D’innombrables mètres cubes d’eaux d’égouts non traitées débordent chaque année dans la rivière Saint-François, comme c’est arrivé en 2012 alors que le ministère des Affaires municipales a dénombré 719 débordements.
En effet, le dernier rapport des «évaluations annuelles de performance des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux», publié par le ministère des Affaires municipales (MAMROT) et porté à l’attention de L’Express par le Groupe des opposants au dépotoir de Drummondville (GODD), fait état de données complexes, depuis le nombre d’ouvrages de surverse (77), une sorte de trop plein, jusqu’au nombre de débordements et des événements qui les causent.
Les ouvrages de surverse sont installés afin de pallier à l’incapacité du réseau d’absorber un surplus d’eaux usées.
Ainsi, il est indiqué qu’en 2012, des 719 débordements recensés il y en a eu 365 dus à la pluie, 113 occasionnés par l’abondance de neige, 123 causés par des bris de machinerie, 53 qui sont inscrits dans la catégorie «autre» et 65 qui sont inexpliqués. À titre comparatif, Victoriaville a connu 383 débordements (329 – pluie; 34 – neige; 16 – bris; 0 -autre; et 4 inexpliqués).
Ces débordements amènent directement à la rivière des eaux polluées par du phosphore, des matières en suspension, des coliformes fécaux et de l’azote. Mais, selon le GODD, à Drummondville il faut ajouter le lixiviat, le jus de déchets, qui «part de chez Waste Management et emprunte le réseau municipal sur plus de 15 kilomètres pour un traitement final aux étangs aérés de Drummondville (de l’autre côté de l’autoroute 20). Lors des fortes précipitations ou des bris d’équipements, ce sont 200 000 mètres cubes additionnels de lixiviat prétraité qui risquent de se déverser par le trop plein et de se retrouver dans les eaux de la rivière Saint-François», souligne le communiqué du GODD, qui ajoute que «les autorités de Drummondville ferment les yeux et contribuent à aggraver la pollution de la rivière Saint-François».
Waste Management et la Ville de Drummondville ont rapidement tenu à dénoncer ces «fausses allégations» au sujet du lixiviat.
Martin Dussault, directeur des Affaires publiques chez Waste Management, a contacté le journal pour contester cette prétention. «Le lixiviat est traité sur le site selon les normes du ministère de l’Environnement et il est ensuite acheminé vers l’usine de traitement. Il n’y a donc aucun problème. De plus, ce qui reste du lixiviat ainsi traité est dirigé vers l’usine de traitement à travers les égouts de la ville à des moments bien choisis, jamais lors de fortes pluies ou quand il y a risques de débordements. Les eaux usées de Drummondville sont les mieux traitées au Canada», a-t-il fait valoir.
La Ville de Drummondville ne s’est pas montrée moins énergique à défendre ses installations.
«Le groupe d’opposition au dépotoir, le GODD, a tenté de camoufler le bulletin exemplaire de Drummondville sur le sujet en publiant des chiffres erronés. Nous avons mis en place des mesures rigoureuses et des suivis précis en plus d’établir un plan d’action proactif pour améliorer notre traitement des eaux usées, a expliqué le directeur général Claude Proulx, dans un communiqué. Toutes ces mesures nous permettent de dépasser les exigences du Ministère».
La Ville indique dans son communiqué qu’en 2012, «Drummondville a enregistré environ 654 débordements des eaux usées dans la rivière Saint-François». Or, le rapport du MAMROT parle bien de 719.
On reconnaît que les deux secteurs les plus problématiques demeurent Saint-Charles et Saint- Nicéphore, où les installations étaient en mauvais état lors de la fusion municipale en 2004. La Ville dit travailler à rénover les équipements de ces anciennes municipalités et à y redresser la situation.
«Il est déplorable, de poursuivre M. Proulx, que des gens mal informés et mal intentionnés tentent de modifier les données, les rapports et les faits dans le but de ternir la réputation de la Ville de Drummondville et de susciter indûment l’inquiétude des citoyens. Cette désinformation s’avère futile puisque les résultats témoignent de la grande qualité du travail effectué à Drummondville dans le traitement des eaux usées».
On peut consulter le rapport «Évaluation de performance des ouvrages municipaux d’assainissement des eaux pour l’année 2012» sur le site web du MAMROT.