DRUMMONDVILLE. Les membres de la Coopérative de bovins d’abattage du Québec (CBAQ) sont en colère contre le gouvernement québécois qui ne prend même pas la peine de leur expliquer pourquoi leur plan de relance de l’abattoir Colbex n’est pas accepté alors que s’amorce le processus de liquidation de l’usine de Saint-Cyrille-de-Wendover.
C’est ce qu’une demi-douzaine d’administrateurs de la CBAQ ont dénoncé ce matin lors d’une rencontre de presse tenue à l’Hôtel Universel Best Western, y allant de plusieurs questionnements à l’endroit des ministres qui ont à gérer ce dossier, dont Pierre Paradis, ministre de l’Agriculture, et Jacques Daoust, ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, responsable d’Investissement Québec qui est propriétaire des actifs de l’entreprise.
Les membres de cette coopérative, qui sont au nombre de 530 au Québec (sur un total de 6000 producteurs), n’en reviennent pas de l’attitude du gouvernement Couillard dans cette affaire. «C’est comme si on n’existait pas. On ne nous a pas parlé, pas dit un mot. Pourtant, nous avons présenté un sérieux plan de relance de l’abattoir Colbex. Et voilà qu’on apprenait le 28 août dernier que les équipements de l’abattoir ont été vendus à des intérêts quelconques en vue d’une liquidation», a martelé Mario Théberge, administrateur de la CBAQ, de la région du Saguenay-Lac Saint-Jean.
«Il y a tout ce qu’il faut dans notre plan. Tous les éléments sont en place. On ne voit pas ce qui ne tient pas la route, on ne sait rien. Il nous semble que la présence de cet abattoir est cruciale au Centre-du-Québec. On éviterait ainsi, comme c’est le cas actuellement, d’envoyer nos bêtes en Pennsylvanie pour se faire abattre, être entassées dans une vanne durant huit heures, pour, au bout du compte, recevoir la viande une semaine plus tard mélangée avec d’autres. À Saint-Cyrille, c’était le seul abattoir au Canada qui avait une traçabilité de la viande, c’est aussi un élément à conserver», d’ajouter M. Théberge.
Ces producteurs affirment que le gouvernement ne peut pas laisser passer cette transaction. «Sinon, ce sera la fin et il n’y aura jamais plus un tel abattoir au Québec. Ça n’a pas de sens, nous voulons rester proches de nos animaux», de faire observer Réjean Bessette, administrateur pour la Montérégie.
«Le consommateur a le droit de savoir», enchaîne pour sa part Germain Pelletier, administrateur de la région de Chaudières-Appalaches. «Ni le gouvernement du Parti québécois, ni celui des libéraux n’ont joué franc jeu avec nous. Il y en a qui parlent de souveraineté alimentaire, à notre avis elle devrait commencer par savoir d’où vient notre viande».
Les producteurs disent vouloir garder leur plan de relance confidentiel. Il n’est donc pas possible d’en connaître les détails. «Ça reviendrait à dire que l’usine de Saint-Cyrille serait remise aux administrateurs, a admis Jean-François Dion, de la région de la Beauce, mais le gouvernement ne serait pas perdant au change et ça créerait une centaine d’emplois. Nous ne pouvons pas nous résoudre à l’idée de perdre définitivement l’abattoir de Saint-Cyrille, ce serait comme laissé à nos enfants un territoire scrapé…»
L’Express a laissé un message au bureau du ministre Pierre Paradis la semaine dernière, mais il n’y a eu aucun retour d’appel.