Délais adaptés aux patients à soigner

Par Jessica Ebacher
Délais adaptés aux patients à soigner
Amélie Fiset

SANTÉ – À la clinique médicale de la Marconi, finis, les délais d’attente dépassant les trois mois avant qu’une personne puisse consulter son médecin de famille. Un nouveau système permettant aux patients d’y avoir accès la journée-même en mini-urgence ou dans un délai de moins de deux semaines pour un rendez-vous régulier fait des heureux dans la salle.

«On essaie de donner un rendez-vous au moment où les gens en ont le plus besoin, explique l’une des propriétaires de la clinique et médecin, Amélie Fiset. Lorsqu’ils appellent, c’est là qu’ils ont besoin d’un rendez-vous et non dans deux ou trois mois.»

Le système mis de l’avant, appelé l’accès adapté, fait en sorte que très peu de rendez-vous dépassant deux semaines de délai sont mis dans l’agenda des médecins. Exit les listes d’attente interminables.

Grosso modo, la clinique ne donne plus de rendez-vous pour les examens annuels de routine. C’est au patient à en prendre un, par lui-même, au besoin. Cette façon de faire mise davantage sur les examens périodiques selon le stade de vie de chacun et selon la santé de chacun.

«En changeant cette notion-là pour les patients, ça améliore notre accessibilité», explique Amélie Fiset. Auparavant, une grande proportion des plages horaires disponibles des médecins étaient monopolisée par les suivis annuels. Ce n’est plus le cas. Cela fait en sorte qu’ils sont en mesure de voir les patients dans les moments opportuns et ainsi régler des problèmes plus rapidement.

Il faut dire que certains patients peuvent toujours avoir des rendez-vous planifiés lorsque leur cas, bien particulier, le justifie. Par exemple, une personne en arrêt de travail qui doit être réévaluée à tous les mois par son médecin avant de reprendre le boulot. Ou encore les femmes enceintes qui doivent être suivies régulièrement.

Avant l’ouverture de la clinique, il y a deux ans, de 90 % à 100 % de l’agenda des médecins qui y travaillent était consacré aux suivis de dossiers. Le ratio de Dre Valérie Camiré est aujourd’hui inversé. Elle passe 90 % de son temps en accès adapté, donc à voir des patients qui nécessitent des soins à court terme. Le ratio de Dre Amélie Fiset et de Dre Marie-Claude Cayouette, qui sont aussi en charge des suivis de grossesse, est de l’ordre d’environ 75 % en accès adapté. Le reste du temps est alloué aux rendez-vous planifiés.

Le système d’accès adapté mise également sur l’interprofessionnalisme. Les infirmières sont très autonomes et assurent pleinement les tâches qu’elles peuvent accomplir. Cet aspect est particulièrement présent dans les suivis de grossesse et les examens réguliers des poupons. Pendant qu’elles pèsent une future maman et prend les informations de base ou qu’elles mesurent un bébé, le médecin de famille peut avoir plus de disponibilités pour les autres patients.

Une particularité de l’accès adapté est l’optimisation des visites. Si un patient consulte le médecin pour un problème particulier, ce dernier profitera du rendez-vous pour voir si la personne a une prescription à renouveler, un suivi à faire ou un examen périodique à réaliser. Les visites peuvent s’avérer un peu plus longues, mais elles évitent un retour à la clinique pour un détail non réglé au moment de la visite.

En temps normal, les patients obtiennent un rendez-vous à l’intérieur d’un délai de deux semaines. Lors des périodes plus achalandées, par exemple, en saison grippale, ou lors des vacances, les délais peuvent être un peu plus longs. Elles sont présentement six médecins, une super infirmière (ou infirmière praticienne spécialisée – IPS) et deux infirmières cliniciennes. La clinique aurait de la place pour accueillir d’autres médecins.

«On a deux beaux bureaux libres», mentionne Dre Valérie Camiré, tout sourire.

 

Histoire à succès

Les médecins de la clinique Marconi ont été de la première cohorte de la formation offerte au Québec pour l’accès adapté. Ce système a fait ses preuves chez nos voisins du sud et à certains endroits dans l’Ouest canadien. Dès qu’elles ont eu le projet d’ouvrir une clinique, les propriétaires de l’établissement avaient des visées pour ce système.

Lorsqu’elles ont ouvert, plusieurs patients vivaient de l’insécurité à l’égard de la nouvelle façon de faire. Ils ont été rassurés. D’autres ont testé le système et demandaient un rendez-vous simplement par curiosité, alors que leur rendez-vous n’était dû que dans quelques mois, raconte Dre Camiré. «Beaucoup sont surpris des délais», indiquent les propriétaires.

L’un des constats des deux premières années d’activités de la clinique est que certains problèmes de santé des patients s’avèrent plus faciles à régler puisqu’ils sont soignés plus tôt, souligne Amélie Fiset. Sa collègue Valérie Camiré note cependant qu’elles voient dorénavant certains cas à la clinique qu’elles n’auraient jamais vus auparavant, par exemple des appendicites ou des fractures. «Comme les gens ont un rendez-vous facilement, ils n’iront pas attendre à l’urgence nécessairement», constate Dre Camiré.

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