«Sur le plan pratique, quand nous venons prendre le train à Drummondville, nous n’avons même pas besoin d’entrer dans la gare, sauf l’hiver, car nos billets ont été achetés par Internet. Mais de savoir qu’il n’y aura plus personne, que tout sera automatisé, il me semble que ça ne sera plus pareil. Le côté humain, c’est fini ça…»
C’est ce qu’ont laissé entendre Réjean et Claire, un couple dans la soixantaine, résidents de Bécancour, qui viennent prendre le train à Drummondville deux ou trois fois par année pour aller rendre visite à leur fille et à leurs petits-enfants à Guelph en Ontario.
Le journal L’Express a voulu obtenir leurs commentaires suivant l’information de jeudi à l’effet que la gare de Drummondville sera entièrement automatisée à compter du 25 octobre.
Ils admettent toutefois que le train est un beau moyen de transport. «C’est calme, on peut lire ou écouter de la musique, c’est reposant et plus confortable que l’autobus que nous avons essayé une fois. Sur la route, ça va bien, mais quand on traverse une ville comme Montréal, les arrêts et les départs sont dérangeants. Le train est un peu plus cher c’est vrai, mais les sièges sont confortables, surtout entre Québec et Montréal», ont-ils fait observer.
Comme d’autres utilisateurs de l’extérieur, Réjean et Claire laissent leur voiture dans le stationnement de Via Rail, qui est gratuit. «Il faut porter attention, une fois je n’avais pas remarqué la limite avec le stationnement de la Ville tout juste à côté et j’y ai garé ma voiture. Résultat, je me suis retrouvé avec une belle contravention de 42 dollars».
Une gare sans personnel
Tel que nous le soulignions jeudi, sept emplois seront abolis en Mauricie et au Centre-du-Québec, dont trois à Drummondville, en raison de la réduction de services à Via Rail. La Société avait annoncé il y a quelques semaines la modernisation de ses services, entraînant des ajustements nécessaires.
Mylène Bélanger, du service des communications de Via Rail, a confirmé les transformations qui seront apportées à la gare de Drummondville. «Tout sera automatisé. Des machines distributrices permettront l’achat de billets à l’intérieur de la gare, pour ceux et celles qui n’auront pu le faire par Internet ou par téléphone. Des écrans informatifs seront installés pour que les clients soient tenus au courant de l’arrivée et du départ des trains. Ou s’il y a retard. Un téléphone, une caméra et un système de haut-parleurs seront disponibles pour entrer en contact, en tout temps, avec le service à la clientèle», a-t-elle expliqué.
Elle a tenu à préciser que les personnes à mobilité réduite devront avertir le service à la clientèle 48 heures à l’avance afin de faire connaître leurs besoins spécifiques. «L’équipage à bord du train pourra alors les aider», a-t-elle dit.
Ces ajustements de services sont basés sur les habitudes des passagers. «En 2012, seulement 24 % des clients ont fait l’achat de leur billet à la gare de Drummondville. Pour le premier trimestre de 2013, nous avons remarqué une diminution de 13 % dans l’achat de billets à la gare, en grande partie à cause du web», a indiqué Mme Bélanger.
Quant aux portes de la gare, elles seront équipées d’un système de verrouillage à distance. Et si, par exemple, la glace empêchait de les ouvrir?, s’est-elle fait demander. «On pourra faire intervenir quelqu’un. Nous avons quand même de l’expérience. Nous savons comment intervenir. D’ailleurs, dans les endroits où il n’y a pas de personnel, c’est-à-dire dans 82 % des gares de tout notre réseau, nous n’avons pas reçu de plaintes, ou très peu. Nous demeurons sensibles aux commentaires et des discussions sont prévues avec les autorités municipales afin que tout se passe bien. Car le train est le moyen de transport le plus accessible au Canada», a indiqué Mme Bélanger.
Nous avons demandé au ministre Denis Lebel, lieutenant du gouvernement Harper, de passage à Drummondville récemment, de réagir à cette décision. «On n’aime pas voir des pertes d’emplois, c’est regrettable, mais Via Rail est une société autonome et c’est elle qui gère ses budgets et doit prendre ses propres décisions», a-t-il affirmé.
La mairesse Francine Ruest Jutras a également été interrogée sur le sujet; «Je n’étais pas au courant de cette décision, c’est peut-être parce que je suis actuellement en vacances. C’est toujours déplorable d’entendre qu’il y a des licenciements. De ce que j’en sais, il y a eu une augmentation du nombre de trains passagers qui passent par Drummondville».
Effectivement, selon le dernier décompte, 68 trains passagers s’arrêtent chaque semaine à la gare de la rue Lindsay, la plus grande gare de tout le territoire de la Mauricie et du Centre-du-Québec.