Les garcons, de façon générale, ont plus de difficultés que les filles à s’attacher à l’école, un état de fait qui est d’autant plus palpable dans les milieux moins favorisés.
À l’école primaire Saint-Jean, à Wickham, Céline Bérubé, la directrice, est en mesure de témoigner de ce phénomène, sauf qu’avec les membres de l’équipe-école et de la commission scolaire, elle s’est mise dans la tête de renverser la vapeur en adressant des activités ciblant directement les gars.
Par un heureux concours de circonstance, Mme Bérubé, qui est membre du Club Rotary de Drummondville, tout comme l’ingénieur Gilles Gravel, a appris que l’entreprise Méga Bloks, où travaille ce Drummondvillois, était disposée à offrir des boîtes de ces jeux basés sur des briques pour en faire l’expérimentation.
Il faut savoir que les produits fabriqués par cette entreprise québécoise visent particulièrement une clientèle masculine en bas âge, ce qui a allumé l’intérêt de la directrice de cette école primaire de Wickham.
Céline Bérubé ne pouvait refuser pareille ouverture, si bien que c’est avec une joie non dissimulée que l’on a vu arriver à l’école 95 boîtes de jeu et quatre grosses caisses de briques, le tout étant une gracieuseté de Méga Bloks évidemment.
Le hasard faisant parfois bien les choses, comme une classe s’était libérée en début d’année en raison d’une baisse de la clientèle, on a donc décidé de la réquisitionner pour en faire un local strictement de gars où les jeux et briques prendraient la forme d’outils pédagogiques.
Un projet unique
Avec l’aide de diverses intervenantes dont, entre autres, Johanne Boisvert, enseignante en 4e année, Sylvie Guilbault, conseillère pédagogique en mathématiques, et Andrée Turcotte, coordonnatrice à la Commission scolaire des Chênes (CSDC), Céline Bérubé a entrepris d’élaborer un projet pour les garçons de la 3e à la 6e année. «Nous avons bâti notre projet en lien avec le programme de formation. Nous avons voulu travailler la lecture, les sciences et techno, les mathématiques, tout cela en faisant le lien avec des compétences transversales comme résoudre des problèmes, mettre en œuvre sa pensée créatrice, se donner des méthodes de travail efficaces et coopérer», résume la directrice. Comme mentionné, ces activités se tiennent dans un local où les garçons seulement peuvent se retrouver à divers moments durant la semaine, sous la supervision d’adultes. «Depuis le début du projet, les élèves travaillent surtout avec des modèles qui ont des plans. Par la suite, ils devront se surpasser davantage et construire avec des blocs sans plan», indique Mme Bérubé en annonçant qu’il est de l’intention de l’école d’inviter les pères à au moins une occasion pour qu’ils partagent ce défi avec leur enfant. La directrice de l’école Saint-Jean fait savoir qu’une cinquantaine de garçons profitent des jeux et produits Méga Bloks et constate que chacun y trouve son compte à sa façon. «Certains préfèrent travailler en équipe, d’autres sont plus à l’aise de créer seul. Les plus habiles ne sont pas nécessairement ceux qui ont de meilleurs notes académiques, si bien que leur aide est parfois requise, ce qui les valorise», indique Céline Bérubé qui voit ce projet comme un véritable laboratoire. Bien sûr, il y a tout lieu de croire qu’une exposition viendra mettre la cerise sur le sundae à la fin de la présente année scolaire. Toutefois, ça ne sera pas le point saillant du projet, comme le confirme la directrice de l’école Saint-Jean. «Nous voulons amener les élèves visiter l’usine de Méga Bloks à Ville Saint-Laurent et travailler ainsi l’approche de l’école orientante, vu les nombreuses professions présentes dans cette usine», fait part Mme Bérubé qui a déjà eu l’opportunité de visiter les installations de l’entreprise et en avoir été grandement impressionnée. S’il n’en tient qu’à Céline Bérubé, ce projet inédit est là pour se perpétuer, surtout s’il continue d’apporter les fruits espérés auprès de la jeune clientèle masculine.