Qui aurait cru cela possible quand ce jeune phénomène a percé l’alignement du Canadien, il y a à peine sept ans? À seulement 26 ans, Guillaume Latendresse est déjà à la croisée des chemins. Plutôt que de gagner sa vie sur une patinoire, l’ancien attaquant étoile des Voltigeurs de Drummondville doit composer avec le spectre de la retraite. En attendant d’être fixé sur son avenir, il apprend les rudiments du métier de «joueurnaliste»…
La dernière année aura été fertile en émotions pour Latendresse. Ennuyé par diverses blessures, l’ancien choix de deuxième ronde du Tricolore a été largué par les Sénateurs d’Ottawa, puis les Coyotes de Phoenix avant de devoir s’exiler à Zurich. Au lieu de lui servir de tremplin pour revenir dans la LNH, son aventure en Suisse s’est terminée brusquement quand il a été victime d’une énième commotion cérébrale durant une séance d’entraînement.
De retour au Québec pour se reposer et se soigner, Latendresse s’accorde encore quelques mois de réflexion avant de statuer sur son avenir dans le hockey professionnel.
«Réflexion, ce n’est pas le bon mot. Présentement, je vis au jour le jour. Je suis sous contrat avec RDS jusqu’à la fin de la saison. Je ne suis pas encore prêt à prendre une décision ou à annoncer quoi ce soit. Je ne ferme aucune porte. Je me donne jusqu’à l’été prochain pour décider de la suite des choses», a raconté Latendresse lorsque rencontré par L’Express, jeudi.
«Ce n’est pas une situation facile pour le moral. Je suis un joueur de hockey dans l’âme. J’aurais envie de jouer, mais je dois écouter mon corps et ma tête. Je dois aussi penser à ma famille. Ma santé est ma priorité numéro un.»
Victime de plusieurs commotions cérébrales au fil des ans, les deux premières remontant à sa dernière année junior, Latendresse a dû apprendre à composer avec les séquelles de ces chocs à la tête.
«Ma dernière commotion m’a fait réfléchir, a confié Latendresse. J’ai ressenti des symptômes que je n’avais jamais ressentis auparavant. Je me suis demandé si c’était celle de trop, celle qui allait compromettre ma santé. Mais aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux. Mais je veux me sentir à l’aise à 100 % avant de prendre une décision.»
En attendant d’être fixé sur son sort, Latendresse embrasse une seconde carrière sur les ondes de RDS.
«Passer d’un côté du micro à l’autre, c’est un gros défi. Avant, c’était moi qui répondais aux questions des journalistes. Maintenant, je dois préparer mes interventions sur un sujet qui sera abordé le soir même à la télévision. J’apprends lentement le métier. J’apprécie beaucoup le contact avec les gens qui gravitent dans le monde des médias, tant devant que derrière les caméras», a-t-il partagé.
Des liens spéciaux
De passage au Centre Marcel-Dionne dans le cadre du lancement de l’alumni des Voltigeurs, Latendresse s’est réjoui de cette initiative mise sur pied par son ancien entraîneur, Dominic Ricard. L’ex-numéro 22 des Rouges a pu renouer avec quelques coéquipiers de l’époque tels qu’André Vincent, Louis-Philippe Martin, Gaby Roch et Mathieu Ste-Marie.
«Ça nous permet de garder un lien d’appartenance avec l’organisation. Au-delà du hockey, on a tissé des liens spéciaux pendant notre stage junior. À l’époque, on était des ados. Aujourd’hui, on est des adultes et plusieurs ont des enfants. C’est le fun de voir où on est rendu dix ans plus tard, ce qu’on a accompli. Ce passage dans le hockey junior, ça fait partie de qui on est aujourd’hui», a témoigné l’athlète natif de Sainte-Catherine.
Mis au parfum du projet de rénovation et d’agrandissement de l’aréna qui l’a vu s’épanouir entre 2003 et 2006, Latendresse a eu cette réflexion intéressante : «C’est une bonne nouvelle, mais j’espère qu’ils vont garder l’essence de cet aréna. Le Centre Marcel-Dionne est un aréna typique du hockey junior. Ce serait dommage qu’il perde ce cachet qui lui donne une ambiance spéciale, tant pour les joueurs que les spectateurs.»
Par ailleurs, Latendresse n’a pas caché sa fierté devant les performances de son ancienne équipe, qui s’élève à nouveau parmi les puissances de la LHJMQ cette saison.
«Chaque fois qu’il en a l’occasion, Dominic Ricard n’hésite pas à faire des échanges pour donner une chance à son équipe de gagner le championnat. Il n’a pas peur d’essayer. C’est une bonne façon d’aborder les choses. Le hockey junior fonctionne par cycle, mais ce n’est pas obligatoire de passer par une longue reconstruction. Il y a une manière de rester compétitifs à chaque année», a fait valoir Latendresse, qui n’écarte pas une carrière dans le monde du coaching ou même du management d’un club de hockey junior.
«Si un jour on m’approche pour faire partie d’une organisation, je vais y penser très sérieusement», a-t-il laissé entendre en terminant.
Latendresse dans l’uniforme des Voltigeurs…
169 matchs
96 buts, 114 passes
210 points
Dans la LNH avec Montréal, Minnesota et Ottawa…
341 matchs
87 buts, 60 passes
147 points