COMMISSION SCOLAIRE DES CHÊNES. La pratique punitive mise de l’avant par l’école Duvernay consistant à envoyer sur l’heure du midi un élève pris en défaut de comportement dans un local accueillant une clientèle avec des troubles du spectre de l’autisme (TSA), afin qu’il y rédige un travail de réflexion, est terminée.
Cette façon de faire, qui avait été décriée d’abord par Autisme Centre-du-Québec, puis par d’autres organismes et individus dont la Fédération québécoise de l’autisme, sans compter la pression médiatique, avait amené la Commission scolaire des Chênes (CSDC) à mandater, en août dernier, Dre Nathalie Poirier pour qu’elle analyse les pratiques d’intervention mises en place à l’école Duvernay.
Dre Poirier, précisons-le, est psychologue, professeure et chercheuse au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal. Elle s’intéresse aux enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme et à leur famille. Dre Poirier est concernée par les programmes d’interventions comportementales intensives fournis à ces enfants ainsi qu’à toutes autres interventions visant à améliorer le fonctionnement de l’enfant et le bien-être de sa famille.
La scolarisation de ces enfants tant au primaire qu’au secondaire, en classe ordinaire ou spécialisée, fait aussi partie de ses champs d’intérêts.
Dépôt du rapport
La docteure Poirier vient donc de transmettre son rapport à la CSDC, et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisme n’a pas l’intention de le laisser dormir sur les tablettes.
Par l’entremise de sa directrice générale, Christiane Desbiens, la commission scolaire confirme qu’elle entend donner suite aux recommandations formulées, et plus spécifiquement à celles ayant trait aux interventions réalisées à l’heure du dîner à l’école Duvernay.
«En conséquence, affirme sans détour Mme Desbiens, la pratique, telle qu’on la connaissait, cessera et la commission scolaire mettra donc en application les mesures proposées par la chercheuse.»
La CSDC reconnaît volontiers que l’approche préconisée par Dre Poirier dans son rapport vise la valorisation des élèves.
On y retient que, selon Dre Poirier, il est possible que le service de garde s’avère un milieu trop stimulant et qu’il y aurait lieu de cibler les élèves du régulier qui fréquentent ce service pour lesquels cet environnement ne correspond pas à leurs besoins, afin de les aider en leur offrant un cadre qui, d’emblée, serait plus calme.
«Il serait judicieux de cibler ces élèves et de leur fournir un rôle où ils pourraient être jumelés à des élèves ayant un TSA et dans lequel ils seraient amenés à réaliser une tâche valorisante auprès de ceux-ci. Afin d’assurer la réussite de ces interventions, ces élèves devraient, au préalable, avoir bénéficié d’une sensibilisation et d’un enseignement sur les manières d’intervenir auprès des élèves présentant un TSA, afin qu’ils puissent développer des interactions sociales positives», préconise Nathalie Poirier dans son rapport.
Cette dernière constate incidemment que la divergence des perceptions des personnes interrogées quant aux interventions réalisées à l’heure du dîner reflétait une certaine incompréhension des moyens employés lors de situations d’intervention auprès d’élèves présentant des difficultés d’ordre comportemental, d’où l’importance d’ajuster les pratiques mises en place.
Recommandations
La commission scolaire affirme de son côté que le rapport de Mme Poirier contient plusieurs recommandations intéressantes portant sur l’intégration des élèves ayant un TSA dans leur milieu de vie.
Parmi les autres recommandations, on retient l’évaluation des besoins de soutien, la sensibilisation des intervenants, des élèves de classes régulières, des parents, sans oublier la formation des enseignants.
Christiane Desbiens tient à rappeler que pour mener à bien son mandat, la spécialiste a bénéficié de toute la latitude voulue et qu’elle a agi sans aucune contrainte.
«Son analyse des interventions menées à l’école Duvernay repose sur une série d’entrevues individuelles visant à recueillir les perceptions des personnes interrogées dont les techniciennes en éducation spécialisée, les enseignantes de classes ordinaires et spéciales, la direction d’école, les parents d’enfants présentant un TSA, les élèves fréquentant une classe ordinaire ayant accompagné des enfants présentant un TSA et la coordonnatrice d’Autisme Centre-du-Québec», précise-t-elle.
Comme mentionné, les recommandations formulées par Dre Poirier sont accueillies favorablement par la CSDC.
«Nous avions exprimé le souhait qu’au terme de cette démarche, nous puissions élaborer des balises claires quant à nos pratiques d’intervention auprès de notre clientèle ayant un TSA et notre clientèle des classes régulières. Les conclusions de Mme Poirier vont dans ce sens», exprime d’abord Mme Desbiens.
Celle-ci tient néanmoins à réitérer la confiance de la CSDC à l’endroit de la direction et du personnel de l’école Duvernay qui, elle s’en dit assurée, «sauront faire écho aux recommandations de Nathalie Poirier avec la rigueur et le professionnalisme qu’on leur connaît.»
«En ce qui nous concerne, cela vient clore le débat ayant trait aux mesures mises en place pendant la période du dîner à l’école Duvernay» conclut la directrice générale de la CSDC.