ENVIRONNEMENT. Mercredi, le ministre Heurtel annonçait l’adoption du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP), privant ainsi les communautés locales de leur contrôle sur les puisements d’eau réalisés sur leur territoire. Les normes proposées, soit 500 mètres de distance et 600 mètres sous la base de l’aquifère, sont nettement insuffisantes, et les études hydrogéologiques qui ont servi à les déterminer ont ignoré les échanges entre les eaux souterraines profondes et les aquifères. C’est le point de vue que fait valoir dans un communiqué transmis hier le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec.
À la lecture de ce règlement de 68 pages, souligne le communiqué, il est étonnant de constater que 11 d’entre elles renferment les mots fractures ou fracturation, démontrant clairement que ce règlement traite de protection de l’eau potable, mais aussi et avant tout du procédé de fracturation, hydraulique ou non, lequel permet l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Par cette pièce réglementaire, le gouvernement ouvre la voie à la fracturation et place donc l’eau potable des citoyens et les nappes d’eau en général dans une situation à risque, et ce, dès le 14 août 2014.
Nous croyons que le gouvernement erre complètement lorsqu’il affirme par voie de communiqué que « le Règlement constitue une réponse concrète aux demandes formulées par les citoyens ».
« Comment peut-il prétendre connaître les demandes des citoyens et y répondre, lance avec cœur Jacques Tétreault, porte-parole du RVHQ, alors qu’il a systématiquement refusé de rencontrer les comités citoyens qui se battent depuis des années afin de préserver leurs sources d’eau? »
Il est à noter ici que depuis son assermentation, le ministre Heurtel a rejeté toutes nos demandes de rencontre, tout comme il a refusé de rencontrer les municipalités avant la promulgation du RPEP. On peut aussi s’interroger sur les intentions du gouvernement, qui annonce ce règlement à la fin du mois de juillet, alors que près de 30 % de la population est en vacances, et qui ridiculise le travail des commissaires du Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui n’ont pas encore formulé leurs recommandations sur les enjeux liés à l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste dans le shale d’Utica des basses-terres du Saint-Laurent.
Rappelons que le RVHQ, alors Regroupement interrégional opposé au gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent, émettait en mai et juin 2013 plusieurs communiqués de presse1 au sujet du projet de règlement sur l’eau afin de permettre au gouvernement d’améliorer son projet.
Malheureusement, rien, dans le règlement publié hier, ne vient corriger la situation.
Le ministre Heurtel, tout comme son prédécesseur, a ignoré les demandes de la population du Québec et les appels à la prudence des nombreux comités citoyens. Pourtant, il n’y a pas de compromis possible par rapport à la protection de l’eau : on ne peut la polluer seulement un petit peu avec des hydrocarbures fossiles. Combien de gouttes de pétrole sont tolérables dans un verre d’eau ? (JPB)