SAINTE-BRIGITTE-DES-SAULTS. Saisi des problématiques liées à la mini-centrale hydroélectrique Algonquin Power, l’organisme de concertation pour l’eau des bassins versants de la Rivière Nicolet, COPERNIC, appuyé par la municipalité de Sainte-Brigitte-des-Saults, plonge maintenant dans le dossier.
Faisant valoir que la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection reconnaît aux organismes de bassin versant la mission d’élaborer et de mettre à jour un plan directeur de l’eau et d’en suivre la mise en œuvre, COPERNIC juge qu’il est de son ressort de protéger la faune et la flore aquatique de la rivière Nicolet.
Comme le plan directeur l’eau du bassin versant de la rivière Nicolet adopté en 2011 le relevait déjà, des informations sont manquantes pour comprendre la cause des inondations en amont du barrage, en plus des problèmes récemment décriés par la Fondation Rivières concernant le débit anémique de la rivière et l’absence d’une passe migratoire à poissons.
À la demande de COPERNIC, une rencontre avec plusieurs intervenants concernés s’est tenue au cours des derniers jours afin de corriger les problèmes et parvenir à un partage équitable de la ressource en eau entre les différents usages (écosystèmes, vie aquatique, besoins en eau potable, irrigation, hydroélectricité, loisirs, etc.).
Un portrait contemporain
Depuis, la direction régionale du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a entrepris de dresser un portrait contemporain de la situation et de documenter le cas. "Ce n’est que par la suite que les experts seront en mesure d’évaluer s’il est requis d’exiger la construction de la passe migratoire", peut-on lire dans une lettre adressée à l’agent de recherche et de communications de la Fondation Rivières, Pierre Leclerc, qui se dit satisfait de cette résolution.
Cependant, à l’égard du débit, celui-ci déplore que le MDDELCC s’engage uniquement à s’assurer qu’il respecte les trois autorisations jadis délivrées pour ce barrage.
La Fondation Rivières souligne que ce débit a été autorisé par le gouvernement du Québec au moment de la construction du barrage en 1992. Il n’est toutefois pas soumis à la politique adoptée en 1999 pour prévenir et réduire au minimum les répercussions négatives de l’exploitation des centrales hydroélectriques.
"Lors de la Commission Doyon, le Procureur général du Québec avait souligné dans son mémoire que «À l’origine, au début des années 1990, il n’existait pas au sein du ministère de l’Environnement et de la Faune, d’outils administratifs visant à déterminer le débit réservé (minimal). On ne voyait d’ailleurs pas la nécessité de développer de tels outils.»", insiste M. Leclerc.
L’organisme interpelle donc directement les ministres David Heurtel et Laurent Lessard pour qu’ils agissent avec urgence dans le dossier. Il leur est demandé de réviser le débit minimal du barrage et d’exiger la construction d’une passe migratoire pour les poissons.
COPERNIC identifie les actions à poser
-Réaliser un inventaire exhaustif des espèces piscicoles en amont et en aval du barrage afin de connaître l’existence d’espèces migratrices;
-Caractériser l’habitat faunique et le débit en avant immédiat du barrage nécessaires à la survie des espèces : le débit doit permettre en permanence la présence d’un habitant propice à la libre circulation et la reproduction des espèces aquatiques;
-Vérifier le caractère franchissable des rapides en aval immédiat du barrage.