VICTORIAVILLE (par Claude Thibodeau). Un individu de la région de Drummondville, Christian Arguin, arrêté en 2009 dans le cadre du projet Alanine, a plaidé coupable, vendredi matin, à un chef d’accusation de complot en vue d’effectuer le trafic de stupéfiants. À la suite de ce plaidoyer, un arrêt des procédures a été décrété sur les autres chefs d’accusation. Et à la suite d’une suggestion commune, Arguin a été condamné à purger une peine dans la collectivité.
Le procureur de la poursuite a rappelé, devant la juge Dominique Slater de la Cour du Québec, que le projet Alanine, découlant de la vaste opération provinciale SharQ, visait entre 2005 et 2007 deux cellules de distribution e stupéfiants, l’une à Victoriaville et l’autre à Drummondville.
Cette dernière, a précisé le procureur, comprenait des membres du groupe de motards Devil’s Childs affilié au chapitre montréalais des Hells Angels.
Le groupe avait recours à la violence et à l’intimidation pour conserver le contrôle sur la vente de stupéfiants, a précisé le procureur.
Le projet Alanine a permis aux policiers de saisir notamment de la cocaïne et de la méthamphétamine, en plus de chandails et objets à l’effigie des Hells Angels, mais aussi des bijoux et objets à l’image des Devil’s Childs.
Le représentant du ministère public, dans son exposé, a même minimisé la participation de Christian Arguin. «Il n’était pas connu au début de l’enquête. Il est arrivé très tard, même vers la fin. On l’a vu participer à une réunion du groupe dans un restaurant. L’accusé n’a pas fait l’objet directement d’écoute électronique, aucune perquisition n’a été effectuée chez lui.»
Arguin, a aussi indiqué le procureur aux poursuites criminelles et pénales, n’a pas fait face, contrairement à d’autres accusés, à une accusation de gangstérisme. «L’accusé n’a jamais manqué à ses conditions de remise en liberté. Depuis son arrestation en 2009, il n’a pas commis d’autres crimes et Monsieur reconnaît les faits. Il n’a pas effectué directement le trafic de stupéfiants, mais il en a permis la vente. C’est pourquoi, notre suggestion commune d’un emprisonnement dans la collectivité de deux ans moins un jour m’apparaît raisonnable», a plaidé le procureur de la poursuite.
En défense, Me Jean-Claude Lagacé a fait valoir, lui aussi, «la participation des plus mitigées» de son client. «Les faits qu’on lui reproche se sont produits à un moment dans sa vie où il éprouvait des problèmes de consommation et au niveau de ses fréquentations. Ce sont des connaissances qui l’ont amené à s’impliquer indirectement dans cette affaire», a souligné Me Lagacé, tout en précisant qu’Arguin avait entrepris une thérapie au moment de son arrestation. «On l’a arrêté en thérapie», a confié l’avocat, soulignant que l’accusé est sobre depuis la fin de sa thérapie, qu’il est père de quatre enfants. «Et il est très présent dans leur vie», a-t-il signalé.
Suggestion entérinée
Avant de rendre sa sentence, la juge Slater a demandé à l’accusé s’il avait quelque chose à dire. «J’ai repris ma vie en main», a répondu Christian Arguin.
La présidente du Tribunal a qualifié de raisonnable la suggestion proposée par les parties, considérant notamment la réhabilitation de l’accusé, son faible risque de récidive, sa participation mitigée dans cette affaire, le respect intégral de toutes les conditions auxquels il était contraint depuis sa remise en liberté.
La juge Slater l’a prévenu toutefois que, s’il manquait aux conditions édictées, on allait, de nouveau, l’arrêter et le Tribunal pourrait alors l’envoyer purger sa peine derrière les barreaux.
La Cour a donc condamné Christian Arguin à une peine d’emprisonnement de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité assortie d’une série de conditions, notamment une assignation à domicile 24 heures par jour pour les 12 premiers mois, sauf pour certaines exceptions comme une urgence médicale ou pour le travail.
Pour ses besoins essentiels, une période de sortie par semaine, le vendredi de midi à 16 h, lui est autorisée.
Le couvre-feu, après la première année, sera en vigueur entre 23 h et 6 h.
Enfin, concernant David St-Laurent et Martin Gauthier, deux autres accusés du projet Alanine, ils étaient de retour en Cour, vendredi matin. La juge Slater a indiqué avoir bien reçu les rapports présentenciels. Mais les parties ont remis les représentations sur la peine au 26 janvier.
Martin Gauthier, rappelons-le, a plaidé coupable à des accusations de complot et de trafic de stupéfiants, à savoir de la cocaïne.
De son côté, David Saint-Laurent a reconnu sa culpabilité à une accusation de possession de cannabis aux fins de trafic.