CENTRE-DU-QUÉBEC. Véritable "cœur manufacturier du Québec", le Centre-du-Québec a vu sa productivité au travail bondir de 13 % en dix ans, révèle une étude obtenue en primeur par TC Media.
Selon l’étude intitulée "Croissance de la productivité au Québec – Une perspective régionale", réalisée par le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) des HEC Montréal, la productivité du Centre-du-Québec atteignait 46,97 $ par heure travaillée en 2012, comparativement à 41,67 $ en 2002.
Durant ces 10 années, sa croissance s’est avérée supérieure à celle de l’ensemble du Québec, qui s’est élevée en moyenne à 8 %.
"Le Centre-du-Québec, c’est notre cœur manufacturier", s’exclame l’économiste en chef de Développement économique Canada pour les régions du Québec, Stéphane Pronovost.
Voilà de quoi avantager la région. "La productivité du secteur manufacturier au Québec est de 49 $ par heure travaillée, alors que la productivité en général, tous secteurs confondus, s’élève à 40 $ par heure travaillée", explique Audrey Azoulay, des Manufacturiers et Exportateurs du Québec.
Une part significative du Centre-du-Québec est occupée par l’agriculture. Or, même si les fermes font des gains de productivité, puisqu’elles sont plus nombreuses à se mécaniser, le poids de cette industrie reste relativement négligeable. "On voit des fermes partout, mais elles n’ont pas un gros impact sur le PIB", fait valoir Robert Gagné du CPP.
Par contre, le secteur tertiaire, soit celui des services, est moins important qu’ailleurs au Québec, observe M. Pronovost.
Trois pôles distinctifs
L’économiste en chef rappelle que Drummondville est passée d’une ville mono-industrielle, spécialisée dans le textile, pour se transformer, en l’espace de 30 ans, en une ville multi-industrielle, comptant plusieurs filiales d’entreprises internationales.
"Victoriaville tire aussi son épingle du jeu. Elle fait partie des premières municipalités à avoir embrassé le développement durable et à exploiter sa principale ressource qui est le bois-franc", enchaîne-t-il.
Quant à Bécancour, elle possède un important parc industriel qui est portuaire. "C’est l’un des plus importants au Canada", précise M. Pronovost.
À d’autres égards, la région enregistre de moins bons résultats. La proportion des heures travaillées au Centre-du-Québec a diminué par rapport à l’ensemble du Québec. Elle représentait 3 % en 2002 et 2,6 % en 2012. Le poids du Centre-du-Québec au sein du PIB du Québec a subi la même baisse, ayant passé de 2,9 % à 2,6 %.
Des solutions propres à chaque région
Le CPP tenait à étudier la productivité québécoise dans une perspective régionale. "Soutenir une industrie à Montréal et en région, ce n’est pas la même chose. Ça prendrait des programmes plus adaptés à la réalité des régions du Québec. (…) Il faut miser sur des secteurs porteurs et laisser tomber le soutien public pour les autres. Présentement, on aide tout le monde avec des programmes généraux. C’est coûteux et on a peu d’impact", croit M. Gagné.
Certes, les investissements en machinerie et en équipement, la modernisation des méthodes de travail et la formation du personnel davantage qualifié font toujours partie des formules gagnantes.
"Je suis contente qu’on ait enfin une perspective régionale parce que ça interpelle tout le monde", conclut Françoise Bertrand, pdg de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
La productivité au travail, c’est quoi?
Le produit intérieur brut (PIB) par heure travaillée
Pour consulter l’étude au complet : http://cpp.hec.ca/