Il y a deux ans, en décembre, Rénald Lassonde et sa conjointe avaient ouvert au centre-ville une boutique de bières de microbrasseries québécoises et de produits du terroir. Le couple ne faisait pas des affaires d’or, mais leur commerce allait bon train. Or, depuis septembre, le centre-ville est si déserté que le Carrefour des bières est forcé de cesser ses activités le 31 décembre 2013.
Devant les tablettes vides de sa boutique située au 189-A, rue Heriot à Drummondville, M. Lassonde est très amer. Il ne comprend pas que la Ville de Drummondville soit prête à allonger des millions $ pour un musée de voitures anciennes sur le bord de l’autoroute 20 et qu’elle éprouve de la difficulté à investir un tant soit peu pour son centre-ville.
"Depuis l’ouverture du Costco et des autres commerces sur le bord de la 20, le reste de la ville est en train de mourir", plaide-t-il. Pour lui, Drummondville ne sera bientôt qu’une "grosse coquille vide" qui aura l’air attrayante de l’extérieur, mais qui aura peu à offrir à l’intérieur. "Une ville sans centre-ville, c’est une ville qui n’existe plus", est-il d’avis.
S’il est conscient que ses produits ne se retrouvent pas chez Costco, il évalue que les Drummondvillois ont beaucoup moins de deniers pour magasiner ailleurs après leur passage au sein du méga complexe commercial au nord de la ville. Quant à ses autres petits compétiteurs, ils n’auraient pas, selon ses informations, commandé plus de bières qu’à l’accoutumée. D’ailleurs, il remarque que bon nombre de commerçants autour de lui ont également la vie dure, mis à part certains restaurants.
Même la période des Fêtes a été décevante
Selon cet homme, le centre-ville est aux prises avec une économie anémique depuis septembre. Du moins, c’est ce que démontre le chiffre d’affaires de son commerce. Et la période des Fêtes a peu contribué à renflouer les coffres. "J’ai eu 560 clients de moins en décembre comparativement à la même période l’an dernier", démontre-t-il. Cette baisse s’est traduite par une diminution de plus de 15 000 $ de revenus bruts. D’autres commerçants abondent dans le même sens, témoignant que le temps des Fêtes s’est avéré extrêmement difficile cette année.
S’il se fiait à l’implantation du campus universitaire pour mousser la demande pour ses quelque 350 bières offertes, M. Lassonde n’aura pu attendre l’arrivée des étudiants. Son commerce a été forcé de fermer ses portes à la fin de 2013.
Au dire de ce dernier, les stationnements ne sont pas tellement en cause dans l’abandon du centre-ville. Le prix tout de même abordable des loyers commerciaux non plus. "Il n’y a plus personne au centre-ville. C’est dur à croire", laisse-t-il tomber.
Confronté à l’échec de son commerce, cet homme débutera un nouvel emploi en usine au début de janvier 2014.