des têtes et des cheveux», explique celle qui fait ce travail depuis 35 ans.
«Rendu en 2014, est-ce que les artistes sont encore obligés de crever de faim pour être reconnu pour leur travail?», s’interroge-t-elle, en racontant qu’un client potentiel lui a déjà fait un volte-face après avoir appris qu’elle était coiffeuse. Autodidacte, Mme Lafond avait déjà pris, dans le passé, un bref cours de sculpture. «Suzanne Parent, qui me donnait les cours, m’a montré à faire un pot de fleur et les trois premières pièces que j’ai ramenées pour faire cuire et continuer le cours étaient des personnages», illustre-t-elle.
Les huit militaires honorés
Jean Couture
Joseph Helmer Jolicoeur
Wenceslas Bilodeau
Aumônier Rosaire Crochetière
Joseph Kaeble
Jean Brillant
Paul Triquet
Georges Philias Vanier