Les aidants naturels au bout du rouleau

Les aidants naturels au bout du rouleau
Karyne Laplante doit constamment veiller sur sa mère

Devoir laisser son travail pour s’occuper d’un proche est chose courante pour les aidants naturels. Au Québec, l’on recense environ 300 000 personnes dont leur quotidien se résume à veiller, prodiguer des soins et soutenir moralement un enfant, un conjoint, un parent ou bien un ami, tout ça, dans un stress constant. Le programme de sécurité du revenu étant insuffisant pour subvenir à tous les besoins, ils sont nombreux à vivre en situation de précarité.

C’est le cas notamment de Karyne Laplante, résidente de Saint-Germain, qui peine à joindre les deux bouts. Depuis l’automne dernier, elle doit s’occuper de sa mère, Murielle Godbout, qui est aux prises avec plusieurs problèmes de santé.

L’histoire commence en 1998 alors que Mme Godbout fait un infarctus au moment où le dentiste Pierre Dupont lui pose des implants buccaux. Ce dernier, maintenant radié par son ordre, lui a administré une trop grande quantité de médicaments. En juillet 2000, elle doit subir une greffe cardiaque affectant grandement son système immunitaire. Depuis, les problèmes de santé s’accumulent.

Mme Godbout pouvait compter sur l’aide de son mari jusqu’au jour où il est entré à l’hôpital, le 8 octobre 2012. Il n’y est jamais ressorti.

«Il est décédé le 31 octobre. J’ai choisi de prendre soin de ma mère, car je ne veux pas la placer en CHSLD. Je trouve qu’elle a subi assez de deuils ces dernières années en plus d’une dépression et de tous les effets secondaires des médicaments. Elle se laisserait mourir…», explique Mme Laplante, fille unique.

Sa mère a constamment besoin de soins. Par la force des choses, Mme Laplante est donc confinée à la maison, selon ses propos.

«Je suis artisane et je vends mes produits dans les salons d’art du Québec. Depuis le mois d’octobre, j’ai seulement livré les commandes placées par mon distributeur. Je n’ai plus de temps à consacrer à la production. Je ne pourrai donc plus faire les salons. Ainsi, mes revenus sont devenus pratiquement nuls», laisse-t-elle tomber.

Mme Laplante est à bout de souffle. La prestation de l’aide sociale qu’elle reçoit permet uniquement de couvrir les frais de base. Elle estime qu’il est difficile d’obtenir du soutien financier acceptable.

«J’ai de la difficulté à arriver chaque mois. Si ma mère ne payait pas l’épicerie, je ne pourrais pas manger adéquatement. J’ai scrapé mon crédit et je suis même sur le bord de la faillite… J’ai fait une demande dans un Centre local d’emploi (CLE) pour avoir du soutien financier, mais ce n’est pas possible. Je dois vivre de l’aide sociale» précise-t-elle avec désespoir.

«Ce que je trouve déplorable, c’est que si ma mère était placée, elle coûterait une petite fortune au gouvernement, mais comme je la garde dans sa maison, je ne reçois rien… Je n’espère pas que le gouvernement me verse un salaire de 12 $/heure, 20 h par jour 7 jours par semaine. Je ne souhaite pas non plus recevoir ce que ça coûterait au gouvernement en soins pour elle. Je souhaite seulement pouvoir recevoir une aide financière raisonnable (autre que l’aide sociale) qui me permettrait de faire les paiements du mois», affirme-t-elle.

Pétition

Mme Laplante est consciente qu’elle a mis sa vie professionnelle de côté par choix pour s’occuper de sa mère. Mais ce choix qu’elle a fait est noble et tous les aidants qui sont dans cette même situation ne devraient pas être pénalisés selon eux. C’est pourquoi de nombreuses personnes et plusieurs regroupements se sont unis afin de signer une pétition.

Celle-ci a été déposée le 15 mai dernier à l’Assemblée nationale par la députée de Hull, Maryse Gaudreault. Un total de 1649 personnes l’ont signée.

Les signataires demandent un régime d’aide financière indépendant du programme de sécurité du revenu et que ce régime élimine toute contrainte que l’on retrouve à l’aide de dernier recours. De plus, ils réclament que le revenu du proche aidant soit égal aux sommes versées aux familles d’accueil pour s’occuper de personnes de conditions semblables.

Finalement, ils souhaitent que ce régime d’aide offre aux aidants désirant continuer à travailler, un soutien financier suffisant pour couvrir les frais de service d’aide à domicile nécessaires.

Sur la page Facebook «Pour le soutien des aidants naturels du Québec», on peut y lire que la pétition sera débattue en Commission parlementaire au début de la prochaine session, en septembre prochain.

Partager cet article