La magnifique église de Saint-Cyrille ouvre à nouveau ses portes tous les après-midi de l’été, à l’exception du lundi, pour une visite guidée des lieux qui permet d’abord aux intéressés de constater la beauté et la richesse du bâtiment et de ses accessoires, mais également de découvrir une collection de vêtements remontant aussi loin que le début des années 1900 ayant appartenu pour la plupart à des gens de ce coin de la MRC de Drummond.
C’est un nouveau guide qui est en fonction cette année en la personne de Karine Perron, étudiante en sociologie et anthropologie à l’Université Concordia, laquelle y apporte ses connaissances et ses couleurs.
«Bien entendu, je présente aux visiteurs les aspects les plus intéressants de l’architecture extérieure et intérieure de l’église, comprenant le chemin de croix, le maître-autel, les statues qui ornent l’église, les détails du plafond, les confessionnaux et l’orgue, entre autres», fait d’abord part la jeune femme.
Celle-ci en profite pour ouvrir tout de suite une parenthèse pour dire que les autorités de la fabrique Saint-Luc ont consenti à ce que l’on mette en évidence pour la première fois, le temps d’un été en fait, le vieux chemin de croix de 1878 que l’on garde habituellement bien rangé en raison de sa valeur patrimoniale.
Les ancêtres
Toutefois, tous les recoins et objets que l’on retrouve dans l’église, y compris les vêtements de la collection Verrier-Jutras qui prennent place à l’intérieur d’une vingtaine de présentoirs vitrés disposés en rangée dans le jubé, sont pour l’étudiante en sociologie et anthropologie le prétexte bien choisi à un retour dans le temps.
«Je souhaite avant tout utiliser les splendeurs de l’église Saint-Cyrille pour amener les gens dans un voyage historique et sociologique dans la vie de nos ancêtres», explique celle dont le travail est rémunéré par le biais d’une subvention de Jeunesse Canada Carrières.
Par exemple, Karine raconte aux visiteurs que cette église est la seconde que connaît Saint-Cyrille, la première ayant été construite à la demande des paroissiens qui désiraient avoir accès à un lieu de culte près de chez eux.
Elle est en mesure de leur préciser que c’est grâce à un don citoyen de terrain que cette première église a pu être construite et que c’est grâce à l’hospitalité d’une famille, en l’absence d’un presbytère, que le premier curé a pu être accueilli.
Puis, la guide leur raconte que la construction du chemin de fer en 1890 a amené un important développement, si bien que le besoin d’une église plus grande pour accueillir tout le monde s’est fait sentir.
«À nouveau, en 1902, c’est à la demande de citoyens qu’on décida de construire une église plus grande et, cette fois, majestueuse, qui ferait la fierté de la paroisse. De nombreux dons sont à l’origine de la beauté de l’église car il était un devoir et un honneur pour les gens de cette époque de participer à la vie religieuse», raconte-t-elle lors de la visite du journaliste pour bien montrer qu’elle a bien appris la leçon.
Durant son tour d’église, Mme Perron ne manque pas de présenter aux visiteurs les cadres et objets rappelant l’importance de la participation des paroissiens à la vie religieuse.
«Le Comité d’Action Catholique et, plus spécifiquement, la Ligue du Sacré-Cœur, sont représentés à l’aide de parures portées par cette association d’hommes veillant à la piété de Saint-Cyrille et à la protection de ses valeurs chrétiennes», explique l’étudiante originaire de Drummondville.
Parmi les autres pièces d’intérêt, la guide parle des cadres de l’Association du Rosaire Perpétuel.
«Les personnes ayant adhéré à cette association devaient réciter le rosaire une heure par mois, et ce, afin que la récitation du chapelet par un fidèle soit continuelle», résume Mme Perron, non sans rappeler que l’attribution d’indulgences plénières, pour sauver son âme, était rattachée à cet engagement.
Collection Verrier-Jutras
Bien sûr, l’église Saint-Cyrille a ressorti ses vêtements liturgiques d’époque pour les montrer aux visiteurs et on est même allé puiser plus loin encore dans le fond des garde-robes pour en repérer des plus anciens peut-être.
Parmi ces vêtements, les chasubles attirent toujours l’attention avec leurs couleurs pour chaque occasion spéciale et leurs blasons brodés.
Comme mentionné en introduction, l’un des deux jubés abritant les vêtements et autres objets de la Collection Verrier-Jutras prend l’allure d’un musée du textile.
Claude Verrier, que plusieurs connaissent comme historien et fondateur du Village québécois d’antan, est particulièrement fier des pièces qui composent cette collection amorcée tout doucement par sa mère, poursuivie par son père au décès de cette dernière et complétée par lui et d’autres membres des familles Verrier, Jutras, Duguay, Forest, Lemaire et Houle.
L’historien était d’ailleurs présent pour accompagner la guide lors du passage du journaliste de L’Express et on le soupçonne d’être un digne informateur pour l’étudiante de Concordia.
Pour en revenir à ladite collection, qui avait été mise sur pied pour occuper une partie du Pavillon Thématique du VQA, elle comprend, entre autres, des vêtements liés à la pratique religieuse comme ceux de baptême, de première communion et de mariage.
Elle renferme également des robes de fantaisie, des chapeaux et accessoires des années 1940.
Lors de la visite guidée, ne soyez pas surpris de faire un arrêt un peu plus prolongé devant le présentoir des uniformes des Forces aériennes du Canada car c’est le préféré de Karine, qui ne se gêne pas pour nous le dire, même si elle est la première à reconnaître qu’il y a tant de trésors à découvrir.
Les visites guidées de l’église Saint-Cyrille sont offertes gratuitement et ont lieu à tous les jours, entre 13h et 17 h, durant tout l’été, à l’exception du lundi.
Au dire de Mme Perron, la durée de la visite peut varier entre 20 minutes et une heure trente, selon l’intérêt des visiteurs, mais se fait en moyenne dans un délai de 40 minutes.
Quant à leur provenance, selon la guide, il y en a beaucoup de la région, mais plusieurs viennent également de l’extérieur.
La jeune femme a même eu droit à la visite de deux musulmans qui, de leur propre aveu, ont apprécié ce voyage dans l’histoire du catholicisme québécois.
Karine Perron est même agréablement surprise de constater l’intérêt des plus jeunes pour ce type d’offre touristique, comme quoi nos plus belles églises ont peut-être trouvé une nouvelle façon de se mettre en valeur.