DRUMMONDVILLE. Des citoyens du secteur de l’aéroport ont été saisis durant la période estivale d’une découverte préoccupante. L’eau de puits qu’ils boivent depuis bon nombre d’années contient de l’arsenic, en quantité supérieure à ce qui est toléré dans le Règlement québécois sur la qualité de l’eau potable.
Lors des démarches visant la vente d’une propriété sur la rue Bettez, cette information a éclaté au grand jour. Avant d’approuver le financement de la transaction, l’institution financière, conformément aux pratiques d’affaires en vigueur, a exigé qu’un test d’eau soit effectué. Surprise générale : les résultats ont révélé un taux d’arsenic supérieur aux normes tolérées (0,01 mg/L). La nouvelle a alerté des membres du voisinage, qui ont à leur tour effectué des tests, dont les résultats se sont avérés tout aussi préoccupants.
Le conseiller municipal du quartier, Daniel Pelletier, a été mis au fait de cette situation ainsi que la Ville de Drummondville, qui ont offert leur soutien.
Les citoyens décideront
Le directeur général par intérim, Francis Adam, a alors rappelé qu’il revient aux propriétaires de puits artésiens de s’assurer que leur eau est propre à la consommation. Les citoyens qui ne sont pas desservis par l’aqueduc (ce qui est le cas des résidents du secteur de l’aéroport) sont d’ailleurs exemptés de cette taxe de service.
Toutefois, s’ils désirent changer la donne, ils sont invités à orchestrer une pétition, à la suite de laquelle la Ville mènerait une étude pour évaluer les coûts. Les démarches seraient possiblement couronnées d’une consultation publique.
En supposant que le projet aille de l’avant, les citoyens concernés se partageraient la facture. «Ça devient une taxe de secteur. Plus la population est dense, plus le projet est rentable», signifie M. Adam.
Or, la préoccupation du moment, chez les résidents, est surtout d’en informer leurs pairs. Certains buvaient de l’eau depuis des décennies, ignorant qu’elle était contaminée. «Elle goûtait bon», indique une résidente de la rue Saint-François. «Pourtant, l’arsenic est une substance cancérigène reconnue chez l’humain», peut-on lire dans un dépliant de l’Agence de la santé et des services sociaux de l’Estrie.
D’où vient l’arsenic?
Selon la documentation officielle, l’arsenic serait un élément chimique que l’on retrouve naturellement dans le sol. M. Adam parle d’une roche mère présente à certains endroits du secteur Saint-Nicéphore. "C’est variable", expose-t-il. Par exemple, si un individu découvre de l’arsenic dans son eau, son voisin pourrait en être exempt.
D’ailleurs, il faut demander un balayage des métaux pour détecter le taux d’arsenic dans l’eau alors que la plupart des tests réalisés dans les laboratoires d’analyse se limitent aux critères microbiologiques.
Selon France Luneau, chimiste et chargée de projet chez Laboratoire S.M., le test complet qui analyse tous les paramètres du règlement sur la qualité de l’eau potable, comme les pesticides, des nitrites nitrates, des cyanures, coûte 2000 $. Elle remarque aussi que les cas d’arsenic au Québec sont récents. Ils seraient principalement concentrés en Estrie. "Ici, à Longueuil, ils sont très très rares", observe-t-elle.
Au dire de la spécialiste, le taux de tolérance à l’arsenic a été resserré récemment puisqu’auparavant, il était fixé à 0,025 mg/L. "Notre Règlement de l’eau potable figure parmi les plus sévères au monde", souligne-t-elle.
Fait rassurant : l’arsenic dans l’eau se traite, même si chaque système a un coût. Pour sa part, Mme Luneau se fait un devoir de mettre en garde les consommateurs : "Quand il y a des coliformes, on dit de faire bouillir l’eau pour enlever les microbes et la consommer, mais quand il y a des métaux et qu’on fait bouillir l’eau, on les concentre. Il y en a encore plus".
Drummondville en chiffres
– Nombre de résidences desservies par réseau d’aqueduc = 31 800
– Nombre de résidences non desservies= 1210
Appareils certifiés pour traiter l’eau contaminée d’arsenic
-osmose inverse (norme NSF 58)
-distillation (norme NSF 62)
-traitements généraux (norme NSF 53)