Il faut que la Politique nationale de lutte à l’itinérance accouche rapidement d’un plan d’action».
C’est l’appel pressant qui est lancé au nouveau gouvernement Couillard par les membres de la Table des partenaires en itinérance de Drummondville (TRID) qui sont inquiets du niveau de priorité qu’accorderont les libéraux à la Politique nationale de lutte à l’itinérance adoptée par le gouvernement Marois en février dernier.
Dans un point de presse tenu au Refuge La Piaule cet après-midi, les intervenants au premier chef concernés par le phénomène de l’itinérance à Drummondville, (Marc St-Louis, Maison Habit-Action, Isabelle Lépine, Tablée populaire, Sylvie Lejeune, Carrefour d’Entraide, Danielle Gauthier, Maison Habit-Action, Nathalie Belletête, Comptoir alimentaire, Jacynthe D’Or, Ensoleilvent, et Caroline Guérard, Refuge La Piaule), ont fait valoir, chacun leur tour, chacun selon sa propre problématique, qu’une bonne politique ne changera rien si elle ne se prolonge pas dans un plan d’action associé à des moyens adaptés aux objectifs.
«Nous sommes inquiets de la suite qui sera donnée à cette politique parce que ni la ministre Lucie Charlebois (ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la Jeunesse et à la Santé publique), ni le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, en ont touché un mot depuis leur assermentation. On ne connaît pas les orientations du nouveau gouvernement, ce qui n’est pas anodin», a affirmé Marc St-Louis.
«Ce n’est pas parce que l’itinérance n’est pas visible à Drummondville qu’elle n’existe pas. Le visage de ce phénomène change et se complexifie. Les personnes en situation d’itinérance ont des besoins qui varient selon leur personnalité, leur âge, leurs expériences de vie, leur sexe et leur territoire. On craint que cette politique, qui a été saluée par tous les acteurs du milieu soit tablettée. Pourtant, c’est crucial, il y a un urgent besoin d’argent neuf pour rapprocher les services des personnes itinérantes et non l’inverse», a-t-il ajouté.
Selon Isabelle Lépine, de la Tablée populaire, l’organisme a accueilli 210 nouveaux clients au cours de la dernière année. «Nous avons servi 25 706 repas sur place et préparé 25 023 petites boîtes à lunch, une hausse de 30 %. Nous avons dû gérer 65 situations de crise majeure et certaines ont nécessité l’intervention des policiers. Si on n’était pas là, on verrait davantage les personnes itinérantes», a-t-elle dit, disant évaluer à 35 % de sa clientèle qui est sans domicile fixe.
Le Comptoir alimentaire, selon sa directrice Nathalie Belletête, a enregistré un nombre record de 16 854 dépannages ces 12 derniers moi. «Une personne nous visitait en moyenne 7 fois, maintenant c’est 9 fois. Le besoin dure plus longtemps. Le Comptoir agit en prévention de l’itinérance», a-t-elle fait observer.
Pour Jacynthe D’Or, de l’Ensoleilvent, qui offre de l’hébergement de dépannage et du support aux personnes vivant des situations de précarité, cette ressource roule à pleine capacité. «Nous sommes souvent débordés. Une des particularité de notre clientèle, c’est qu’elle tombe dans la détresse en vieillissant», a-t-elle exposé.
Aux yeux de Caroline Guérard, directrice de La Piaule, l’éducation est une préoccupation. «Nous avons rencontré 300 personnes au cours de la dernière année, la majorité se situant entre 25 et 35 ans. Ils ont faim, ils ont soif. Une intervenante en psychologie sociale a été libérée pour les accompagner, souvent pour les aider à refaire leurs cartes d’identité ou pour assurer un retour au scolaire à l’école La Ruelle».
Sylvie Lejeune, du Carrefour d’Entraide, un organisme qui a pour mission de travailler avec les personnes à faibles revenus et de les aider à dresser un budget, a mentionné avoir reçu 346 demandes d’aide l’an dernier.
Chez Habit-Action, le taux d’occupation est de 84 %, précise Danielle Gauthier. «Nous avons accueilli 100 jeunes, dont 22 % sont des filles, la moyenne d’âge étant de 22 ans.
Hughes Lemaire, de la Sûreté du Québec, était également sur place à titre de membre de la Table des partenaires en itinérance de Drummondville.
«Une dizaine de ministères sont concernés par ce problème, ça va prendre une grande concertation. Je sais que le gouvernement demande que chacun fasse sa part dans les coupures budgétaires, mais il serait indécent de demander à ceux qui n’ont rien ou très peu de faire un effort», de conclure Marc St-Louis.