Après avoir été propriétaires d’établissements licenciés au centre-ville de Drummondville durant plusieurs années, voilà que Dany Lefebvre et sa conjointe, Marie-Ève Parenteau, à la recherche d’un nouveau défi, se tournent vers une industrie pour le moins extraordinaire : depuis juillet dernier, ils exploitent une entreprise de culture de marijuana médicale ayant pignon sur rue sur le 4e Rang de Saint-Lucien.
Vert Médical a débuté ses activités en juillet dernier dans une installation ultramoderne de 7000 pieds carrés et hautement sécurisée par un système de 28 caméras, des chiens de garde ainsi que par une clôture protégée électroniquement.
«Nous sommes détenteurs d’une licence de Santé Canada qui réglemente la culture de marijuana médicale sous le Programme d’accès à la marijuana à des fins médicales (PAMFM). Un producteur désigné pouvant cultiver pour un maximum de deux patients», indique M. Lefebvre, copropriétaire.
Toutefois, cette licence ne sera plus valide dès le 1er avril 2014. Comme l’a annoncé le gouvernement fédéral au printemps dernier, Santé Canada élimine progressivement ce système qui dépendait principalement de la marijuana produite à domicile, à petite échelle et de qualité variable. Jusqu’à maintenant, ce sont plus de 150 firmes qui ont présenté des demandes pour obtenir le statut de producteur et de distributeur autorisé.
«Notre site de production a été conçu spécifiquement pour le nouveau programme. Nous sommes conformes. Il ne nous reste qu’à obtenir la licence sous le nouveau régime qui va nous permettre de servir un nombre illimité de patients», souligne celui qui est également directeur des opérations.
Le médicament de l’avenir
À l’heure actuelle, Santé Canada établit à 37 400 le nombre d’usagers de marijuana à des fins thérapeutiques, mais des responsables estiment que ce total décuplera, au minimum, pour atteindre 450 000 utilisateurs d’ici 2024.
«De plus en plus de recherches prouvent les bienfaits du cannabis médical. Ici, au Québec, lorsqu’on entend parler de marijuana, c’est presque toujours négatif. Les gens ignorent à quel point cette plante a des vertus médicinales incroyables. Nous connaissons le THC, un cannabinoïde à effet psychotrope, celui qui donne un "high". Pourtant, il existe au-delà de 80 cannabinoïdes, dont plusieurs non psychotropes peuvent exercer des fonctions, antidiabétique, anticancer et antiépileptique, par exemple», explique M. Lefebvre, qui cultivera avec son équipe plus de 30 variétés de cannabis médical.
Celui-ci est convaincu que cette plante changera le monde médical.
«Ce projet a quelque chose de passionnant et nous motive, car nous allons aider des gens qui souffrent, et ce, partout au Canada. Nous sommes producteurs d’un produit qui sera en demande croissante au fil des années à venir», expose-t-il.
Processus sécuritaire et surveillé
Vert Médical fournira ainsi aux patients ayant une prescription de la marijuana séchée qui pourra être prise par voie orale et non uniquement par inhalation. Les personnes concernées n’auront qu’à s’inscrire sur le site web de l’entreprise luciennoise au www.greenmedical.com pour être admissibles. Le médicament sera ensuite envoyé par courrier sécuritaire dans un contenant sur lequel seront identifiés la posologie, les renseignements du patient ainsi que les pourcentages de cannabinoïdes appropriés. Soulignons qu’un patient pourra commander un maximum de 150 grammes par mois.
Dany Lefebvre et Marie-Ève Parenteau, laquelle a étudié la production légumière et fruitière à l’Institut technologique agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, ont confiance en leur projet et voient de belles années devant eux.
«Nous pouvons compter actuellement sur la fiabilité et les connaissances du frère à Marie-Ève, Jean-Philippe, qui agit à titre de responsable technique et qui possède une grande expertise en ingénierie industrielle. Une technicienne en laboratoire a également été embauchée pour l’approbation de chaque lot de marijuana séchée. D’ici trois ans, on compte grossir l’équipe pour se rendre à une trentaine d’employés», laisse savoir le copropriétaire.
Du côté de la municipalité…
Jointe par téléphone, la mairesse de Saint-Lucien Suzanne Pinard Lebeau a qualifié ce projet d’innovateur pour le Québec tout en accueillant avec confiance cette entreprise dans sa municipalité.
«M. Lefebvre et Mme Parenteau ont été transparents dès le départ. Ils ont pris soin de me demander si j’étais à l’aise avec ce projet. Ma réponse a été claire : pourvu que les activités se déroulent dans un environnement sécuritaire, conforme, qui respecte toutes les normes fédérales et où il n’y aura pas de fuites, je n’y vois pas d’objection. Il ne faut pas se leurrer, cette culture est précisément pour des fins thérapeutiques», affirme-t-elle, très confiante.
