Les Verrue, Pyromane, Bonin, Pointu, Léo et L’Anglais conviaient les Drummondvillois à un dernier rendez-vous les 16 et 17 octobre à la Maison des arts Desjardins. Les personnages créés par Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier il y a 34 ans ont ainsi immortalisé leurs célèbres répliques avant de rejoindre les plus grandes légendes de notre histoire. Divertissante rencontre avec les trois comédiens de Broue…
34 ans, des milliers de représentations, trois millions de spectateurs… Comment entrevoyiez-vous le projet de Broue au tout début?
Marcel Gauthier : Il y a 34 ans, on ouvrait notre théâtre à Montréal, le Théâtre des voyagements, avec cette pièce-là. C’était pour un mois avec 23 représentations. En principe, c’était terminé après. Cependant, notre ami Pierre Gobeil de Sherbrooke nous a invités à aller jouer là-bas tout le mois de mai 1979 pour ensuite être rappelés pour aller présenter la pièce à nouveau à Montréal où tous les spectacles affichaient complets.
Michel Côté : C’était un théâtre de 65 places, mais à la fin, il y avait 98 personnes chaque soir. À ce moment, on ne s’imagine pas encore le succès que nous avons connu. D’abord, parce que c’est inimaginable. Plusieurs nous disent que ce qui nous est arrivé, c’est impossible.
Marc Messier : Je dois dire que dès le départ, on avait déjà l’idée que si jamais ça fonctionnait, on se mettrait à l’affiche tant que ça serait un succès.
Les gens autour de vous avaient-ils la même confiance que vous?
Michel Côté : À cette époque, nous n’avions pas encore la confiance…
Marc Messier : On y allait d’un pas après l’autre. Quand on a fêté la 100e représentation, on a fait une grosse fête, car ça n’arrivait pas souvent, voire jamais. Même encore aujourd’hui, il y a peu de spectacles qui jouent plus de 100 fois. Quand on saluait notre public à la fin, on savait d’instinct qu’il allait probablement en parler à d’autres. Les dix premières années a été une période bénie. C’était plein partout. Il y avait des files d’attente pendant des heures lors des ventes de billets.
Michel Côté : Chaque année était un cadeau du ciel. (…) Petit à petit, ça nous a donné une sécurité, mais nous n’avons jamais su que ça durerait 34 ans.
Vous avez une belle complicité. Comment êtes-vous parvenus à la maintenir et aller toujours dans la même direction?
Marcel Gauthier : Dans un succès, c’est toujours plus facile. Broue ne nous est pas arrivée aussi en début de carrière. Nous avions tous environ 30 ans avec plusieurs années de métier. On était donc capable de prendre du recul et on était moins susceptible de s’enfler la tête!
Marc Messier : On a des personnalités différentes, mais on se complète.
Durant ces 34 années, les gorgées de bière ont été nombreuses. Avez-vous toujours réussi à garder le contrôle?
Marcel Gauthier : Ça commencé avec de la vraie bière, la 0.5 % n’existant pas. On a essayé du thé, du jus de pommes, etc. Mais rien ne pouvait remplacer la bière. Au tout début, on en buvait plus, car on voulait être réaliste dans notre jeu.
Michel Côté : Parfois, on jouait deux «shows» collés. Vers la fin, c’est tout le temps là que nous avions le fou rire, car nous commencions à être un peu «guerlo»! (…) On a cependant trouvé de bons gags, des gags qui marchent encore forts.
Marc Messier : Mais on a toujours été en possession de nos moyens.
Michel Côté : Depuis des années, c’est la 0.5 %. Vous savez qu’il y en a une sans alcool, une blonde, qui s’appelle Broue? C’est elle que nous buvons maintenant.
Afin que votre œuvre se perpétue, peut-on espérer la sortie d’un DVD, par exemple?
Michel Côté : Non. À mon avis, le meilleur véhicule pour la comédie c’est la scène. En tant qu’auteurs de la pièce, nous préférions voir une jeune troupe de théâtre la reprendre dans des théâtres d’été, par exemple. Pour nous, c’est le bon timing pour arrêter, car nous voulons vivre ça jusqu’au bout avec des salles pleines.
Fait intéressant, en 34 ans, les comédiens de Broue auront fait rire 79 750 Drummondvillois en 89 représentations.