DRUMMONDVILLE. Le syndic visant à gérer le processus de fermeture de la compagnie Structure BRL a été confirmé hier au palais de justice de Drummondville alors que s’est tenue la réunion des créanciers, 21 jours après la mise en faillite. En même temps, le séquestre poursuit son travail afin de trouver un acquéreur de l’usine de la rue Bergeron. Une grande déception qui n’est pas sans espoir.
Dans ce dossier à la fois complexe et spectaculaire, notamment dû au fait que l’entreprise, primée au gala national du Concours québécois en entrepreneuriat, venait de terminer, il y a quelques mois, la construction d’une usine de cinq millions $, Michel Lavoie, de la société Raymond Chabot, s’est vu confirmer dans son rôle de syndic par les créanciers présents, une vingtaine, qui ont également choisi parmi eux cinq inspecteurs, dont le mandat sera d’approuver les décisions importantes qu’aura à prendre le syndic, telles que transactions de vente ou poursuites judiciaires.
Ces cinq inspecteurs sont: Valdina DiBetta (Banque Royale du Canada), Nathalie Cartier (Fonds de soutien Centre-du-Québec), Julie Bélisle-Gauthier (CAE Drummond), Gaétan Lemieux (employé de BRL), et Michel Joyal (Société de développement économique de Drummondville).
Dans le rapport remis par Michel Lavoie, il est clair qu’aucun dividende ne sera disponible pour versement aux créanciers ordinaires. Le créancier principal, la Banque Royale du Canada (RBC), réclame un total de 4,2 millions $. C’est elle qui, constatant un manque de liquidité depuis plusieurs mois, s’est adressée à la Cour pour la nomination d’un séquestre le 19 juin 2014.
La banque s’est-elle montrée intransigeante dans cette affaire ? Les avis diffèrent selon l’angle de vue. Des employés de BRL croient que «la banque s’est foutue de nous. Il y a eu des offres de refinancement intéressantes qui ont été refusées. Notre carnet de commandes était rempli pour 6 millions $. Ce n’est pas parce qu’on n’avait pas d’ouvrage». Mais comme l’a fait remarquer M. Lavoie, la banque a une limite pour financer des pertes. «Quand une entreprise n’a plus d’argent, elle est en péril».
Il n’est sans doute pas possible de tout savoir, mais il apparaît que les administrateurs de BRL, Yan Traversy et Marc Joyal, n’ont pas été chanceux en 2014, une année où ils venaient de construire une usine de cinq millions $. Leurs deux principaux contrats ont fait faux bond, les sous-traitants ayant fait faillite, pour des pertes totalisant 706 000 $. Quant à l’usine, elle a coûté 1,2 million $ de plus que prévu.
Comme le montre un document disponible sur le site web de Raymond Chabot, la Banque Royale n’est pas la seule à avoir cru au potentiel de Structure d’acier BRL. Parmi les principaux montants réclamés, on trouve sur la liste des créanciers «garantis» Investissement Québec (1,3 million $), Fonds de soutien Centre-du-Québec (250 000 $), Fonds de développement économique Laprade (200 000 $), et Gosselin Électrique (233 000 $), pour ne nommer que ceux-là. Par ailleurs, du côté des hypothèques légales, les constructeurs de l’usine qui n’ont pas été payés pourraient être considérés comme prioritaires, si leur créance est reconnue.
À travers ces méandres d’ordre juridique et administratif, les démarches pour trouver un acquéreur se poursuivent. Pourraient-elles aboutir positivement ? Tous le souhaitent bien sûr, malgré le fait que les offres déposées jusqu’ici ont toutes été refusées, parce qu’insuffisantes.
«Toutefois, suggère M. Lavoie, une fois que toutes les offres sont refusées, le séquestre peut aller rencontrer le plus offrant pour lui signifier le montant qu’il était prêt à mettre sur la table n’est pas loin de faire l’objet d’une entente, ce qui lui permettrait d’acquérir des actifs à prix moindre, de repartir l’entreprise sans ses dettes, avec une main-d’œuvre qualifiée disponible sur le champs, dans un marché attrayant, compte tenu des clients possibles. Même qu’aucune règle n’empêche l’un des anciens propriétaires de déposer une offre».
Autrement dit, un espoir subsiste.