SAINTE-BRIGITTE-DES-SAULTS L’organisme de protection des cours d’eau Fondation Rivières est demeuré sur son appétit, pour le moins dire, à la suite de la réponse fournie par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) relativement à une plainte formulée par son agent de recherche et communication, Pierre Leclerc, en lien avec la découverte d’une demi-douzaine de ce que l’on croyait être des carpes mortes au pied du barrage et de la centrale hydroélectrique de Sainte-Brigitte-des-Saults.
Au début du mois de juin, M. Leclerc, au nom de l’organisme qu’il représente, a en effet porté officiellement plainte au Centre de contrôle environnemental du Centre-du-Québec afin de dénoncer cette situation, «alarmante» à ses yeux, se produisant sur la rivière Nicolet Sud-Ouest.
Joignant des photos à l’appui, Pierre Leclerc a fait part de la présence de ces corps inanimés de poissons (identifiés par la suite comme des chevaliers rouges) se trouvant à quelque 100 à 200 mètres en aval d’un bief asséché, selon lui, par le faible débit d’eau causé par le barrage.
Dans le contenu de sa plainte, le porte-parole de la Fondation Rivières a d’abord demandé au Ministère d’examiner la cause de cette mortalité et d’identifier ensuite la solution qui sera privilégiée par le ministère pour y remédier.
M. Leclerc a également demandé de connaître la date de la prochaine inspection qui sera faite par la direction régionale à Sainte-Brigitte-des-Saults afin de vérifier le respect d’un débit minimal par l’exploitant de la mini-centrale, en l’occurrence la compagnie ontarienne Algonquin Power Fund.
La Fondation Rivières a profité du dépôt de cette plainte pour réclamer du ministère une copie du rapport d’inspection faite par un des leurs en début de 2014 à la suite de problèmes soulevés par l’organisme en lien avec ledit barrage.
D’ailleurs, L’Express avait fait largement état en début d’année des doléances de la Fondation Rivières dans le dossier de Sainte-Brigitte-des-Saults dont l’absence d’une passe à poissons, ce qui avait eu pour effet de provoquer la production dudit rapport.
Le débit réservé
C’est Marylène Denis, chef d’équipe à l’Équipe de contrôle secteur hydrique et naturel au MDDECC, qui a tenté de répondre aux interrogations de M. Leclerc et de son groupe.
Celle-ci a d’abord confirmé qu’à la suite du signalement de la Fondation Rivières, des biologistes du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs sont allés visiter les lieux le 6 juin dernier.
Mme Denis reconnaît volontiers que selon le certificat d’autorisation émis, un débit réservé de 1 m3/sec doit être respecté par l’exploitant entre les mois d’avril et de septembre.
«Sans qu’il ait été mesuré, un débit réservé était en fonction lors de la visite. Ce débit alimentait en eau la voie de migration des poissons reliant les petits bassins situés dans la saillie rocheuse localisée en aval du barrage, assurant ainsi la "dévalaison" des poissons vers l’aval. Aucun poisson captif (vivant, moribond ou mort) n’a été observé dans les bassins», a d’abord fait état la chef d’équipe.
Plus loin cependant dans sa réponse, Mme Denis confirme que l’Équipe de contrôle secteur hydrique et naturel est à planifier une date pour des vérifications dans le but d’effectuer les calculs plus précis quant au débit réservé, certes un aspect fondamental dans ce dossier.
En ce qui a trait aux poissons, Marylène Denis rapporte que moins d’une dizaine de chevaliers (rouges et blancs) morts ont été vus en rive gauche.
Elle note également que des milliers d’autres ont été observés vivants directement en aval de la centrale dans le canal dynamité pour évacuer les eaux turbinées.
«Ces rassemblements résultent vraisemblablement d’activités de reproduction qui se déroulent dans le bief aval de la centrale. D’ailleurs, des larves de poissons ont été récoltées lors de la visite à proximité des lits de graviers propices à la fraye. Le lien entre la contamination présumée et la mortalité des poissons est difficile à établir puisque certaines carcasses ont été retrouvées en amont de la source en question et qu’aucune carcasse n’a été rapportée plus en aval sur la rivière», écrit Mme Denis dans la réponse qu’elle adresse à Pierre Leclerc.
En guise de conclusion, la chef d’équipe a émis cette hypothèse qui laisse perplexe la Fondation Rivières.
«Ce cas isolé de mortalité touchant une minorité des poissons présents sur le site pourrait résulter d’un affaiblissement de quelques individus suite aux activités de reproduction qui, selon la température de l’eau mesurée lors de la visite, venait de s’achever.»
En ce qui a trait à la 3e interrogation contenue dans le libellé de la plainte, celle concernant le rapport d’inspection reliés à de possibles problèmes occasionnés par la présence du barrage et de la mini-centrale sur la rivière Nicolet-Ouest, il n’en est pas fait mention dans la lettre de Mme Denis.