DRUMMONDVILLE. À l’instar des municipalités de Sherbrooke et de Trois-Rivières, Drummondville se dotera d’un plan d’adaptation aux changements climatiques.
Même si elle ne figure pas parmi les municipalités les plus vulnérables, Drummondville doit composer avec cette nouvelle réalité.
Les 47 millimètres de pluie tombés en l’espace d’une heure, le 22 août 2013, sont un exemple des conséquences du réchauffement planétaire. Cette pluie, dont l’intensité ne survient qu’une fois aux 100 ans, a jadis causé des débordements d’égouts dans plusieurs secteurs de la municipalité, même les plus récents. La pire accumulation d’eau a été observée dans le secteur sud, près du parc Rachel. Quelque 200 plaintes ont été adressées à la Ville à la suite de cette pluie centenaire. « Ça a soulevé des questionnements », relate le conseiller municipal John Husk.
Des investissements passés et futurs
Pour contrer cette nouvelle problématique, des bassins de rétention souterrains ont été aménagés sous des rues du quartier Saint-Pierre. Cet été, des investissements de 400 000 $ permettront d’installer des tuyaux ayant un diamètre plus large sous les résidences entourant la rue Saint-Jacques. En outre, la rue Lindsay comptera éventuellement des zones tampons pour retenir l’eau de surface.
Le réseau de ces anciens quartiers avait été conçu à l’époque où les pluies étaient plus stables.
Limites de l’adaptation
L’adaptabilité du réseau a tout de même ses limites. « La Ville ne peut pas construire systématique tout son réseau pour une pluie de récurrence centenaire. D’abord, ça n’arrive pas si souvent. Ensuite, ce n’est pas dans les normes de génie civil. Finalement, ça coûterait une fortune parce qu’il faudrait acheter des tuyaux de très très grand diamètre », explique le responsable du comité environnement.
La modernisation du réseau se concrétise une étape à la fois. « Le réseau pluvial de Drummondville fait 400 kilomètres », rappelle le conseiller municipal.
Toujours dans le dossier de la gestion de l’eau, M. Husk mise sur le programme de débranchement des gouttières. Présentement, le drain de fondation de certaines maisons plus anciennes est branché directement aux égouts pluviaux. L’eau des gouttières se déverse donc en quantité dans le réseau, qui devient surchargé.
« On invite les gens à gérer leurs eaux de pluie sur leur terrain, notamment avec des barils de pluie », suggère le politicien.
Autres services municipaux touchés
Suivant les informations diffusées par le Consortium scientifique québécois Ouranos, M. Husk anticipe les autres adaptations que nécessitent les changements climatiques.
C’est le cas des nombreuses périodes de redoux qui caractérisent certains hivers. De multiples nids-de-poule et crevasses, causés par les gels et dégels répétitifs, ravagent alors les rues. "Aux travaux publics, il faut négocier avec cette nouvelle réalité", relate cet élu. Si les variations de température persistent en hiver, celui-ci analysera les nouvelles techniques de réparation de nids-de-poule qu’expérimentent d’autres villes.
En outre, un plan de réduction des gaz à effet de serre est en élaboration à la Ville. C’est sans oublier la sécurité civile qui doit prévoir des lieux de rassemblement en cas d’inondations ou de vagues persistantes de chaleur.
"Le consensus scientifique est clair qu’il faut se préparer", insiste M. Husk.
Trop d’îlots de chaleur
Pour sa part, le Conseil régional en environnement du Centre-du-Québec se préoccupe des îlots de chaleur sur le territoire. "Même si on n’est pas à Montréal, il y a quand même au centre-ville et dans le coin des centres d’achat de vastes îlots de chaleur", avance le chargé de projet, Éric Perreault.
"Une municipalité qui fait un plan d’adaptation aux changements climatiques doit tenir compte de ça pour reverdir les stationnements", poursuit-il.
En dehors des champs de compétences municipales, les changements climatiques favorisent l’émergence d’espèces ravageuses. "Les tiques (maladie de Lyme) commencent à causer des problèmes", fait-il remarquer.