Dès l’entrée en vigueur de la Loi 41, le 3 septembre 2013, les pharmaciens pourront exercer de nouvelles activités professionnelles. En plus de contribuer à l’amélioration de l’accès aux soins de santé de première ligne, ils seront en mesure de mieux répondre aux besoins de leurs patients et de surveiller plus efficacement leur thérapie médicamenteuse. Ce travail sera évidemment effectué en étroite collaboration avec les médecins et d’autres professionnels de la santé.
Du côté de la Pharmacie Brunet Paule Setlakwe, on affirme voir cette nouvelle pratique d’un bon œil.
«C’est certainement une avancée dans le domaine de la santé, indique Paule Setlakwe, pharmacienne et propriétaire depuis 12 ans de cette succursale de Brunet située dans le même établissement que le Centre de santé situé sur la rue Georges-Couture. Nous sommes prêts à offrir ces nouveaux services, mais cela ne s’est pas fait tout seul : nous avons notamment dû débourser pour l’achat de robots (servant à la gestion des médicaments) afin de libérer des techniciens et des techniciennes qui, à leur tour, permettront de donner plus de temps aux pharmaciens qui accompliront ces nouveaux actes. Depuis environ quatre mois, les gens nous parlent davantage de ce projet et ils se font plus pressants.»
Cette réalité, elle prévaut dans toutes les pharmacies sondées par L’Express.
À la pharmacie Uniprix P. Gilbert, D. Gobeil et P. Martel, Danny Gobeil se dit d’avis que l’arrivée de ces nouveaux services est excellente pour les clients et «une chance pour les pharmaciens».
«Tout le monde passe ici avant d’aller à l’hôpital, expose-t-il. Nous serons en mesure de régler le problème de bien du monde, par exemple, dans un cas d’infection urinaire, nous serons en mesure de prescrire quelque chose (si une prescription avait déjà été faite précédemment).»
Rappelons-le, les clients du laboratoire des pharmacies du Québec pourront dorénavant demander le renouvellement d’une prescription, et ce, sans avoir à attendre de revoir leur médecin, ce qui, on est tenté de le croire, contribuera à désengorger le système.
Pour Karine Tremblay, propriétaire de la pharmacie Brunet située à la Place Charpentier (secteur Saint-Nicéphore), les gestes que pourront bientôt poser les pharmaciens auront une incidence remarquée sur le système de santé.
«Les gens pourront attendre plus longtemps avant d’aller voir leur médecin uniquement dans le but de leur demander une nouvelle prescription, fait-elle valoir. Pour les voyageurs, ce sera aussi beaucoup plus simple et facile s’ils ont besoin de vaccins ou d’antibiotiques. Ça ne nous donnera pas tous les droits, mais ça nous aidera à aider les gens. En plus des pharmaciens, qui doivent s’ajuster, ça va certainement modifier le travail des techniciens et des techniciennes en laboratoire.»
Gratuité
Si plusieurs applaudissent l’avènement de ces nouveaux services pratiques, il n’en demeure pas moins que, pour l’instant, il est impossible de savoir si l’ensemble des Québécois y aura accès gratuitement. Chose certaine, tous les pharmaciens-propriétaires interrogés dans la région, mercredi dernier, s’entendent pour dire que ces gestes devront être rémunérés et les montants varieront de 12, 50 $ à 30 $, selon l’acte, tel que prescrit par l’Association québécoise des pharmaciens-propriétaires (AQPP).
Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, ne souhaite pas que la Régie de l’assurance maladie couvre ces nouveaux actes. Il entend plutôt faire en sorte qu’ils soient payés par le régime d’assurance médicaments, lequel ne couvre que 40 % des Québécois. Il va sans dire que, dans un tel contexte, le régime privé serait la solution des «autres».
«Je ne vois pas pourquoi les pharmaciens ne seraient pas payés pour poser ces actes médicaux. Pour libérer des pharmaciens, il faut des gens autour et cela nécessite du temps et de la formation», fait valoir Dany Gobeil.
«Si on s’aperçoit que ça allège le système de santé, le gouvernement sera probablement en mesure de s’ajuster, se dit d’avis Mme Setlakwe. Peu importe ce qui sera choisi, nous nous ajusterons en conséquence. Il faudra d’abord le vivre.»
En attendant que cette portion de la Loi 41 soit réglée, le pharmacien-propriétaire Daniel Benoît (Jean Coutu) a choisi de ne pas commenter, soulignant qu’il sera prêt à le faire lorsqu’une décision aura été prise. M. Benoît s’est dit néanmoins heureux du fait que les pharmaciens auront désormais le droit de poser des actes médicaux.
Nouvelles activités
-Prolonger une ordonnance
-Prescrire un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis
-Prescrire et interpréter des analyses de laboratoire
-Ajuster une ordonnance
-Substituer un médicament en cas de rupture d’approvisionnement
-Prescrire des médicaments pour certaines conditions mineures lorsque le diagnostic et le traitement sont connus
-Administrer un médicament afin d’en démontrer l’usage approprié