(DRUMMONDVILLE) Même si la grande majorité des dépanneurs se montrent vigilants dans la vente d’alcool et de tabac aux moins de 18 ans, l’enquête menée par L’Express relève des manques dans le filet de sécurité.
Un Drummondvillois âgé de 15 ans a accepté de participer à cette mission, en collaboration avec l’auteure de ces lignes. L’objectif : vérifier s’il était facile pour les mineurs de se procurer de l’alcool et du tabac dans les dépanneurs de la région.
Pour ce faire, l’étudiant suivait le scénario suivant : il se présentait au comptoir de chaque commerce ciblé avec une cannette de bière grand format, en commandant un paquet de cigarettes. Si le commis lui demandait une pièce d’identité, l’enquêteur d’un jour répondait qu’il n’avait pas ses cartes sur lui, assurant qu’il venait d’avoir 18 ans le mois dernier. Incognito, la journaliste prenait place à l’intérieur du commerce lorsque chaque mise en scène était menée.
10 ont dit "non"
Les 12 dépanneurs visités relevaient de commerces indépendants ou étaient affiliés à de grandes chaînes. De ce nombre, dix ont refusé de vendre à l’étudiant les produits réservés aux adultes. "Ça nous prend une preuve", ont clamé à tour de rôle les responsables.
Les commis manifestaient alors diverses réactions. Certains se montraient surpris, d’autres désolés alors qu’une poignée d’entre eux étaient catégoriques. Une dame semblait même carrément insultée. "Je suis sûre qu’il a essayé ce matin d’acheter des cigarettes. Ça ne se peut pas! J’en ai eu trois de suite. Trois!", a-t-elle commenté à l’auteure de ces lignes, alors qu’elle s’improvisait cliente.
Dans une des stations d’essence testées, l’adolescent n’a pas eu plus de succès auprès de deux hommes, composés d’un apprenti et d’un senior. "On n’a pas le choix. On s’est fait ramasser il n’y a pas longtemps et on s’est fait avertir", a communiqué l’aîné, spécifiant au nouvel employé l’importance de ne pas vendre des boissons alcoolisées et des cigarettes aux mineurs.
Deux exceptions
Deux commerces ont toutefois procédé à la vente. Au sein du premier dépanneur, la caissière était hésitante, mais a tout de même vendu les produits, en spécifiant au client qu’il devrait avoir en sa possession ses cartes d’identité la prochaine fois.
Quant au deuxième endroit, la vente s’est conclue comme "du beurre dans la poêle". Notre client mystère n’en était même pas surpris. "À mon école, je connais des jeunes qui se sont fait prendre avec de la bière. La directrice a été mise au courant. Il y a eu un interrogatoire et le coupable a été identifié. Le dépanneur a eu une amende, mais il continue à en vendre", relate l’étudiant, en parlant du commerce où il a réussi à acheter de l’alcool et des cigarettes sans avoir eu à répondre à aucune question.
Des infractions coûteuses
Les commerçants qui vendent du tabac à des moins de 18 ans risquent de payer 500 $ à 2000 $ s’il s’agit d’une première infraction. En cas de récidive, ce montant peut varier de 1000 $ à 6000 $. De plus, les employés qui concluent ces ventes peuvent également se voir octroyer des amendes de 100 $ à 200 $ pour une première fois et du double par la suite.
Quant à elle, la vente d’alcool à un mineur est passible d’une amende de 175 $. En cas de récidive, la peine peut atteindre 2800 $. La Régie des alcools, des courses et des jeux recommande aux commerçants d’exiger une preuve d’âge de tout client «qui ne semble pas avoir 25 ans».
"Alors que le tabagisme est la première cause de maladies et de décès dans les pays occidentaux, l’initiation au tabac survient surtout à l’adolescence(…) Chez les jeunes, la consommation précoce d’alcool augmente le risque de problèmes dus à la consommation et
même le risque d’alcoolisme", peut-on lire dans une récente étude de l’Institut national de santé publique du Québec.