DRUMMONDVILLE. Faute de place aux soins palliatifs à l’Hôpital Sainte-Croix, un homme de la région a passé ses dernières 24 heures de vie dans un local de rangement, au grand dam de sa famille.
«J’espère que, plus jamais, quelqu’un va vivre une situation comme on a vécue», indique sa fille, Marcelle Roy, qui souhaite que sa sortie dans les médias fasse en sorte que la situation ne se reproduise plus.
Le père de la dame, Marcel Roy, a été placé dans une chambre pour deux personnes lorsqu’il a fait son entrée à l’hôpital. Un soir, après quelques jours de soins prodigués dans l’établissement, elle quitte l’hôpital vers 21 h 45. Le temps de se rendre chez elle, à L’Avenir, elle reçoit un appel lui disant de retourner à l’hôpital puisque le cœur du patient cessait de battre par moments. L’employé lui indique alors qu’il a été installé dans une autre pièce, en attendant. «On arrive et il est dans un endroit où il y a des couches, des pansements, des bouteilles stérilisées, des supports à sérum… Il y avait de tout. C’était comme un entrepôt», raconte la femme, encore troublée par la situation.
L’homme passe la nuit à cet endroit. Le lendemain matin, fâchée, Mme Roy redemande à avoir une véritable chambre pour son père. «Le curé n’en revenait même pas; ce n’était pas humain», lance-t-elle. Après plusieurs démarches à différents endroits, on lui indique qu’il n’y a aucune chambre disponible. Elle retourne au chevet de son père. Peu de temps après, une infirmière lui annonce qu’il aura une chambre, au sixième étage, mais que celle-ci doit d’abord être désinfectée.
«Mon père est décédé à midi 57», laisse-t-elle tomber, en indiquant qu’une infirmière est arrivée quelques minutes plus tard pour dire que la chambre était maintenant prête.
La porte-parole du CSSS Drummond, Nathalie Piché, confirme que le local dans lequel est décédé l’homme sert normalement à entreposer du matériel stérile.
Choix déchirants pour le CSSS
«L’idéal, c’est une chambre et les soins palliatifs sont faits pour cela. C’est parfait; ils ont même un petit salon au bout pour manger, se rencontrer… mais quand les lits sont pleins et qu’il n’y a plus de place dans l’hôpital, je suis déchiré», commente le directeur général du CSSS, Yves Martin.
Celui-ci mentionne que la priorité de l’établissement est d’installer les gens en fin de vie dans le département des soins palliatifs, dans la mesure du possible. Et ce possible dépend du caractère imprévisible et incontrôlable de l’achalandage, indique-t-il.
«Quatre personnes peuvent arriver la même journée comme on peut passer deux jours sans en avoir. Les gens peuvent décéder en 24 heures ou en deux semaines», explique M. Martin.
Il ajoute que le principe général du CSSS Drummond est d’éviter de laisser les patients à l’urgence, sur une civière, entre deux rideaux ou dans un couloir. S’il n’y a aucune place à l’étage, le personnel tente de trouver une solution pour éviter que la personne soit «stationnée» dans un corridor ou à l’urgence.
Cette situation démontre la nécessité pour la région de pouvoir compter sur une maison de soins palliatifs. À cet effet, rappelons que l’Agence de la santé et des services sociaux a demandé, au début de l’été, à ce que la Maison René-Verrier ouvre plus tôt que prévu. En raison du besoin criant, l’ouverture, qui devait avoir lieu à l’automne 2015, a été devancée à janvier 2015. Au départ, la Maison René-Verrier devait compter six lits. Elle en aura finalement dix.
Yves Martin souligne que le vieillissement de la population n’est pas étranger à la forte demande du côté des soins palliatifs. Il explique que le nombre de lits a été déterminé à une époque où il y avait moins de gens de 75 ans et plus, qui requièrent généralement plus de soins. Il ajoute que le nombre de cas de cancer en hausse y est aussi pour quelque chose.