Les «ressources non institutionnelles» marcheront devant le parlement lundi

Par Gerard Martin
Les «ressources non institutionnelles» marcheront devant le parlement lundi

Pierre Hébert sera devant l'Assemblée nationale

Quelque 500 personnes portant la violette sont attendues, ce lundi 15 avril avant-midi, dès 10 h, devant l’Assemblée nationale du Québec, pour une marche de soutien à l’endroit des ressources non institutionnelles (RNI) et de leur clientèle respective qu’elles desservent dans un contexte où, semble-t-il, les acquis des uns et des autres sont menacés.

Cette marche, que l’on dit pour le mieux-être des personnes vulnérables du Québec, se veut également symbolique pour une plus grande solidarité entre les ressources non institutionnelles (RNI) et ce, sans allégeance syndicale ou politique, précise-t-on.

Déjà, comme l’indique Pierre Hébert, lui-même propriétaire d’une RNI à Saint-Élizabeth-de-Warwick, on sait que le Centre-du-Québec sera bien représentée à cette manifestation.

Néanmoins, M. Hébert invite non seulement les représentants des regroupements ou associations à cette marche, mais sollicite également la participation de l’ensemble de la population pour dénoncer l’attitude du gouvernement dans ce dossier.

Comme mentionné, cette marche de solidarité en soutien aux RNI veut également appuyer leurs diverses clientèles desservies.

Pierre Hébert estime que celles-ci verront leurs droits à la protection, à la santé, à la sécurité, à l’intégrité, à l’autonomie et à l’intégration sociale être menacés par les décisions gouvernementales.

«Nous marcherons pour notre clientèle afin que le pouvoir politique révise ses orientations injustifiables, qui menacent la qualité de vie des personnes les plus vulnérables de notre société. Nous les invitons à repenser les services et à redéfinir de nouvelles priorités, en matière d’hébergement afin d’assurer la pérennité de notre réseau», clame M. Hébert dans un communiqué de presse cosigné par Chantal Clément.

Au dire de ces derniers, les RNI sont des milieux de vie indispensables au bien-être des personnes qu’elles accueillent et leur impact social et économique n’est plus à démontrer.

«Est-il possible de chiffrer au-delà des signes de piastre, toutes les expériences, les interventions, les initiatives, la prévention et l’amour qui se vivent dans ce réseau d’hébergement qui se veut une alternative au CHSLD?», questionne celui qui se fait le porte-parole de bon nombre de ressources semblables dans le milieu centricois.

Le jugement Grenier

Ces ressources, si l’on comprend bien le sens de leurs revendications, veulent principalement dénoncer le non-respect du jugement Grenier et le travail au noir qui découle de la façon de faire du gouvernement.

À cet égard, on rappelle qu’en octobre 2008, la Cour supérieure déclarait inconstitutionnelle la loi 7 qui avait retiré le statut de salarié à plus de 7600 personnes responsables d’une ressource non institutionnelle hébergeant, à leur domicile, des enfants, des adultes ou des aînés en perte d’autonomie ou encore des personnes ayant une déficience physique ou intellectuelle, un trouble envahissant du développement ou un trouble obsessionnel compulsif.

«Cette loi avait aussi pour autre conséquence dramatique de nous retirer notre droit aux protections sociales et financières en vigueur pour l’ensemble des salariés québécois dont les normes minimales concernant les heures et la semaine de travail, les heures supplémentaires, le repos hebdomadaire, les congés annuels, les jours fériés et les congés familiaux. Finis également pour nous les bénéfices de la Loi sur l’équité salariale, les protections en matière de santé et de sécurité du travail et les prestations d’assurance-chômage», résume Pierre Hébert.

Pour appuyer ses propos, celui-ci fait appel à un extrait d’un texte de Jacques Desmarais, professeur associé au département des Sciences juridiques de l’UQAM, publié dans la revue Relations de mars 2009: «Dans sa décision, la juge Danielle Grenier conclut que « …la loi 7 crée une distinction fondée sur un motif énuméré (sexe) et analogue (travail de care à domicile exécuté majoritairement par des femmes), et que cette distinction a pour effet de perpétuer un préjugé défavorable à l’égard des personnes qui exécutent ce travail, par l’application d’un stéréotype voulant que ce type de travail ne soit pas du vrai travail… et qu’elles sont en situation d’exploitation et de discrimination. Ce sont des travailleuses vulnérables».

Pour Pierre Hébert, il va donc de soi que pour un travail analogue, les ressources non institutionnelles sont en droit de réclamer un salaire égalitaire.

«Bref, il s’agit ici d’une forme de «cheap labour» au noir et contrôler par l’État», fait valoir le propriétaire de la RNI de Saint-Élizabeth-de-Warwick.

M. Hébert va plus loin en dénonçant ce qu’il appelle «une autre forme de stratégie déloyale de l’État», soit l’embauche de retraités ou d’assistés sociaux par l’intermédiaire des ressources non institutionnelles.

«Il faut comprendre que ces "employés" sont proposés par les établissements publics, payés par ceux-ci sous forme de "compléments au placement". Bref, on paie les RNI et on leur demande de payer leurs employés au noir afin de ne pas supporter les avantages sociaux? Avec la nouvelle mesure du budget fédéral en matière de dénonciation du travail au noir, à quel endroit dois-je aller pour réclamer mon chèque? Il s’agit d’un gros «poisson» des établissements publics qui encouragent le travail au noir avec les deniers publics?», va jusqu’à affirmer Pierre Hébert.

En conclusion, celui-ci n’hésite pas à prétendre que le gouvernement ne respecte pas les acquis des ressources comme la sienne en révisant impitoyablement à la baisse les honoraires pour des fins d’équilibre budgétaire et d’harmonisation des réseaux RI-RTF.

«Le gouvernement nous appauvrit honteusement et se soucie peu de la qualité des services que nous, travailleurs RI-RTF procurons 24 heures sur 24 à nos plus démunis de notre société», conclut-il en réitérant que la Loi 49 et l’entente de principe RI-RTF contreviennent au jugement Grenier.

Partager cet article