DRUMMONDVILLE. Un Drummondvillois, Marc Letendre, est parmi les 20 récipiendaires du Prix Hommage au civisme que le gouvernement du Québec a remis récemment à la Salle du Conseil législatif de l’hôtel du Parlement. Il a été récompensé pour un acte courageux.
Dans la nuit du 28 avril 2013, Marc Letendre, coordonnateur d’activités cliniques à l’Hôpital Sainte-Croix, s’est hâté de porter secours à deux consœurs de travail tenues en otage par un patient instable et traité en psychiatrie.
La scène s’est déroulée dans l’Unité d’intervention brève (UIB) située au rez-de-chaussée, un local spécifiquement aménagé pour y garder sous surveillance des patients la plupart du temps intoxiqués, en attente d’évaluation psychiatrique. Cette nuit-là, une infirmière et une proposée sont de garde.
Généralement, tout est calme. Mais, en ce 28 avril, un patient devient violent et les deux femmes n’arrivent pas à le maîtriser. Marc Letendre, sortant de la pharmacie située juste en face de l’UIB dans le corridor, entend des bruits et des gens qui parlent fort dans l’UIB.
«Je réalise vite que ce qui se passe est anormal. Ça se bouscule, comme je peux le constater en jetant un regard par une petite fenêtre de la porte. Je me dirige vers l’autre porte qui est barrée mais j’ai les clés pour entrer. C’est ce que je fais et l’homme délaisse les deux préposées et se dirige vers moi. J’ai l’avantage sur lui, mais, en parvenant à le maîtriser dans un coin, il me frappe solidement à la tête et au cou avec sa main libre. Mes deux consoeurs ont toutefois le temps d’enclencher le code blanc et des agents de sécurité interviennent. Même si nous sommes cinq, l’homme est fort et il faudra avoir en renfort quatre policiers de la Sûreté du Québec pour le maîtriser complètement et le menotter.
«Mes blessures ont été passagères, mais une de mes consoeurs est toujours en arrêt de travail depuis cet événement. L’individu fait face à quatre chefs d’accusation, dont celle séquestration, et sa prochaine comparution au palais de justice de Drummondville est prévu le 10 octobre», a raconté M. Letendre, qui dit ne pas avoir eu le temps de réfléchir avant d’intervenir.
«Tout ce que je voulais, c’était de sortir du pétrin mes deux consoeurs et c’est ce que j’ai réussi à faire. Comme l’a souligné la ministre Stéphanie Vallée (ministre de la Justice, Procureure générale du Québec et ministre responsable de la Loi visant à favoriser le civisme) lors de la cérémonie, il y a trois sortes de personnes, celles qui figent dans de telles situations, celles qui se sauvent et celles qui interviennent au péril de leur vie».
Marc Letendre fait définitivement partie de la troisième catégorie.
La ministre Vallée a déclaré: «Aujourd’hui, nous rendons hommage à des femmes et des hommes d’exception. Sans égard à la situation périlleuse, ces héros ont fait preuve d’une générosité peu commune en portant secours à des personnes en détresse, allant même parfois jusqu’à hypothéquer leur propre santé, voire à risquer leur propre vie. Cette cérémonie nous rappelle que la bonté chez l’être humain signifie aussi solidarité devant l’épreuve et que cette solidarité se traduit parfois par le don de soi».
On peut rappeler ici que c’est un acte courageux accompli en 1973 qui est à l’origine de la Loi visant à favoriser le civisme. Afin d’éviter une tragédie, un chauffeur de taxi de Montréal avait sauté de sa voiture pour prendre le volant d’un camion-remorque qui roulait sans conducteur, rue Saint-Urbain, à Montréal. Il s’était alors infligé de graves blessures dans cette aventure.
Le 19 décembre 1977, le gouvernement du Québec a adopté la Loi visant à favoriser le civisme dans le but de souligner le courage et la conduite exemplaire de citoyennes et de citoyens ayant porté secours à des personnes dont la vie était en danger.
L’attribution de la médaille du civisme récompense un acte de civisme exceptionnel accompli dans des circonstances périlleuses, tandis que l’attribution de la mention d’honneur du civisme récompense un acte de courage ou de dévouement réalisé dans des circonstances difficiles.