Il y a plus de 6000 kilomètres –et un fossé culturel presque aussi grand– qui séparent Riga, en Lettonie, et Drummondville, au Québec. Pourtant, en l’espace d’à peine trois mois, Georgs Golovkovs est non seulement déjà devenu le nouveau favori des partisans des Voltigeurs, mais aussi un membre à part entière de sa famille d’accueil, comme L’Express a pu le constater de visu.
Débarqué des pays baltes avec un anglais pas encore totalement maîtrisé, mais doté d’une personnalité des plus attachantes, Georgs Golovkovs s’est très vite adapté au style de vie nord-américain. Aussi enthousiaste et intelligent sur la glace qu’en dehors de celle-ci, le joueur de centre de 18 ans a déjà tissé des liens très spéciaux avec les membres de sa famille d’hébergement, composée de Renel Michaud, sa conjointe Nancy ainsi que leurs enfants, Alyson et Mikaël.
«Dès le premier jour où on a rencontré Georgs, ça a cliqué. La chimie était là. C’est comme si on s’était toujours connu. Il est toujours de bonne humeur, respectueux et responsable. Il s’implique beaucoup dans l’environnement familial. C’est pourquoi l’adaptation s’est faite aussi facilement», partage Nancy.
«Il pose beaucoup de questions, mais en fait, il a déjà beaucoup de réponses. Il est arrivé ici bien préparé. Il avait fait des recherches sur le pays, sur l’équipe et même sur ses futurs coéquipiers. Il savait vraiment dans quoi il s’embarquait», renchérit Renel, une figure bien connue des amateurs de hockey dans son rôle de vendeur de billets «moitié-moitié» pendant les matchs au Centre Marcel-Dionne.
«Georgs est drôle. Il aime beaucoup s’amuser. Dès le lendemain de son arrivée, il est venu jouer au soccer avec moi», relate Alyson, elle-même une sportive de talent.
Semblant s’amuser comme un petit fou chaque fois qu’il saute sur la glace, le principal intéressé confirme qu’il se plaît dans son nouvel environnement.
«J’aime tout de Drummondville! Ça commence sur la patinoire et ça finit dans cette maison. À mon arrivée, j’étais un peu gêné, mais j’ai constaté que leur famille ressemblait beaucoup à la mienne. Ce sont des gens très bien. Je les aime beaucoup. Ils ont grandement facilité mon adaptation», témoigne Golovkovs dans un anglais irréprochable.
Un carrefour international
À sa septième saison en tant que foyer d’accueil, la famille Michaud a vu sa demeure se transformer en un véritable carrefour international. Au fil des ans, les Tchèques Radek Vlasanek, Patrik Prokop et Ondrej Palat, le Russe Igor Golovkov, le Suédois Emil Sylvegard et le Suisse Lukas Balmelli ont tour à tour habité sous son toit.
«On s’est dit que tant qu’à devenir une famille d’accueil, aussi bien décrocher complètement et héberger des Européens. On voulait découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles langues, bref, aller chercher du nouveau. Pour ma part, j’ai amélioré mon anglais, mais j’ai surtout appris à passer par-dessus ma gêne. Je n’ai pas le choix si je veux communiquer avec eux», raconte Nancy.
En partageant quotidiennement le foyer et l’intimité de la famille Michaud, Golovkovs et ses prédécesseurs sont devenus comme des fils pour Renel et Nancy ainsi que de véritables grands frères pour Alyson et Mikaël. Chacun y trouve son compte dans cette relation à saveur universelle.
«Certains joueurs sont plus renfermés, d’autres plus extravertis, mais on s’attache toujours rapidement. On vit ensemble chaque jour, alors ça crée des liens très étroits. On accueille même les membres de leur famille quand ils viennent passer du temps au Canada. Quand ils se blessent, on est inquiet. Quand ils partent, ça laisse un vide. On pleure d’ailleurs à chaque fin de saison. Il y a Facebook pour rester en contact, mais ce n’est pas pareil», confie Nancy.
«Le seul qu’on a eu la chance de revoir après son départ, c’est Palat. Ces dernières années, on est allé le voir jouer dans quelques villes de la Ligue américaine et de la Ligue nationale», ajoute Renel au sujet de l’attaquant du Lightning de Tampa Bay.
Ambitieux et déterminé
Pouvant s’inspirer du parcours de Palat, Golovkovs s’est fixé trois objectifs très précis qu’il souhaite atteindre durant son stage à Drummondville. Aussi ambitieux que déterminé, le jeune homme a inscrit ces trois buts à atteindre bien en vue sur une feuille accrochée à un mur de sa chambre.
«Je veux être la meilleure recrue dans cette ligue. Je veux gagner la Coupe Memorial. Et je veux être repêché dans la LNH», lance-t-il avec conviction.
«Je pense qu’on a l’équipe pour gagner la Coupe Memorial, poursuit le spectaculaire numéro 95 des Voltigeurs. Notre force, ce n’est pas seulement notre jeu de puissance. C’est plutôt notre jeu collectif. On joue aussi bien en attaque qu’en défense et devant le filet. Notre équipe est aussi dirigée par de très bons coachs.»
En attendant les séries éliminatoires, Golovkovs défendra les couleurs de son pays au championnat du monde de hockey junior dans la division 1, du 15 au 21 décembre, en Pologne. Il quittera Drummondville dès le 8 décembre. «Je suis fier de représenter mon pays. Si on gagne cette année, on va remonter dans la division élite l’an prochain. J’ai aussi hâte de revoir ma famille.»
Né en 1995, soit seulement quatre ans après que la Lettonie soit redevenue indépendante de l’URSS, Georgs est le fils de Vladimir Golovkovs, un ancien hockeyeur devenu entraîneur.
«Quand il était joueur, mon père a représenté l’URSS. Il a été capitaine de l’équipe. Il a joué sur le même trio qu’Igor Larionov, qui a atteint la LNH et qui est aujourd’hui devenu mon agent. Bien sûr, je veux suivre ses traces, mais je veux devenir encore meilleur que lui. Je veux devenir un joueur de la LNH», explique Golovkovs.
Le mot de la fin revient à l’entraîneur-chef des Voltigeurs, Martin Raymond. «Chaque jour, Georgs mange du hockey. Il mange nos conseils. Il mange l’enseignement qu’on lui donne sur vidéo. J’ai rarement vu un joueur aussi ouvert à s’améliorer. C’est l’attitude parfaite pour que des portes s’ouvrent devant lui.»
Fiche technique
– Lieu de naissance : Riga, Lettonie
– Position : centre
– Taille : 5 pieds et 11 pouces
– Poids : 172 livres
– Sélection : 1re ronde (30e rang) au repêchage européen de la LCH en 2013
Statistiques (avant le match de jeudi)
– Parties : 22
– Buts : 9
– Passes : 15
– Points : 24
– Deuxième pointeur des Voltigeurs
– Troisième pointeur parmi les recrues de la LHJMQ