Quand Christian Gendron, 17 ans, a vu son âme monter au ciel après un terrible accident causé par la vitesse au volant de sa voiture, il aurait aimé avoir le temps de dire aux jeunes de son âge que c’est niaiseux d’aller vite en auto, que la mort met fin à tout, y compris à la musique, à l’amour, au sexe, mais là, il n’allait pas pouvoir laisser ce message de ne pas faire comme lui, de ne pas risquer de tout perdre pour le seul plaisir de jouer de la pédale. Il ne pouvait pas parce qu’il était mort.
Mais voilà, il n’est pas mort longtemps. Oui, son cœur a arrêté de battre. Mais il a été réanimé dans l’ambulance qui le transportait à l’Hôpital Sainte-Croix. Transféré au centre hospitalier de Trois-Rivières, il a passé 10 jours aux soins intensifs et demeuré dans le coma durant 41 jours. Les spécialistes ont alors annoncé: "S’il s’en sort, ce sera avec des séquelles, peut-être même paralysé et en fauteuil roulant".
La suite a été un long et dur combat: réapprendre à parler, à boire, à manger, à marcher…«Où suis-je?», a été la première question qu’il a posée à l’infirmière quand il a repris connaissance. «Dans un hôpital, vous avez eu un gros accident», lui a-t-elle répondu. «Y avait-il quelqu’un avec moi?», a-t-il enchaîné. «Non, vous étiez seul». Cette information qui est parvenue tant bien que mal à son cerveau l’a soulagé.
En ce matin du 22 janvier 1997, précisément à 9h10, Christian Gendron a pris toute une débarque. En retard pour se rendre à l’école, à son cour de soudeur, il est pressé. Il va trop vite. En passant sur le viaduc de la rue Saint-Pierre, enjambant l’autoroute 55, il perd le contrôle dans six pouces de neige mouillante, il tourbillonne et un camion cube le percute violemment, côté passager. Son char est littéralement coupé en deux. Lui est éjecté. Il tombe en bordure de l’autoroute. Une chute de 250 pieds.
Après huit mois de réhabilitation à l’hôpital Cooke, il commence à aller mieux. Il fait même du bénévolat. Il décide de recommencer son cours pour devenir soudeur, son rêve. Mais il échoue son stage. «Je n’ai pas réussi mon stage, parce que j’avais des pertes de mémoire. Psychologiquement, physiquement, j’étais diminué. Le stress m’accablait. Ce fut très difficile. Deux ans après l’accident, la SAAQ m’a déclaré inapte à l’emploi et aux études. J’ai dû réapprendre ma vie, ma vie avec un traumatisme cranio-cérébral (TCC). J’ai vu mes limites. La fatigue, encore aujourd’hui, est mon pire ennemi», doit-il admettre.
Mais sa vie ne s’arrête pas là. Le 11 juin 1998, il rencontre celle qui va devenir sa femme, la belle Nathalie, qui lui donnera quatre enfants, 10, 8, 5 et 3 ans. La petite famille vit dans une maison de La Voilière.
Entre autres activités, outre ses efforts quotidiens pour se garder en forme et alerte, Christian fait du sport. Il a participé à plusieurs Défis sportifs. Il s’entraîne régulièrement au gymnase et joue au hockey-balle. Mais surtout, il donne des conférences dans les écoles. Il raconte son histoire, espérant que son témoignage donnera à réfléchir.
Il est là, en chair et en os, pour transmettre son message. En cette période de l’année où la Sûreté du Québec demande aux jeunes d’être prudents en marge de leurs bals de finissants, pourrait-elle trouver un meilleur porte-parole?