Un recueil littéraire qui sort de l’ordinaire

Un recueil littéraire qui sort de l’ordinaire
La couverture du recueil littéraire «Ainsi Dieu…». <@CP>(Photo TC Media – Caroline Lepage)<@$p>

SAINT-CYRILLE-DE-WENDOVER. À 19 ans à peine, Vincent Lemay a publié deux œuvres littéraires. Sa dernière création, "Ainsi Dieu…La connexion entre l’être et sa quête philosophique", est un recueil explorant plusieurs styles : la nouvelle, le théâtre et la poésie. Avis aux amateurs d’insolite et de philosophie!

Lorsqu’il a lu, vers l’âge de 15 ans, la poésie du légendaire Jim Morrison du groupe The Doors, Vincent Lemay a eu le coup de foudre pour l’écriture. D’autres découvertes, à l’exemple d’Edgar Allan Poe, d’Henry David Thoreau et de Patrick Senécal, ont continué d’alimenter sa passion des mots. "Avant, ma bête noire était le français", partage le jeune adulte.

Après avoir autopublié, en cinquième secondaire, son premier recueil s’intitulant "Le Réveil d’une poésie infernale", le Cyrillois voulait explorer un nouveau genre. Il a entrepris la rédaction de nouvelles littéraires, dont plusieurs ont été intégrées à sa deuxième œuvre.

Ce projet d’écriture, qui s’est échelonné sur plus d’un an, a bénéficié du soutien du programme Jeunes Volontaires, qui a offert au participant une allocation hebdomadaire et une aide financière pour la publication du livre. Un budget de formation a également permis à l’écrivain de compter sur l’expertise de l’enseignant en français Yves Bélanger.

Un bouquin qui lui ressemble

Si l’obscurité de certaines histoires prédestine cette œuvre à des adultes avertis, le bouquin dans l’ensemble représente bien Vincent Lemay. Le style qu’il veut développer. Et il en est fier. "C’est moi sur papier", résume-t-il.

D’ailleurs, certains éléments du recueil font référence à son environnement, comme le Parc Guévremont. Il s’agit d’un site d’inspiration pour cet homme de lettres. Il parle de la cabane de baseball où il trouve refuge souvent pour regarder les étoiles. "Le temps s’arrête quand je suis là. J’adore ça", laisse-t-il tomber.

Affirmant aussi "tripper" seul dans sa chambre, Vincent Lemay a dû effectuer des recherches pour la crédibilité de ses écrits. "J’ai utilisé mes cours de philosophie et de mythologie du cégep", ajoute-t-il.

Globalement, le projet s’est bien déroulé. "J’avais tout le temps du monde pour écrire", lance celui qui appréciait toute la liberté à sa portée. Ce mode d’expression est même devenu un exutoire.

Son texte préféré? L’épopée grotesque. "C’est la première pièce de théâtre que j’ai écrite. Elle est longue et complexe", commente l’auteur qui le juge un peu moins choquant que les autres.

En verve

Ce jeune adulte souhaite que ses lecteurs éprouvent autant de plaisir qu’il en a eu à écrire. Il s’adresse particulièrement aux intellectuels, aux marginaux et aux "trippeux" de littérature, comme il dit.

Ces derniers peuvent se procurer un exemplaire en communiquant avec lui à v.lemay@hotmail.ca. Dès qu’il aura terminé sa tournée, les bibliothèques et les librairies de la région devraient en avoir des copies. Se disant plutôt timide dans la vie quotidienne, Vincent Lemay se surprend à foncer quand il s’agit de ses projets d’écriture.

En verve, il a déjà entrepris le deuxième tome de l’ouvrage qui, cette fois, s’intitulera : "Ainsi Dieu… La connexion entre l’être et son existence théâtralement incohérente".

L’ayant accompagné durant ce projet, l’auteure de ces lignes peut témoigner de l’autonomie, de l’assiduité et du sens de l’organisation peu communs de cet artiste cyrillois, qui promet de faire couler encore beaucoup d’encre.

Voici un des textes du recueil

Autoportrait surréaliste d’un fils déchu

Chapitre I : La naissance obscure du Crâne

Ici, on dit de l’obscurité qu’elle est la naissance des ténèbres. Un lieu aux multiples combats spirituels, où les vertus, les valeurs et les consciences les plus pures disjonctent. Aliénés par une autre sorte de pureté, les hommes, les plus intelligents et les plus courageux, y ont connu une déchéance sublime et majestueuse. Pourtant, l’obscurité est l’ensemble des situations qui, physiquement, géographiquement, temporellement, m’ont mené ici. Mais, même si mon passé est obscure, mai vie n’en est pas moins foutue. Je sais pourquoi je suis ici, et je sais ce que j’ai à faire.

Acte I

L’autre soir, un de mes vieux amis est venu me voir. Il me parlait de sa vie misérable et de ses multiples dépressions. Pitoyable, comme sa vie, misérable, il pleurait et pleurait, et moi j’étais mal. Soudain, il sortir un révolver et un petit flacon de sa poche de pantalon et les mis sur la table. Il me regarda et me dit "ces gouttes, c’est tout ce qu’il me reste!". Et après avoir pris et ouvert ce flacon, il se mit une goutte dans chaque œil. Je voyais ses pupilles se dilater, son regard était perdu. Il se leva, pris son fusil et sortit de chez moi. Quelques secondes s’écoulèrent et j’entendis un coup de feu et des cris. Alors, je sortis et j’allai voir… il était couché en plein milieu de la rue, le crâne explosé dans une mare de sang (une foule de curieux accouraient sur les lieux et les sirènes de police m’exposait les tympans.)

En rentrant chez moi, j’avais remarqué que son flacon était toujours sur la table et il ne reviendrai pas pour le chercher, alors je le pris entre mes doigts et m’assis. Depuis ce temps, je le regardais sans cesse, curieux, mais craintif, je n’en consommais point. La nuit passée avait été une séance de cauchemars, dont je n’avais su m’échapper. Et ce jour-là, je repensais sans cesse au corps allongé dans la rue et à la mare de sang. Mais je n’étais pas horrifié… je ne ressentais rien à vrai dire. J’étais terrifié de ne rien ressenti et j’avais l’impression de perdre une partie de moi-même, de mon humanité. Je m’étirai et pris le flacon dans ma poche. Je le regardais longuement, et malgré que je l’eusse regardé encore et encore, je vins de remarquer une petite étiquette où il était inscrit : "Purificateur d’enveloppe charnelle et d’âme". Soudain, la sonnerie de mon téléphone me tira de mes pensées; je m’étirai et le pris.

Un notaire m’avait dit, au téléphone, que j’étais le seul et unique héritier de mon vieil ami mort. Pourquoi moi? Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu et l’avais presque oublié, et pourtant, j’étais son seul héritier. Je ne comprenais pas! Je pris mon courage à deux mains et je partis chez ce fameux notaire. Arrivé là-bas, il me serra la main et me donna une boîte de métal d’un pied cube, verrouillée d’un vieux cadenas et une clef. J’ouvris la boîte : il n’y avait que les ténèbres et l’obscurité pure.

Chez moi, je ne faisais que regarder cette mystérieuse boîte sombre. Et, une fois de plus, je ne comprenais pas! Pourquoi moi? Quelle était ma destinée? Mais le manque d’émotion me faisait passer à autre chose. Je prenais de l’encens et le faisais brûler sur la table, à côté de la boîte. La fumée se déplaçait vers elle et était aspirée par une petite fissure au niveau du couvercle. Soudain, par ennui, je crois, je pris le flacon et me mis une goutte dans un œil.

(…)  

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