Situation fictive. Marilou oeuvrait dans une entreprise x comme adjointe administrative. Un emploi auquel elle tenait beaucoup. Sa supérieure semblait croire en elle et l’ambiance avec tous les collègues était conviviale. Un incident malheureux a suffi pour qu’elle se retrouve sans emploi.
Après un souper de Noël, Marilou a invité ses collègues à terminer la soirée chez elle. L’atmosphère était à la fête et sa supérieure avait un peu trop bu.
Selon la version des faits de l’employée, la directrice s’était réfugiée dans une chambre à coucher avec un homme. Lorsque Marilou s’est aperçue qu’ils avaient des rapprochements intimes dans son lit d’enfant, elle est intervenue. "J’ai peut-être été un peu sec", indique celle qui trouvait ce comportement inapproprié.
"À partir de ce moment, c’est comme si ma "boss" avait perdu son statut d’autorité", constate la jeune femme. La relation entre elles était brisée. Au travail, l’attitude de la patronne est devenue intolérable.
Peur de perdre son emploi
Quand je lui disais bonjour, elle m’ignorait. "Elle a dit à un collègue de ne pas me parler parce que je n’étais pas capable de tenir ma langue", illustre-t-elle. Conséquence : tout le monde était mal à l’aise dans le milieu de travail. À la moindre demande, l’adjointe administrative avait droit à des signes d’exaspération. Lors d’un dîner qu’elle partageait au bureau avec des collègues, la dirigeante a frappé dans le mur pour lui dire de se taire.
Quand Marilou a exprimé sa peur de perdre son emploi, la patronne aurait ri. "Je dormais mal la nuit", communique celle qui aimait assez son emploi pour passer l’éponge.
À plusieurs reprises, elle rapporte avoir dit à sa supérieure : "Je sens que tu accumules de la rage. Je veux qu’on en parle, qu’on règle ça". La travailleuse s’est finalement fait mettre à la porte dans de tristes circonstances humiliantes. Marilou en est encore troublée.
L’enquêteur s’en mêle
N’étant pas syndiquée, la travailleuse congédiée a communiqué avec la Commission des normes du travail. Marilou a raconté son histoire à un enquêteur. Ce dernier lui a confirmé qu’à la lumière des faits relatés, il s’agissait de harcèlement.
Présentement, elle est en attente de médiation. Si cette étape aboutit à un règlement satisfaisant, Marilou pourrait obtenir une somme d’argent en guise de dédommagement. Cependant, si l’employeur refuse de s’entendre, cette secrétaire devra porter sa cause devant la Commission des relations de travail.
Sa version sera confrontée à celle de sa supérieure. Même si des collègues sympathisent avec sa situation, elle doute que ces derniers acceptent de témoigner, craignant des représailles.
"J’ai l’estime à terre. Il faut que je me reconstruise", exprime-t-elle. Malgré tout, cette jeune femme compte aller jusqu’au bout.